Rencontre : Pascal François, responsable de l’unité de physique médicale

Pascal François

Nous retrouvons Pascal François dans un « bunker » du service de radiothérapie au pôle régional de cancérologie, en pleine opération de contrôle d'un accélérateur de particules à usage médical. Une cuve à eau sert à la mesure des doses de rayonnement des faisceaux émis par l'appareil, d'ordinaire utilisé sur les patients pour le traitement des cancers.

« L’eau est finalement ce qui se rapproche le plus des tissus humains, explique Pascal François. En tant que radiophysiciens, nous avons la responsabilité de garantir que la dose de rayonnements calculée par nos logiciels et prescrite par le médecin correspond à celle qui va sortir de la machine pour être administrée au patient. Si l’on cherche une analogie, nous sommes un peu comme les “pharmaciens des rayons” », plaisante-t-il.

Radiothérapie : appareils et logiciels sous surveillance rapprochée
Pascal François est arrivé de l’Institut Curie, à Paris, pour prendre la fonction de responsable de l’unité de physique médicale au CHU de Poitiers en mai 2014. « Il y a ici des projets très intéressants à suivre et à développer », affirme-t-il. L’unité de physique médicale est composée de cinq radiophysiciens, trois dosimétristes et deux techniciens, qui interviennent surtout en radiothérapie, mais aussi en médecine nucléaire et en radiologie. A partir des images du scanner, les logiciels permettent au médecin de localiser les organes à traiter par rayonnement ainsi que les organes à risques qui doivent être préservés. Les dosimétristes se basent sur ce travail pour orienter les faisceaux et proposer une balistique optimale. Une fois celle-ci validée, ce sont ensuite des manipulateurs qui délivrent le traitement au patient, mais un radiophysicien doit impérativement être présent pour vérifier les doses et gérer les éventuels problèmes techniques, de la même façon qu’un médecin doit être disponible en cas de complications médicales.

« En radiothérapie, les rayons émis se mesurent en mégavolts, alors que l’on va seulement parler de kilovolts dans le cas d’un scanner. Mal maîtrisés, ces rayons peuvent être très toxiques. D’où la nécessité d’un contrôle permanent des appareils et des logiciels associés », prévient Pascal François. Le service est inspecté régulièrement par l’Autorité de sureté nucléaire, auprès de qui les incidents significatifs impliquant des patients doivent être déclarés. Chaque mois, une réunion interne (CREX) est par ailleurs consacrée à l’analyse des dysfonctionnements et à la mise en place de mesures visant à les éviter.