Urgences adultes : un retour à la normale, ou presque

Qui aurait pu imaginer voir un jour les salles d’attente des urgences vides ? Et pourtant, cela a bien été le cas pendant la crise sanitaire aussi bien sur la Milétrie, tout comme sur les sites de Châtellerault, de Loudun et de Montmorillon.

L’activité a connu une baisse de 50 %. La crainte de croiser le coronavirus à l’hôpital n’explique pas à elle seule la désertion des services d’urgences. « Je pense aussi que pour certaines personnes, il s’agissait plutôt de ne pas encombrer des services que les médias présentaient en grande souffrance. Ils ont voulu être de bons citoyens en ne dérangeant pas les équipes soignantes » explique le Pr Olivier Mimoz, chef des urgences adultes du CHU de Poitiers. La baisse d’activité des urgences ne concerne malheureusement pas seulement la petite ‘bobologie’. Les patients souffrant de pathologies lourdes et graves telles que les infarctus du myocarde ou les accidents vasculaires cérébraux, ou de maladies chroniques comme le diabète et qui en temps normal, arrivent en flux constant, ne sont pas venus non plus. La période d’après covid risque d’être dramatique car l’absence de prise en charge à temps représente pour ces patients une perte de chance importante. Les urgences ont presque retrouvé leur rythme d’activité habituel. Et si les patients reviennent, de nouveaux profils apparaissent avec des pathologies liées au confinement lui-même. « Nous avons l’impression que beaucoup de personnes ont mal vécu le confinement d’un point de vue psychologique. Certains relèvent plutôt de pathologies psychiatriques au sens large avec des crises d’angoisses ou des dépressions. Mais paradoxalement, durant le confinement, nous n’avons eu affaire à beaucoup moins de cas de suicides » souligne le Pr Olivier Mimoz.

Et quid de la covid ? La vigilance est de mise même si l’objectif est de réorganiser les urgences pour qu’elles retrouvent un fonctionnement normal et puissent accueillir les patients non covid dans de bonnes conditions. Une zone, plus petite, restera dédiée encore quelques temps à la prise en charge de cas suspects. Le Pr Olivier Mimoz se réjouit de la diminution de l’épidémie parce que la prise en charge des patients infectés impose « un fonctionnement nécessitant beaucoup de ressources humaines et matérielles. C’est très chronophage. Cela bouleverse nos organisations
médicales et paramédicales ».