Après des études et un début de carrière à l’hôpital Bichat de Paris, Claire Bouleti a choisi d’exercer la cardiologie au sein du centre cardiovasculaire du CHU de Poitiers. Passionnée par son métier et la recherche clinique, elle ne manque pas de projets.
Pouvez-vous résumer votre parcours ?
J’ai commencé mes études de médecine à l’hôpital Bichat, à Paris. Je suis partie, ensuite, faire mon externat à la faculté de médecine de Tours où j’ai passé mon examen national classant en 2006. Je suis revenue sur Paris pour réaliser mon internat. Après quelques hésitations, notamment avec la médecine interne et l’hématologie, j’ai finalement choisi la cardiologie en 4e semestre. Durant mon internat, j’ai effectué des stages assez variés en onco-hématologie, en médecine vasculaire et en anesthésie-réanimation. J’ai passé beaucoup de temps aux urgences grâce auxquels j’ai obtenu la capacité de médecine d’urgence (CAMU). Après ma thèse de médecine, je me suis mise en disponibilité pendant deux ans pour la réalisation d’une thèse de sciences fondamentales au sein du Center for Interdisciplinary research in biology (INSERM 1050 – Collège de France). J’ai ainsi validé cette thèse en même temps que mon diplôme d’études spécialisées de maladie cardiovasculaire, juste avant ma prise de fonction de chef de clinique à l’hôpital Bichat. Pendant deux ans en tant que chef de clinique, j’ai eu la chance de me former dans l’unité valvulopathies complexes du Dr Dominique Himbert. J’ai réalisé une mobilité d’un an à l’Université catholique de Louvain dans le laboratoire de biologie vasculaire du Pr Peter Carmeliet.
Ensuite, pendant trois ans, toujours à l’hôpital Bichat, j’ai occupé les fonctions de praticien hospitalier en participant à l’activité du centre de référence national du syndrome de Marfan, avec la tenue en parallèle d’une salle de valvulopathies et d’insuffisance cardiaque.
Qu’est-ce qui vous a conduit au CHU de Poitiers ?
La concordance professionnelle et personnelle. Je connaissais Poitiers de mes années tourangelles et appréciais la ville, sans pour autant connaître l’hôpital. J’ai adoré mes années de formation parisiennes mais je souhaitais quitter la région depuis la naissance de mon fils. Je réfléchissais donc à différentes options en province, quand Poitiers s’est présenté. Le cadre de travail – un centre récent et bien équipé – et de vie, la gentillesse de l’équipe ont été, bien sûr, des facteurs déterminants dans ma venue.
Sur quelle thématique de cardiologie travaillez-vous plus particulièrement ?
De par ma formation et le fort mentorat exercé par mes premiers maîtres, mon activité est orientée vers les pathologies valvulaires. Je suis également intéressée par l’insuffisance cardiaque (myocardite aiguë, cardiomyopathies) et l’apport de l’imagerie pour le diagnostic et le pronostic de ces atteintes myocardiques. Enfin, en raison de mon rattachement au centre de référence national du syndrome de Marfan, j’ai également étudié les aortopathies.
Pour ce qui est de la recherche, je me sens, bien sûr, plus à l’aise sur mes thématiques, mais j’apprécie la multidisciplinarité et les échanges y compris sur des domaines que je connais moins. La dimension collective est, je pense, indispensable à une recherche de qualité, avec une réflexion collégiale, dans le dialogue, le partage d’idées et parfois dans la controverse.
Dans le domaine de la recherche, qu’entendez-vous apporter au CHU de Poitiers ?
Mon dynamisme et mon optimisme tout d’abord ! L’envie de travailler ensemble et avec tous, dans la limite des 24h d’une journée. Mais en tout cas sur le principe, je ne souhaite pas cloisonner la recherche à mon petit domaine de compétence. J’ai rejoint le centre d’investigation clinique dirigé par le professeur René Robert. Je suis ravie d’y trouver un cadre de travail et de réflexion qui répond tout à fait à mes attentes.
De plus, de par mon activité au sein de la société française et européenne de cardiologie (SFC et ESC), nous serons régulièrement sollicités pour participer à des essais multicentriques. Et nous ne manquerons pas d’associer également les centres partenaires à nos projets. Sous mon impulsion, nous venons de rejoindre le réseau FACT (French Alliance for Cardiovascular Trials) dirigé par le Pr Philippe Gabriel Steg, ce qui permet une visibilité sur le plan national à la recherche clinique. Nous venons également de rentrer dans deux recherches hospitalo-universitaires : iVasc du Pr Steg et STOP-AS du Pr Hélène Eltchaninoff. Et rapidement, nous allons monter nos projets, mais également soutenir les jeunes ou futurs universitaires du service ainsi que tous ceux intéressés par la recherche clinique.
Enfin, pour ce qui est de la recherche fondamentale, ma première participation, prenant effet immédiatement, est d’avoir amené mon mari, chercheur INSERM en biologie vasculaire.
Sur le plan de l’activité clinique, quelles sont les activités que vous envisagez de développer ?
En accord avec le service, je souhaiterais développer la prise en charge et le parcours de soin de l’insuffisance cardiaque en intra–hospitalier, en lien bien sûr avec le circuit ambulatoire déjà existant et bien structuré. La création d’une unité de traitement de l’insuffisance cardiaque (UTIC) s’inscrit dans ce projet. Nous allons également réfléchir à monter une équipe mobile d’insuffisance cardiaque pour les avis spécialisés dans et en dehors du service de cardiologie. Plus spécifiquement, le développement d’une activité de cardio-oncologie me semble indispensable avec l’arrivée des thérapies ciblées et les atteintes cardiaques qui en découlent, sans oublier les insuffisances cardiaques sous chimiothérapies aux anthracyclines. Enfin, nous allons développer la filière amylose cardiaque avec les Dr Benoit Lequeux et Benjamin Alos, en collaboration avec le service de néphrologie, pour proposer aux patients un circuit simplifié et une prise en charge standardisée.
Grâce à l’expérience acquise à l’hôpital Bichat, je souhaiterais développer la prise en charge des valvulopathies complexes, notamment pour la réalisation des procédures percutanées. J’ai également demandé à rejoindre l’équipe multidisciplinaire « Endocardite infectieuse » avec si possible une participation à l’association pour l’étude et la prévention de l’endocardite infectieuse, l’AEPEI, réseau français sur le sujet.
Je viendrai enfin renforcer l’équipe d’imagerie en échographie cardiaque initialement, puis en imagerie de coupe dans un second temps, en raison des équipements présents et de leur accès facilité au centre cardio-vasculaire du CHU : scanner et IRM au sein du service de cardiologie. Il est difficile aujourd’hui d’imaginer la cardiologie sans ces techniques d’imagerie. Et bien peu de centres cardiovasculaires peuvent se targuer d’avoir les machines dans leur service. De plus, la radiologie sous l’impulsion du Pr Rémy Guillevin, vient d’acquérir une IRM 7T sur laquelle tout est à construire sur le plan cardiovasculaire. Les possibilités locales sont ainsi extraordinaires et représentent l’une des raisons de mon choix de venir au CHU de Poitiers.
Sur ce plan, quelle impression, à votre arrivée, vous a laissé la découverte du centre cardio-vasculaire du CHU, inauguré en 2016, et du pôle cœur-poumons-vasculaire ?
L’impression d’un champ des possibles immense!