Bruno Degand, cardiologue rythmologue, responsable de l’unité de rythmologie

rythmologie Degand

Cardiologue spécialisé en rythmologie, le Dr Bruno Degand est responsable de l’unité de rythmologie dont il présente l’activité et notamment le développement d’une nouvelle procédure d’ablation pour le traitement de l’arythmie.

Qui êtes-vous Dr Bruno Degand ?

Je suis originaire de Lille. J’ai fait mon internat au CHU de Poitiers. J’ai ensuite eu un parcours un peu atypique. Après avoir commencé ma carrière professionnelle dans un centre hospitalier de Châteauroux, j’ai fait une formation en rythmologie interventionnelle en Belgique, entre 1999 et 2000, puis j’ai intégré la clinique Saint Gatien de Tours, spécialisée en cardiologie. Je suis revenu au CHU de Poitiers en 2005. Je responsable de l’unité de rythmologie depuis 2014.

 

Qu’est-ce que la rythmologie ?

La rythmologie est une discipline de la cardiologie qui diagnostique et traite les troubles du rythme cardiaque. Elle inclut la mise en place des stimulateurs cardiaques lorsque les rythmes cardiaques sont lents et la pose de défibrillateurs lorsqu’ils sont trop rapides avec un risque de mort subite. En dehors des traitements médicamenteux, la rythmologie propose l’ablation pour traiter les troubles du rythme cardiaque. Il s’agit d’une procédure qui consiste en la cautérisation de la structure responsable de l’arythmie.

Présentez-nous l’unité de cardiologie ?

L’unité compte cinq praticiens. Le Pr Rodrigue Garcia, praticien hospitalier universitaire, et le Dr François Le Gal et moi-même qui sommes praticiens hospitaliers. Il y a également le Dr Clara Azaïs, praticienne contractuelle, et le Dr Guillaume Chourrout, bientôt chef de clinique assistant. Nous avons une activité importante notamment avec la pose de stimulateurs ou de défibrillateurs cardiaques. L’ablation a transformé le traitement des troubles du rythme et leur nombre a fortement augmenté ces dernières années. En 2005, nous en faisions une soixantaine par an, aujourd’hui nous en faisons 800, dont près de 500 ablations complexes. L’avantage de ce traitement, c’est que dans une grande partie des cas, les traitements médicamenteux peuvent être arrêtés, évitant de fait leurs effets secondaires

Nous allons également, dans les années à venir, déployer le pan génétique de la rythmologie qui se développe beaucoup pour un certain nombre de pathologies cardiaques. Nous sommes centre de recours pour certains types d’ablation de troubles de rythmes complexes, pour l’extraction de matériel infecté ou défectueux et l’implantation de matériel qui nécessite un plateau technique lourd et un backup chirurgical cardiaque ou vasculaire. Enfin, nous avons développé la télésurveillance des prothèses avec une infirmière en contrat de collaboration, et le centre de la fibrillation atriale avec un infirmier en pratique avancée qui sont des soutiens indispensables dans la prise en charge globale des patients de rythmologie.

 

L’unité de rythmologie propose depuis peu, une nouvelle procédure pour traiter la fibrillation auriculaire.

La fibrillation auriculaire est un trouble du rythme cardiaque qui se traduit par une désorganisation importante des contractions des oreillettes. C’est l’arythmie la plus fréquente en France (1 000 nouveaux cas par million d’habitants par an). Elle touche en premier lieu les personnes de plus de 50 ans. Cette arythmie peut être traitée par ablation. Cette intervention consiste à isoler par cautérisation l‘oreillette gauche des veines pulmonaires où se situent les courts circuits qui entrainent la fibrillation. Il existe trois méthodes d’ablation qui différent selon l’énergie utilisée.

La première, qui fait appel à la chaleur, est l’ablation par radiofréquence. Il s’agit de la technique de référence la plus ancienne. Le spécialiste achemine un cathéter par la veine femorale jusqu’à l’entrée des veines pulmonaires. La chaleur émise par la radiofréquence créée des lésions qui isolent les signaux électriques anormaux. Cette procédure a pour inconvénient d’être douloureuse et longue. Elle dure près de deux heures. Elle est réalisée sous anesthésie générale. La seconde, qui utilise le froid, est l’ablation par cryothérapie. Les orifices des veines sont cautérisés par un ballon gonflé et refroidi. La procédure se fait sous anesthésie locale et dure une heure environ.Nous proposons, depuis janvier 2024, un troisième type d’ablation : l’ablation par électroporation qui utilise les impulsions électriques émises par un cathéter en forme de fleur. C’est une procédure courte avec seulement huit impulsions électriques de 2,5 secondes par veine. Toutefois, comme elle est douloureuse, elle doit se faire sous anesthésie générale. Elle dure environ 40 minutes.

Quel que soit le type d’ablation choisi, elles donnent lieu, toutes trois, au même taux de réussite de près de 75 % de bons résultats initiaux pour lesquels il ne va pas y avoir de récidives et qui vont permettre l’arrêt des traitements médicaux. Les patients qui récidivent peuvent bénéficier d’autres procédures. Si l’ablation par électroporation a été développé et pourrait se substituer aux deux autres, c’est parce que contrairement à celles-ci, elle ne provoque pas de lésions sur les tissus adjacents au cœur (œsophage, nerf phrénique, etc.) qui expliquent certaines complications. L’électroporation est une énergie spécifique du myocarde. Elle ne détruit que la membrane des cellules cardiaques. Il s’agit d’une intervention moins longue pour laquelle les patients peuvent sortir le jour même voir le lendemain. Elle permet d’en réaliser six ou sept dans la même journée.

 

Vous utilisez, dans certains cas, la cartographie 3D. De quoi s’agit-il ?

En effet, comme pour les autres méthodes d’ablation, au cours d’une procédure d’électroporation, nous pouvons utiliser la cartographie 3D qui nous permet d’analyser les foyers des arythmies et de cibler avec plus de précisions. Concrètement, l’intégration d’un cathéter spécial nous permet de reconstituer le cœur en trois dimensions, de voir le volume de l’oreillette gauche (et des autres cavités cardiaques)  et les signaux électriques avant l’ablation. En fin d’intervention, le cathéter de cartographie nous permet d’apprécier l’extension des lésions et de valider les résultats. Mais la cartographie 3D n’est pas une nouveauté pour nous puisque nous avons été l’un des premiers établissements à nous doter de ces systèmes. Nous réalisons des ablations avec cartographie depuis 2008 et, aujourd’hui, nous disposons de quatre systèmes différents devenus extrêmement performants notamment avec les fusions d’images IRM, scanner ou echo.