Sport et collection : 30 ans de soutien à la cancérologie du CHU de Poitiers

conférence de presse sport et collection

La conférence de presse de la 30e édition de Sport et collection, qui se déroulera sur le circuit du Val-de-Vienne au Vigeant du 30 mai au 2 juin 2024, s'est tenue ce vendredi 24 mai, en présence d'Anne Costa, directrice générale du CHU de Poitiers, du Pr Pierre Corbi, président de la commission médicale d'établissement, du Pr Nicolas Isambert, chef du pôle de cancérologie, de Jean-Pierre Doury, président de l'association Sport et Collection, et de Jérôme Neveux, conseiller départemental de la Vienne, rapporteur de la commission action sociale, enfance, famille, santé.

A cette occasion, les projets de recherche qui bénéficieront du soutien de l’association Sport et collection cette année ont été dévoilés, après expertise de son comité scientifique. Parmi eux, l’association Sport et Collection a décidé, cette année encore, de financer un projet de recherche paramédicale.

Présentation des projets de recherche:

ADI-MSI : Valeur prédictive de l’analyse répétée de l’instabilité des microsatellites sur ADN circulant tumoral pour le suivi de patients atteints d’un cancer colorectal avec instabilité des microsatellites.

Dr Camille EVRARD, MCU-PH en concologie médicale

L’instabilité des microsatellites (MSI) est une particularité moléculaire retrouvée dans certaines tumeurs qui leur confère une sensibilité accrue aux traitements innovants par immunothérapie. Les tumeurs MSI sont le plus souvent des cancers de l’endomètre ou du colon et plus rarement des cancers de l’estomac ou des voies biliaires. La recherche du statut MSI se fait en routine sur le tissu tumoral en début de prise en charge.

Il parait intéressant de pouvoir réévaluer ce statut MSI en cours de traitement et également d’analyser sa cinétique. Pour cela, la détection sur ADN circulant tumoral (ADNct) du statut MSI est une innovation majeure. En effet l’ADNct permet d’obtenir par une simple prise de sang les caractéristiques de la tumeur car celle-ci relargue dans le sang de l’ADN tumoral que nous pouvons isoler et analyser. C’est tout l’enjeu du projet ADI-MSI déposé à Sport et Collection cette année.

M2GPAIM : Génération de Biopsie Virtuelle de Gliomes via Modèle d’Intelligence Artificielle pour Prédire le statut Génétique et Anatomopathologique à partir des données IRM multi paramétriques.

Dr Xavier LE GUILLOU, PH en génétique clinique

Ce projet de recherche a pour objectif final d’aider au développement des modèles d’intelligence artificielle (d’outil mathématique) qui pourrait servir à prédire l’aspect génétique à partir des IRM (imagerie par résonance magnétique) des tumeurs gliales cérébrales (gliomes et glioblastomes) qui s’avèrent être les tumeurs cérébrales primaires les plus fréquentes chez les adultes. Les mutations génétiques spécifiques d’une tumeurs sont importante pour déterminer le diagnostic exact, le pronostic, l’attitude thérapeutique que l’on doit proposer. Actuellement, pour caractériser la génétique des tumeurs, il est nécessaire de réaliser une biopsie au bloc opératoire, dite stéréotaxique. La réalisation et l’étude de cette biopsie peuvent prendre quelques semaines.  Durant cette période, l’attitude thérapeutique n’est pas optimale et spécifique pour le patient. Pouvoir développer un outil de prédiction de ces caractéristiques génétiques pourrait à terme permettre de réaliser des biopsies virtuelles, ce qui pourrait raccourcir drastiquement le temps de prise en charge des patients et optimiser leur prise en charge. Nous avons donc deux sous-objectifs : monter une base de données de santé colligeant les IRM et les données génétiques de patient ayant eu des gliomes et des glioblastomes localement, puis explorer et développer des modèles d’intelligence artificielle dans la prédiction des caractéristiques génétiques des tumeurs.

ROMCOR-pro : Etude prospective monocentrique de l’expression de l’Oncostatine M dans les Carcinomes épidermoïdes d’origine ORL.

Dr Matthieu BAINAUD, PH en immunologie et inflammation

Une tumeur, c’est comme un petit « organe » qui est constitué de vaisseaux, de nerfs et de plusieurs types d’éléments différents qu’on appelle les cellules. Ces cellules peuvent être des cellules cancéreuses mais aussi des cellules du système immunitaire. Elles peuvent communiquer entre elles grâce à la sécrétion de molécules, les cytokines. Au sein du protocole ROMCOR-pro, nous nous intéressons à une de ces cytokines, l’Oncostatine M dans un modèle de cancer ORL (bouche-amygdale-langue et larynx). Pourquoi l’Oncostatine M ? Parce qu’on a déjà démontré au laboratoire que cette cytokine augmentait la prolifération et la migration des cellules tumorales et donc l’agressivité de la tumeur. L’objectif de notre étude est de savoir si, chez des patients dans la vraie vie, l’Oncostatine M est corrélée à l’agressivité de la maladie, mais aussi de découvrir quelle cellule la sécrète au sein de la tumeur. Nous espérons ainsi démontrer l’intérêt d’un nouveau traitement qui bloque cette cytokine et qui pourrait être bénéfique chez les patients présentant un cancer ORL.

AMANDES : Évaluation d’un protocole paramédical d’Acquisition spécialisé et adapté au développement des MAmmobiles coNsacrés au DÉpistage organisé du cancer du Sein – étude de faisabilité en cross-over.

Guillaume DAVY, manipulateur en électroradiologie médicale en imagerie

La détection du cancer du sein à un stade précoce est primordial. Cela améliore la survie, la qualité de vie et réduit le recours à des traitements lourds . En France, la participation au dépistage organisé n’est que de 50 %, alors que l’objectif européen est de 70 %. Les difficultés socio-économiques, et ceux d’accès aux soins comme la distance à un centre d’imagerie ou les délais de rendez-vous sont des facteurs connus limitant la participation. Pour réduire ces inégalités, les pouvoirs publics préconisent l’utilisation de “mammobile”. En effet, le nombre de ces unités radiologiques itinérantes en France est très en deçà des équipements de nos voisins européens.

Il existe plusieurs freins restreignant le déploiement de ces camions. L’étude proposée explore une nouvelle organisation permettant à terme de combler ce retard. Le protocole expérimental est une intervention complexe incluant la délégation de l’examen clinique aux paramédicaux, au triage assisté par l’intelligence artificielle et l’échographie volumique. Le projet consiste à tester la faisabilité de ce dispositif, en simulant les contraintes des mammobiles afin de garantir une égalité diagnostique de l’ensemble des étapes innovantes de ce protocole.