Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) touchent 140 000 personnes par an en France, soit un toutes les 4 minutes. A l'échelle du Poitou-Charentes, ce sont plus de 3500 personnes qui ont ressenti, souvent subitement, des troubles de la parole et/ou une inertie, des fourmillements, voire une paralysie sur un côté du visage ou du corps. En présence de ces symptômes, qui sont provoqués par l'obstruction (80 % des cas) ou la déchirure d'un vaisseau sanguin, il n'y a qu'une seule chose à faire : appeler le 15 le plus vite possible. Chaque année, le Samu amène environ 1200 personnes victimes d'un AVC au CHU de Poitiers.
Deux techniques existent pour traiter les AVC provoqués par une obstruction, une chimique, qui consiste à injecter un puissant anticoagulant par intraveineuse (thrombolyse), et une mécanique,la thrombectomie. “Cela fait dix ans que le CHU de Poitiers utilise cette technique mécanique, indique le Pr Jean-Philippe Neau, chef du pôle neurosciences au CHU de Poitiers. Elle consiste à déboucher l’artère en allant chercher le caillot qui l’obstrue à l’aide d’un cathéter introduit dans l’artère fémorale et que l’on remonte jusqu’au vaisseauconcerné, sous contrôle d’imagerie.” Entre fin 2014 et juin 2015, six études internationales (le CHU de Poitiers a participé à l’étude française intitulée THRACE, initiée par le CHU de Nancy) ont prouvé l’intérêt de cette technique, au point qu’elle est maintenant recommandée par les autorités sanitaires. Il faut dire que la thrombectomie évite 25 morts ou situation de dépendance pour cent personnes traitées, contre 14 avec l’injection par intraveineuse. De plus, cette dernière doit être réalisée moins de 4h30 après le début de l’AVC, alors que cette durée grimpe à moins de 6h dans le cas d’une thrombectomie. Ces deux traitements sont complémentaires et la thrombectomie mécanique doit être précédée, lorsque cela est possible d’une thrombolyse intraveineuse.
Le CHU de Poitiers est le seul hôpital en Poitou-Charentes à pouvoir traiter les patients avec cette technique mécanique. L’établissement doit en effet être équipé d’une salle de radiologie interventionnelle, mais aussi et surtout compter dans ses rangs plusieurs neuroradiologues interventionnels, une spécialité rare. Au CHU, ils sont quatre sous la coordination du Dr Stéphane Velasco et réalisent plus de cinquante thrombectomies par an, avec le concours de l’équipe d’anesthésie, qui rend possible ce geste chez des patients bien souvent agités.
Dans tous les cas, il faut agir vite et appeler le 15, les AVC sont en effet la première cause de handicap physique chez l’adulte et la deuxième cause de déclin intellectuel.