Troubles de l’équilibre : acquisition d’un équipement innovant en médecine physique et de réadaptation

La prise en charge des troubles de l’équilibre et de la posture sera améliorée au CHU par l’aménagement et l’équipement d’une nouvelle salle de bilan et de rééducation. De nombreux patients sont concernés tant les origines de ces troubles posturaux peuvent être diverses.

«La régulation de l’équilibre est un système complexe», comme l’explique le Dr Anne Jossart. Ces troubles se manifestent de diverses manières, dont des instabilités, des vertiges, des étourdissements… «Ils entraînent chez la personne une obligation de limiter ses activités et donc un handicap.»

Pour bien comprendre et analyser ces troubles invalidants, le matériel de «bilan et de rééducation» vestibulaire et postural a une grande importance. Ce matériel existe dans le service de médecine physique et réadaptation (MPR) Maurice-Salles, depuis quelques années. Il se modernise aujourd’hui par l’acquisition de nouveaux appareils et le doublement de la surface de la salle qui l’accueille. Cet équipement va permettre de progresser dans la qualité et l’objectivité des mesures afin de proposer une rééducation plus optimale s’appuyant sur des axes thérapeutiques novateurs. «Le projet médical vise ainsi à renforcer l’expertise dans ce domaine sans se substituer aux autres prises en charge.»

Les bilans proposés s’adressent aux pathologies complexes (ORL et neurologiques) nécessitant un affinement du bilan rééducatif mais aussi aux symptomatologies résistantes à un traitement bien conduit en ambulatoire. A la suite du bilan effectué dans le service, le patient pourra être réorienté si possible en ambulatoire (au plus près de son domicile) avec une proposition de pistes rééducatives ; ou sera pris en charge en hôpital de jour si son état de santé nécessite le recours au matériel innovant et à la participation de plusieurs intervenants (kinésithérapeute, ergothérapeute, psychologue, appareilleur…).

L’expertise acquise et les investissements ainsi réalisés pour l’équipement par le CHU ouvrent la voie vers un partenariat régional autour de l’axe équilibre, posture et vertiges. De nouveaux projets de recherche seront rendus possibles et permettront de prolonger l’élan déjà acquis par le service dans ce domaine.

 

Le nouveau matériel et son apport

L’équipement global de la salle comprend divers appareils et logiciels.

Vidéo-nystagmographie sans fil et adaptée à la rééducation

– La vidéo-nystagmographie sans fil et adaptée à la rééducation.

– Le Video Head Impulse Test, qui permet d’évaluer individuellement les six canaux semi-circulaires (notamment les verticaux impossibles à tester cliniquement) ainsi que la réapparition de saccades oculaires annonciatrices de recouvrement de la fonction vestibulo-oculaire.

– Le matériel d’évaluation et de rééducation de l’activité visuelle dynamique permet de suivre chez le patient sa capacité à reconnaître des objets pendant les mouvements très rapides de la tête.

– La posturographie dynamique en faisant varier l’inclinaison de la plateforme place le patient dans des conditions d’instabilité très variées tout en mesurant la qualité de son équilibre dans ces situations. Des impulsions verticales permettront également de stimuler les macules otolithiques (difficilement évaluables en pratique clinique).

«Les progrès induits par les caméras haute fréquence et les logiciels d’acquisition et de traitement des images vont décupler la performance du système de bilan qui sera plus objectif et mieux quantifié, explique Thierry Le Dinahet, cadre de santé kinésithérapeute. L’archivage électronique permettra de mieux suivre et adapter la rééducation du patient selon son évolution. »

 

L’évaluation du contrôle postural et prise en charge

Multitest002Particularités du système d’équilibration
Il sert à adapter la position du corps dans l’espace pour permettre les activités – en statique ou en situation dynamique.

Il utilise des capteurs sensoriels (vestibule, vision, plante des pieds), un système d’intégration des signaux situé à différents niveaux du système nerveux central et un système effecteur (système musculo-squelettique, dont les muscles oculomoteurs).

Le champ visuel et la vision périphérique assurent des repères pour s’orienter et se stabiliser. Le système vestibulaire joue un rôle important dans l’équilibration car il assure la stabilité de la scène visuelle observée.

Les informations plantaires somesthésiques participent à la perception de la position du corps par rapport à la verticale.
Pour qu’une personne soit en équilibre, il faut que sa position soit en permanence adaptée à la situation, par des ajustements réguliers (anticipation et rétroaction) et parfois peu visibles de sa posture. En cas de dysfonctionnement il apparaît différents symptômes : oscillopsies (sensation permanente de mouvement visuel), vertiges, déviations posturales, déséquilibres auxquels s’ajoutent parfois des nausées.

L’évaluation
En plus de l’examen clinique habituel, une évaluation spécifique de la fonction vestibulaire et globale de la fonction posturale est effectuée. L’étude du réflexe vestibulo-oculaire (RVO) est une des phases importantes du bilan de rééducation des troubles de l’équilibre et des vertiges. Cependant, l’analyse à l’oeil nu pendant des déplacements rapides de la tête dans l’espace des mouvements oculaires engendrés par le RVO est très difficile à réaliser par l’observateur. En effet, ces mouvements se produisent le plus souvent sous forme de nystagmus qui peuvent être très rapides et de très faible amplitude.

Cette analyse sera facilitée par l’utilisation de caméras à haute fréquence. En perturbant les afférences sensorielles (visuelles et somesthésiques plantaires), l’analyse par posturographie statique et dynamique mesure les ajustements posturaux et évalue l’organisation sensorielle du patient. En mesurant l’impact de chacune des afférences pour s’équilibrer, il est possible de définir les objectifs rééducatifs adaptés.

Programme multi-sensoriel
Il consiste en une rééducation qui repose sur une stimulation des afférences sensorielles dans des conditions variées et répondant aux besoins du système nerveux central pour mettre en place des mécanismes de compensation et de substitution. Ce type de prise en charge après diagnostic médical précis repose sur l’intervention de plusieurs métiers de la rééducation : kinésithérapeute, ergothérapeute, appareilleur…

Le recours au nouveau matériel de posturographie dynamique permettra l’utilisation d’exercices avec feed-back visuel ou simulation de situations variées (foule, déplacement sur autoroute…), en exposant le patient à de multiples situations de la vie quotidienne.

Au final, la panoplie des rééducations possibles sera élargie et plus adaptée à chacun.