Infirmière au CHU de Poitiers depuis 2008, Julie Rangeard a décidé de se spécialiser. Elle intègre l’école d’infirmier anesthésiste diplômé d’Etat en 2018 pour une formation de deux ans mais la covid-19 est passée par là.
Une étudiante en renfort
Julie Rangeard a exercé pendant dix ans en tant qu’infirmière principalement en réanimation cardio-thoracique. Elle a voulu évoluer et acquérir de nouvelles compétences ; évoluer vers un métier qui lui offre plus d’autonomie. Tout se déroulait parfaitement jusqu’à ce qu’en mars 2020 le monde soit confronté au virus et que la France entre en confinement. La formation de Julie Rangeard, qui est en deuxième année d’école IADE, est suspendue à l’instar de tous les établissements de formation du territoire nationale. Comme d’autres étudiants IADE, elle est réquisitionnée pour du renfort sur les unités dédiées au covid. De par son expérience en réanimation, elle a intégré les unités de réanimation prenant en charge les patients faisant des formes sévères de la covid. Des craintes, elle en a eu comme tout le monde : on ne connaissait rien du virus. De plus intégrer, un nouveau service, connaitre son logiciel informatique, ses habitudes avec un temps d’encadrement extrêmement cour faisait peur également. Elle a suivi les formations express pour la prise en charge de cette nouvelle pathologie : habillage et déshabillage des tenues de protections, utilisation des respirateurs et mise en position décubitus ventral. « Notre arrivée dans le service de réanimation n’a pas été évident pour l’équipe parce elle chamboulait leur organisation. Nous avons dû nous adapter mais Il y avait toujours quelqu’un pour nous aider et répondre à nos questions », se souvient Julie Rangeard.
Se former malgré tout
Julie Rangeard a passé près de deux mois en renfort dans les unités de réanimation covid. Elle a terminé un vendredi et a repris sa formation le lundi. La reprise n’a pas été facile. La période de renfort, qui a été épuisante physiquement et psychologiquement, a cassé la dynamique de formation qui s’était mise en place. Elle aurait dû normalement faire deux stages durant cette période, travailler à la rédaction d’un mémoire à rendre au mois de juillet et réviser pour des partiels. « Deux ans de formation, c’est déjà difficile. On se fixe des objectifs. Ils nous restaient six mois avant de rendre le mémoire donc nous avions tout programmé dans nos têtes. Le covid a tout chamboulé », explique Julie Rangeard. Celle-ci a dû et a su jongler entre ses activités de renfort covid, la rédaction, les révisions et sa vie personnelle. Mais malgré tout, elle a obtenu son diplôme octobre 2020 et pris son poste au sein du CHU dans la foulée. Elle exprime tout de même quelques regrets « J’ai été diplômée avec deux stages en moins ce qui constitue tout de même deux mois de pratique en moins. J’ai eu la sensation de manquer de certaines connaissances. Il y a des éléments que je n’ai pas vus. Heureusement, j’ai pu être doublée lorsque j’ai commencé sur certaines choses que je que je n’avais pas pu aborder. »
Et voilà ce que Julie Rangeard retiendra de cette période : « Nous avions des compétences que nous avons pu mettre au service de la gestion de cette crise. Et puis nous avons montré que nous savons nous adapter. C’est aussi le propre de notre métier”.