Pneumologue de formation, Vanessa Bironneau a fait son externat et son internat de médecine à l’université de Poitiers. Après un passage par Angers où elle a suivi un master et rédigé une thèse sur le syndrome d’apnée du sommeil, elle est revenue au CHU de Poitiers en 2018. Avec la crise sanitaire, elle est devenue référente en pneumologie, au sein de l’établissement, des patients post covid. Et plus récemment, elle a été contactée par l’agence régionale de santé pour intégrer un groupe de travail dont la mission est de faire de la région Nouvelle-Aquitaine, un site pilote dans la prise en charge pneumologique des patients covid long.
Comment êtes-vous devenue référente des patients covid long en pneumologie ?
Très rapidement après le début de la crise sanitaire, j’ai été contactée par les services de réanimation du CHU qui accueillaient beaucoup de patients avec des atteintes pulmonaires sévères. A ce moment-là, il n’y avait pas encore de suivi pneumologique bien organisé pour cela. Nous avons ainsi mis en place un suivi systématique pour tous les patients ayant eu une forme sévère avec atteinte pulmonaire nécessitant une hospitalisation en réanimation. D’autres services comme la gériatrie, les maladies infectieuses ou la médecine physique et de réadaptation me contactent lorsqu’ils jugent nécessaire un suivi pneumologique chez leurs patients post covid. Par la suite, les médecins généralistes ont également commencé à adresser des patients chez qui persiste une symptomatologie respiratoire après une infection à SARV-cov-2, que ces derniers aient nécessité ou pas une hospitalisation initiale.
Quels sont les symptômes et les traitements ?
Les patients que je reçois sont ceux qui présentent encore des symptômes pulmonaires à distance de leur infection. On parle de covid long lorsque cette période dépasse les douze semaines après le diagnostic. Il peut s’agir d’un essoufflement plus ou moins invalidant, d’une toux chronique ou encore d’un syndrome d’hyperventilation. Certains patients ont vraiment une qualité de vie altérée à cause de ces symptômes. A ce jour, il n’y a pas de traitement médicamenteux à proposer à ces patients. Il s’agit essentiellement de rééducation respiratoire. Celle-ci peut être réalisée à domicile ou dans différentes structures. Je dirige les patients soit vers leurs kinésithérapeutes ou vers la Villa Santé. Nous travaillons également avec le centre de réadaptation du Moulin vert à Migné-Auxances et la clinique Richelieu à La Rochelle.
Quel est le suivi de ces patients ?
De façon systématique, je reçois en consultation les patients post réanimation à six mois et à un an pour un bilan complet : scanner et examens fonctionnels respiratoires. En l’absence de séquelles respiratoires, je ne les revois pas par la suite. Pour les patients qui ne rentrent pas dans le parcours post réanimation, j’adapte la surveillance en fonction de l’état respiratoire. Dans la majeure partie des cas, les choses rentrent dans l’ordre grâce à la rééducation respiratoire. Toutefois, chez certains patients, bien plus rares, des séquelles pulmonaires peuvent s’installer.
Ces patients garderont-ils des séquelles fonctionnelles ?
Pour l’instant, nous n’avons pas encore assez de recul. Nous n’avons pas toutes les réponses. Ce que nous observons, c’est que certains des patients présentant une atteinte parenchymateuse séquellaire telle qu’une fibrose, ou une dilatation des bronches, sont parfaitement asymptomatiques à un an.
Combien de patients cela représente-t-il ?
Le nombre de consultations a été assez variable depuis le début de la crise sanitaire mais j’ai une file active de presque 150 patients. Il y a majoritairement des patients adressés par d’autres services de l’hôpital. La cellule de coordination post-covid demande à l’hôpital de prendre en charge sous un délai d’un mois des patients venant de l’extérieur. Cela devenait très compliqué pour moi de les intégrer dans mes consultations habituelles. Pour respecter ce délai, je vais leur consacrer une demi-journée par semaine à partir de septembre.
Quels conseils pouvez-vous donner aux patients symptomatiques qui ne consultent pas ?
La première chose à faire, mais cela n’est pas forcément facile quand on ne va pas bien, c’est de reprendre une activité quotidienne comme la marche pour commencer une rééducation par eux-mêmes. Puis, si ce n’est pas suffisant, ils doivent consulter pour une prise en charge. Les médecins généralistes sont très attentifs et nous contactent pour avis ou nous les adressent lorsqu’ils le jugent nécessaire.