Depuis plus d’un an déjà, les services de réanimation du CHU de Poitiers sont sur le front pour prendre en charge les patients covid. Et depuis l’arrivée du virus dans la région, ce sont plus de 180 patients covid qui y ont été traités.
Un an déjà !
En mars 2020, afin d’anticiper l’arrivée de la première vague dans le département, le CHU, établissement dit de première ligne en Nouvelle-Aquitaine, avait pris des mesures pour dégager des capacités physiques et des ressources médicales et paramédicales notamment dans les unités de réanimation. Moins impactés avec une vingtaine de patients du département, celles-ci ont pu accueillir 30 personnes transférées depuis les hôpitaux d’Ile-de-France et du Grand Est. La seconde vague de novembre 2020 les a touchées plus fortement. S’il y a eu alors encore quelques transferts, la plupart des soixante-dix patients venaient du département. Depuis lors, les unités de réanimation travaillent à flux tendu, les patients sortants étant aussitôt remplacés. Heureusement, les hospitalisations en réanimation sont de plus courte durée qu’au mois de mars 2020, une dizaine de jours contre 3 semaines. A cette prise en charge covid constante s’ajoutent les prises en charge habituelles de ces unités. Même si depuis quelques semaines, la situation s’est accélérée, mais elle n’a pas, pour l’heure, nécessité de déprogrammation des actes chirurgicaux ou médicaux.
Comme le précise le Pr Arnaud Thille, chef de médecine intensive réanimation, « le travail au quotidien n’est pas facile » mais les services de réanimation peuvent se féliciter du faible taux de mortalité. Celui-ci peut s’expliquer, d’une part, parce que le CHU de Poitiers est l’un des leaders mondiaux dans le domaine du traitement des insuffisances respiratoires. Plusieurs recherches y ont été menées, certaines ayant fait l’objet de publication dans la revue scientifique internationale The New England Journal of Medicine. D’autre part, la région a été peu touchée et le personnel des unités de réanimation reste expérimenté. Mais ce qu’il est aussi important de souligner, c’est qu’il n’y a eu aucune contamination du personnel de réanimation depuis le début de la crise sanitaire.
Maintenir le lien avec les familles
Alors que les visites aux malades des services de réanimation sont demeure un élément fondamental dans la prise en charge des patients, elles sont interdites depuis l’apparition du virus. L’inquiétude grandissant avec la distance, le lien avec la famille est encore plus importante pour les personnes transférées, seules et éloignées de chez elles. Les équipes médicales s’organisent donc depuis un an pour que chaque jour le même interlocuteur donne des nouvelles aux familles. « Nous nous astreignons à appeler tous les jours les familles, celles des patients transférés comme celles des patients de la Vienne. Nous les appelons pour leur donner des nouvelles, les rassurer quand il le faut. Nous avons constaté que les proches attendent notre coup de fil avec beaucoup d’impatience. C’est assez touchant. Ils sont vraiment reconnaissants. Les familles peuvent, de leur côté, téléphoner à n’importe quelle heure. Ce maintien des liens est essentiel », précise le Pr Thille. Et lorsque les patients sont extubés, ils peuvent échanger avec leurs proches grâces à des tablettes mises à leur disposition.
Des remerciements
Les remerciements reçus par les patients covid et leur famille récompensent la mobilisation des équipes de réanimation depuis un an. Il y a peu, deux patients transférés au CHU de Poitiers depuis le Grand Est ont témoigné sur France 3 Poitou-Charentes leur reconnaissance vis-à-vis des équipes qui les ont pris en charge. Marie-Rose Théobald qui a passé près d’un mois en réanimation en 2020 est revenue à l’hôpital de Poitiers pour les remercier. C’est ainsi l’image d’une femme guérie que le Pr Thille gardera en mémoire : « Nous voyons des patients dans des états très graves. Nous n’arrivons pas toujours à les imaginer dans leur état normal ». Serge Wurster, accueilli à la même époque, a, pour sa part souligné le grand dévouement de ces « gens formidables ».
Retrouvez le reportage des témoignages de deux patients transférés du Grand Est dans le JT 19/20 de France 3 Poitou-Charentes du 1er avril 2021 (11 :50) |