Dans le cadre de la campagne nationale dédiée aux cancers de la gorge, le service d’ORL, chirurgie cervico-faciale s’est mobilisé le 5 avril dans le hall d’accueil du bâtiment Jean-Bernard sur le site de la Milétrie pour informer sur ces pathologies. Chef du service depuis 2009, le Pr Xavier Dufour nous en présente les principales caractéristiques ainsi que leur prise en charge au CHU de Poitiers.
Que sont les cancers de la gorge ?
Lorsque l’on parle de cancer de la gorge, on fait référence aux cancers des voies aéro-digestives supérieures (VADS), c’est-à-dire la bouche, le pharynx, le larynx, et, par extension, les fosses nasales, et les sinus. Ils font partie des cancers de la sphère ORL, cancers de la tête et du cou. Avec près de 15 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année en France, les cancers de la gorge sont relativement fréquents. Ils touchent les hommes en plus grand nombre et apparaissent entre 55 et 60 ans. Ces dernières années, on constate cependant, une augmentation du nombre de femmes touchées.
Quels sont les facteurs de risque de ce type de cancer ?
Les principaux facteurs de risque sont le tabac et l’alcool, risque accru lorsque ces deux facteurs sont associés. Mais un autre facteur de risque ne cesse de croître, l’infection à papillomavirus (HPV), également responsable d’autres types de cancers comme celui du col de l’utérus. Les cancers HPV-induits sont traités comme les cancers de la gorge liés à une consommation d’alcool et de tabac et ont de meilleurs pronostics. La vaccination contre les HPV permettra de réduire également les risques de cancers de la gorge.
Quels sont les symptômes d’un cancer de la gorge ?
Il existe des signes qui ne sont pas spécifiques à ce type de pathologie : modification de la voix, gêne pour avaler, douleurs à l’oreille, difficultés à parler, etc. Lorsque le cancer est plus avancé, le patient peut avoir du mal à respirer, ou bien il voit apparaître des ganglions dans le cou. Pour les cancers des fosses nasales ou des sinus, les signes d’alerte sont une obstruction nasale avec épistaxis (saignement de nez) du même côté. De plus, ces signes sont au départ de faible intensité. Le cancer peut se développer sans que le patient ne le réalise. Il est essentiel qu’il consulte son médecin généraliste lorsque les symptômes, décrits ci-dessus persistent plus de trois semaines.
Quelle est la prise en charge des cancers de la gorge au CHU de Poitiers ?
Les cancers de la gorge sont pris en charge dans le service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale en collaboration étroite avec les services de radiothérapie et d’oncologie médicale. A l’instar d’autres types de cancers, les cancers de la gorge sont traités par chirurgie +/- radio-chimiothérapie, ou par une association de chimio-radiothérapie concomitante. Le choix du traitement dépend de la localisation de la tumeur, de son stade et de l’état du patient. Il se fait en réunion de concertation pluridisciplinaire qui regroupe les médecins ORL, les oncologues, les radiothérapeutes, les radiologues et les anatomopathologistes. La chirurgie peut impliquer l’ablation partielle ou totale du pharyngo-larynx, de la langue, des amygdales, etc. Depuis 2019, nous proposons au CHU de Poitiers de la chirurgie réparatrice, notamment avec le Dr Denis Tonnerre, chirurgien ORL. Par exemple, une portion de mandibule extraite peut être reconstituée à partir du péroné du patient, ou bien, la langue ou le plancher de la bouche peuvent être reconstruits à partir d’un lambeau retiré sur la cuisse ou l’avant-bras. Avant, nous étions obligés d’envoyer pour cela nos patients vers d’autres établissements. Le service d’ORL assure donc le diagnostic, la chirurgie carcinologique et la reconstruction ainsi que le suivi des patients atteints par un cancer de la gorge, des fosses nasales ou des sinus. Cela représente près de 50% de notre activité. Nous sommes centre de recours dans la région Poitou-Charentes.
Quel message souhaitez vous communiquer ?
Malheureusement, nous voyons encore trop de patients qui viennent en consultation alors que le cancer est déjà à un stade avancé. Lorsqu’il est pris en charge à un stade précoce, le cancer de la gorge peut être soigné avec un bon pronostic. D’où l’importance de sensibiliser la population et les professionnels de santé à cette pathologie.