Près de 12 millions de Français souffriraient de douleurs chroniques. Le soulagement de la douleur est un droit fondamental pour les patients et un devoir de prise en charge pour les établissements de santé. Au CHU de Poitiers, le centre régional d’étude et de traitement de la douleur, centre labellisé par la Haute Autorité de santé, prend en charge des patients ayant des douleurs chroniques qui, par définition, évoluent depuis plus de six mois.
Créé en 1989, le centre régional d’étude et de traitement de la douleur se compose d’un espace dédié aux consultations externes sur le plateau -2 et d’un hôpital de jour de dix lits dédiés, commun au pôle neurosciences locomoteur. L’équipe médicale est constituée de quatre médecins : les docteurs Elodie Charrier, responsable du centre, Laure Poupin et Delphine Rannou, le Dr Lorraine Misbert à 50 %. Le Dr Poupin assure des consultations tous les mardis sur le site de Châtellerault. Le centre compte également, deux secrétaires, Laureen Briant et Nathalie Rousseau, une psychologue à temps plein, un psychiatre à 80 %, le Dr Defaux Guillaume, ainsi que cinq infirmières formées à la douleur. Le centre collabore également avec un médecin anesthésiste, le Dr Lanquetot Hervé. Il y a aussi une assistante sociale une journée par semaine.
Avec près de 6 000 consultations, 2 600 hospitalisations de jour et une file active de 2 500 nouveaux patients par an, le centre régional d’étude et de traitement de la douleur est un acteur important au sein de la région Nouvelle-Aquitaine. Aussi, sur demande médicale motivée, les professionnels du centre proposent une prise en charge globale, multimodale et multidisciplinaire afin d’améliorer la qualité de vie des patients. Une première consultation d’environ une heure, menée par l’un des médecins, a pour objectif d’identifier et d’analyser la douleur : la zone, la durée, l’intensité, etc. Les impacts biologiques, psychologiques et/ou sociaux de la douleur sont également évalués pour mettre en place, si nécessaire, un accompagnement. « Dans cette prise en charge biopsychosociale (Prise en compte des facteurs psychologiques, sociaux et biologiques des pathologies) centrée sur le patient qui se veut la moins médicamenteuse possible, des thérapeutiques peuvent être proposées invasives et/ou non invasives (infiltrations, tests anesthésiques, des perfusions antalgiques, des topiques ciblés), mais aussi la prise en charge de psychotraumatisme, de la stimulation magnétique transcrânienne répétitive, la pose de TENS (Neurostimulation électrique transcutanée), la prescription de programmes d’éducation thérapeutique, etc. », précise le Dr Elodie Charrier.
Le centre régional d’étude et de traitement de la douleur a une forte activité transversale au sein de l’hôpital. Ainsi des consultations pluridisciplinaires peuvent être proposées. Effectivement, plusieurs parcours de soins ont été créés afin de proposer une offre de soin qualitative et efficiente. Une consultation dédiée aux céphalées est assurée en collaboration avec le Dr Mathilde Rasclard, neurologue. Une consultation en lien avec le service de neurochirurgie du rachis, chirurgie de la douleur et du handicap est organisée pour les patients susceptibles de bénéficier d’implantation de stimulateurs médullaires. Un parcours lié à l’endométriose et les douleurs pelvi-périnéales est aussi en place depuis quelques années avec une collaboration étroite avec les gynécologues. Il existe aussi une filière en lien avec l’analgésie intrathécale (Technique interventionnelle qui consiste à délivrer les antalgiques dans le liquide céphalo-rachidien) et une équipe évoluant en partenariat avec les médecins de l’unité de soins palliatifs.
Impliqué dans des projets de recherche, le centre régional d’étude et de traitement de la douleur, c’est aussi la promotion et la sensibilisation de la douleur au sein de l’hôpital via des formations mais aussi au niveau des instituts de formations paramédicales, de l’université et de l’ensemble des professionnels de santé. C’est aussi la participation à l’expérimentation nationale sur le cannabis à usage médical.
« La Vie la Santé est aussi une vraie plus-value pour notre offre de soin. Nous ne pouvons pas prendre en charge les douleurs chroniques sans faire de l’éducation thérapeutique. Nous sommes porteurs de différents programmes proposés aux patients à la Vie la Santé, parmi lesquels ‘vivre avec une douleur chronique’ et un atelier qui porte sur les céphalées, en cours de mise en place. Avec le Pr Xavier Fritel, gynécologue obstétricien spécialiste de l’endométriose, nous sommes en train de développer un atelier sur la douleur liée à cette pathologie », explique le Dr Elodie Charrier.