Comme la kinésithérapie, l’ergothérapie est un métier de rééducation. Elle est basée sur l’évaluation et la rééducation autour des gestes de la vie quotidienne. Aurélie Bourrellier, Bruno Texereau et Laurence Baud sont les trois cadres de santé qui assurent l’encadrement de ces professionnels sur les différents sites du CHU de Poitiers.
Les ergothérapeutes : évaluer et solutionner
L’ergothérapie est exercée majoritairement dans les hôpitaux, les centres de rééducation ou les établissements pour personnes âgées. L’exercice de cette fonction fait suite à trois années d’études validées par un diplôme d’État. Le CHU de Poitiers compte aujourd’hui dans ses rangs 17 ergothérapeutes, sur tous les sites de l’établissement : cinq en médecine physique et de réadaptation, une dans la tour Jean-Bernard, six en gériatrie, trois sur le site de Châtellerault, deux sur le site de Montmorillon et une à Lusignan. Sur l’ensemble des sites, elles interviennent auprès de personnes en situation de handicap quelle qu’elle soit (motrice, cognitive, sensorielle…). Les ergothérapeutes réalisent des évaluations diverses (d’autonomie via des mises en situations écologiques, et des évaluations fonctionnelles et cognitives) pour établir les objectifs de rééducation et de réadaptation propres au patient. « Elles évaluent une fonction, les capacités du patient en fonction de sa pathologie » souligne Aurélie Bourrellier. Leur rôle consiste à rendre le patient autonome et indépendant dans la réalisation de ses activités de vie quotidiennes, sociales, de loisir et professionnelles. Ces solutions peuvent prendre la forme de préconisations d’aides techniques et d’aménagement du logement, d’information, d’éducation et de rééducation. Les ergothérapeutes effectuent également des visites à domiciles, pour évaluer les patients dans leur environnement et proposer des aménagements adaptés à leur handicap, ainsi que des aides techniques visant à faciliter la réalisation des activités au sein de leur environnement (fauteuil roulant, couverts adaptés, pinces de préhension, siège de douche, etc).
Des solutions face au handicap
L’intervention en ergothérapie varie d’un secteur à l’autre. En gériatrie, la perte d’autonomie dans les activités de vie quotidienne et les troubles cognitifs dus aux pathologies du vieillissement sont indispensables à prendre en compte afin de faciliter le maintien à domicile. En soins de suite et de réadaptation ou en médecine physique et de réadaptation, les activités de rééducation des fonctions motrices, sensitives, cognitives et sensorielles sont davantage réalisées afin de favoriser et faciliter le retour à domicile. En neurologie, en phase aiguë, l’ergothérapeute évalue les déficits récents et amorce un plan de soins qui s’appuie sur son diagnostic. Dans le secteur médico-social, des ateliers thérapeutiques de groupe sont organisés chaque semaine pour stimuler l’autonomie, l’équilibre ou encore les capacités cognitives des patients. Toutes ces professionnelles travaillent sur prescriptions médicales, en étroite collaboration avec les kinésithérapeutes, les moniteurs d’activités physiques adaptées et les équipes soignantes. Chaque prise en soins a des objectifs précis en lien avec la pathologie et les déficits du patient. Ainsi, l’ergothérapeute exploite les activités de la vie quotidienne, en réalisant des mises en situation écologique du patient. Dans le cas d’accompagnement de patients présentant une lombalgie chronique par exemple, l’ergothérapeute va éduquer le patient à l’économie rachidienne dans les gestes du quotidien et l’accompagner vers une reprise professionnelle. Dans le contexte d’un accident vasculaire cérébral, l’ergothérapeute stimule la plasticité cérébrale en mobilisant le membre déficitaire, réalise des activités permettant de développer la dextérité, la force manuelle et digitale, la coordination bi-manuelle, les fonctions cognitives, etc… Les activités en ergothérapie peuvent prendre la forme d’activités analytiques (déplacement d’objets, pinces de forces, etc), artisanales et créatives (vannerie, mosaïque, etc), et d’activités de vie quotidienne (cuisine, toilette, etc). Les thérapeutes de MPR peuvent utiliser un dispositif robotisé, le Réaplan® destiné à la récupération de la motricité des membres supérieurs. Dans le cadre du CHU et du service de MPR, les ergothérapeutes disposent d’une cuisine réglable en hauteur qui leur permet d’évaluer les capacités des patients, à mobilité réduite ou non, à cuisiner. Toutes les étapes de la préparation culinaire sont évaluées : être capable de réaliser une recette, d’utiliser les bons outils et les bons ingrédients, d’assurer sa sécurité (dans les déplacements, et dans la gestion des appareils électro-ménagers). Au niveau du pavillon Maillol une salle de bains est à disposition. Ces lieux permettent aux patients de se projeter et d’imaginer les aménagements nécessaires à réaliser chez eux tout en essayant quelques aides techniques à la toilette. Professionnels de santé, les ergothérapeutes jouent un rôle majeur auprès des patients accompagnés dans leur projet de maintien ou de retour à domicile.