Regard médical : le professeur Nicolas Isambert, chef de service de l’oncologie médicale

Le professeur Nicolas Isambert est arrivé au CHU de Poitiers, le 2 septembre dernier, comme chef de service d’oncologie médicale. Il débute ses études de médecine en 1988 à Poitiers et ce jusqu’à son externat. Il part à Dijon mener son internat où il se spécialise en oncologie médicale. A la suite de cela, le professeur Isambert poursuit son clinicat en hématologie, dans le même établissement. Jusqu’en 2019, le professeur Nicolas Isambert sera oncologue médicale et responsable des phases précoces au centre de lutte contre le cancer de Dijon.

 

Je souhaite développer deux aspects de l’oncologie médicale : les sarcomes et les nouvelles molécules dans le cadre de la recherche de traitements anticancéreux. Tout cela, en parallèle, bien sûr, de mon activité clinique classique et de l’enseignement, même si, concernant ce dernier, je ne devrais pas être sollicité tout de suite compte-tenu de mon arrivée très récente. Par ailleurs, j’ai intégré l’unité Inserm U1084 du Pr Mohamed Jaber qui se nomme « Laboratoire de neurosciences expérimentales et cliniques », et je vais aussi travailler avec le Pr Lucie Karayan, sur la senologie.

Pouvez-vous expliquer le projet que vous souhaitez mettre en place concernant les traitements anti-cancéreux ?

Quand je travaillais sur Dijon, au centre de lutte contre le cancer, mon équipe et moi-même avons mis en place ce que l’on appelle une unité de phase précoce individualisée dotée de six lits d’hospitalisation et de trois lits d’hôpital de jour. Je souhaite réitérer l’opération à Poitiers. Cette unité a pour vocation de faire bénéficier aux patients atteints d’un cancer de molécules innovantes et encore non disponibles sur le marché. Nous incluons des patients sur lesquels les traitements standards ne fonctionnent pas. A Poitiers, je peux monter cette unité avec de jeunes chefs de cliniques, investis dans la recherche et voués à rester au CHU, des attachés de recherche clinique et des professionnels paramédicaux. Cette unité sera, dans un premier temps, destinée aux tumeurs dites « solides », puis nous pourrons envisager, dans un avenir proche, intégrer de l’hématologie (maladies du sang). Nous allons commencer avec trois lits et au moins trois études en phase précoce.

Vous avez, par ailleurs, évoqué les sarcomes. Pouvez-vous en dire plus ?

A Poitiers, j’ai aussi pour projet de structurer la prise en charge des sarcomes. Le sarcome est tumeur difficile à diagnostiquer et donc à traiter, car infiltrante. Un sarcome diagnostiqué à temps est plus facile à prendre en charge, à condition d’avoir une imagerie sur laquelle travailler. Bien souvent, le sarcome passe pour un kyste graisseux, il est enlevé et malheureusement, c’est trop tard. Tout cela est dû à une méconnaissance de cette maladie, et c’est normal, car elle reste plutôt rare. Je souhaite que Poitiers devienne centre de référence sur le sarcome, avec des consultations accessibles à tous et une possibilité de prescription d’imagerie. Ce projet doit être le fruit d’un travail d’équipe avec l’oncologie médicale, les chirurgiens, l’anatomopathologie, et les réseaux NETSARC et RREPS.

Au regard des avancées dans la recherche clinique, que pensez-vous des nouvelles thérapies contre le cancer ?

Il y a encore beaucoup de choses à découvrir mais ces dix dernières années ont vu apparaître l’immunothérapie et les thérapies ciblées qui ont considérablement amélioré le taux de rémission et l’espérance de vie. Aujourd’hui, nous sommes aussi soucieux de limiter un maximum les effets secondaires qui peuvent être très handicapants et très douloureux. Nous essayons aussi de traiter chaque patient en fonction de sa pathologie, un peu comme du sur-mesure. Les dépistages aussi sont plus systématiques grâce aux campagnes d’information, et de fait, nous diagnostiquons mieux et traitons mieux. Mes collègues et moi-même le répétons sans cesse : plus tôt le diagnostic est posé, mieux la rémission se fait.