Portrait du Pr Rémi Coudroy, réanimateur en médecine intensive-réanimation au CHU de Poitiers
Pourquoi avez-vous choisi de devenir réanimateur ?
Je n’étais pas du tout parti pour faire de la réanimation. J’ai intégré le CHU de Poitiers en 2006 pour faire un internat de médecine interne avec pour objectif de me spécialiser en gériatrie. Je suis vraiment tombé amoureux de la discipline lors du stage obligatoire de six mois en réanimation. A l’issue du stage, je n’avais qu’une envie : travailler en réanimation. J’avais trouvé la discipline intéressante parce qu’elle est très dynamique en termes de recherche. Par ailleurs, l’équipe paramédicale est très active et vraiment très sympathique. J’ai donc bifurqué vers une autre spécialité en faisant un autre stage, une année en tant qu’interne médaille d’or et un clinicat en réanimation.
Qu’est-ce qui vous plaît dans la réanimation ?
C’est la diversité des pathologies que l’on doit prendre en charge. La réanimation fait partie des rares spécialités où nous ne sommes pas spécialistes d’un organe. Nous prenons en charge les patients dans leur globalité. La recherche y est très dynamique à la fois en recherche clinique respiratoire où nous testons différents traitements mais aussi au niveau physiologique puisque nous essayons de comprendre le comportement des organes dans des situations critiques. Et puis, la réanimation est un travail d’équipe avec les paramédicaux. Cette collaboration est vraiment très importante.
Sur quoi portent exactement vos recherches ?
Dans notre service, nous travaillons sur les différentes étapes de la ventilation en réanimation : le Pr Jean-Pierre Frat, sur la phase précédant la mise sous assistance respiratoire, le Pr Arnaud Thille, sur le sevrage de la ventilation, et moi, sur les réglages de la ventilation à proprement parler. De façon globale, nous menons des études pour éviter de mettre les patients sous ventilation artificielle, traitement ultime de l’insuffisance respiratoire, et quand elle est indispensable, pour éviter ses conséquences délétères. Nous travaillons vraiment en étroite collaboration les uns avec les autres. J’ai mené une étude sur la prise en charge respiratoire des patients immunodéprimés en réanimation dont les résultats ont fait l’objet d’une publication dans la revue The Lancet Respiratory Medecine. Je participe à une étude clinique internationale pilotée par le Pr Laurent Brochard de l’Hôpital St Michael à Toronto, Canada, l’étude CAVIARDS – Careful Ventilation In Acute Respiratory Distress Syndrome. Je coordonne la partie française de cette étude réalisée dans huit pays. Le but de cette étude est de personnaliser les réglages de la ventilation pour éviter d’aggraver les lésions pulmonaires des patients intubés. En ce qui concerne la recherche physiologique, nous essayons de comprendre les effets de la ventilation artificielle. J’accompagne un étudiant en master 2 dans ses travaux de recherche sur l’ouverture des voies aériennes dans le syndrome de détresse respiratoire aigüe. En collaboration avec le laboratoire d’informatique et d’automatique pour les systèmes – LIAS-ENSMA, j’accompagne une étudiante en master 2 dans l’analyse des signaux enregistrés pour estimer le travail respiratoire des patients sous ventilation afin d’ajuster au mieux les réglages des différentes assistances que l’on peut leur apporter.