Traiter la dénutrition au CHU de Poitiers : en pratique, comment fait-on ?

Dénutrition

Dépister précocement la dénutrition et la traiter est une préoccupation quotidienne pour les professionnels du CHU de Poitiers. Diététicienne nutritionniste dans l’établissement depuis 1993 et membre actif du comité de liaison alimentation et nutrition, Sandrine Cottanceau présente les conseils pratiques à mettre en place  en cas de dénutrition.

« La dénutrition est l’affaire de tous. Nous travaillons en étroite collaboration avec les médecins prescripteurs, les infirmiers et les aides-soignants, qui sont nos interlocuteurs privilégiés, parce qu’ils sont au quotidien, au plus près des patients. Ils connaissent leurs goûts et leurs habitudes et leurs difficultés alimentaires. Ils peuvent nous fournir des informations importantes. Nous échangeons régulièrement avec eux pour nous assurer que tout se passe bien », explique Sandrine Cottanceau, diététicienne nutritionniste dans le service de cancérologie ORL et de radiothérapie. L’alimentation fait partie du soin ; plus la prise en charge de la dénutrition est précoce, plus on est efficace et plus on limitera les complications (spirale de la dénutrition). En pratique, commençons par éviter le cumul des « régimes  restrictifs » et non justifiés (sans sucre, hypocholestérolémiants…) ; la commande repas doit être adaptée : hypercalorique-hyperprotidique (permettant de doubler des portions, de prévoir davantage de produits laitiers, d’être source de protéines) ; la texture alimentaire tiendra compte bien sûr des possibilités de mastication. Une alimentation fractionnée est parfois nécessaire, en cas de petit appétit ou de fatigabilité. Dans les offices alimentaires, les aides-soignants ont à disposition des aliments permettant d’enrichir en protéine (lait en poudre, poudre de protéine, fromage type Kiri) et en énergie (beurre, sucre, confiture), des manières simples et rapides d’augmenter les apports nutritionnels. Des fiches « protocoles » et des fiches recettes sont à disposition des professionnels. Si l’alimentation enrichie ne suffit pas, les complémentations orales protéinées sont proposées, en deuxième intention, et doivent faire l’objet d’une prescription médicale. Il existe différentes sortes de compléments nutritionnels. Il convient de s’assurer que le patient va les apprécier avant de les prescrire, de préférence maximum deux par jour, pour éviter la lassitude sur le long terme. « Bien évidemment, pour une bonne prise en charge de la dénutrition, il est important d’évaluer régulièrement les apports nutritionnels, notamment grâce aux surveillances alimentaires complétées par les aides-soignants,  pour éventuellement proposer d’autres adaptations. Si nous ne parvenons pas à couvrir deux tiers des besoins nutritionnels du patient par l’alimentation orale, nous pouvons avoir recours à d’autres types de supports nutritionnels tels que la nutrition artificielle, nutrition parentérale et entérale ».

Tableau comparatif d’apports nutritionnels

Apport énergétiqueApport protidique
Fromage blanc 7,8% nature114 kcal8 g
Fromage blanc 7,8% nature + 10 g poudre de lait148 kcal11,5 g
Crème force plus (crème protéinée du CHU)150 kcal10 g