L’enseignement en activité physique adaptée est une profession à part entière et se différencie des kinésithérapeutes et des coachs sportifs. L’enseignant en activité physique adaptée met en œuvre des interventions dans un but de réadaptation, d’éducation, de prévention et/ou d’insertion sociale auprès des personnes dont les aptitudes physiques, psychologiques et/ou sociales sont limitées. Lorsque l’on sait que l’activité physique est bénéfique sur la santé physique et mentale, leur métier se révèle essentiel, notamment auprès des patients et résidents du CHU de Poitiers.
Les Enseignants en activités physiques adaptées au CHU de Poitiers
Le CHU de Poitiers compte six enseignants en activité physique adaptée : Amandine Gabillat, sur le site de Montmorillon, Marco Paradiso sur le site de Lusignan, Mélissa Demion, Clément MBiakop, Aurélien Mery et Morgan Ondet sur le site de Châtellerault. Leurs missions consistent à accompagner des patients avec des exercices adaptés à l’état physique, psychologique et social de chacun. « Les enseignants APA n’ont pas de contacts manuels avec les patients, contrairement aux kinésithérapeutes. Ils peuvent utiliser du matériel de rééducation pour faire travailler les articulations ou les muscles. Ils réalisent des exercices en séance individuelle ou collective », explique Bruno Texereau, cadre de santé rééducateur, responsable des enseignants APA. Ils ont vocation à intervenir auprès de tous types de population, mais il est vrai qu’au sein du CHU de Poitiers, ils sont en poste sur des secteurs gériatriques et, dans une moindre mesure, en soins de suite et de réadaptation. « Lorsque nous recrutons des enseignants APA, nous faisons attention à ce qu’ils connaissent bien le sujet de l’autonomie des personnes âgées avec, pour certaines d’entre elles, des troubles cognitifs en lien avec la vieillesse et le grand âge. Nous choisissons des candidats qui sont familiarisés avec l’activité physique adaptée à la personne âgée », précise Bruno Texereau. Clément MBiakop et Marco Paradiso ont obtenu un master ingénierie de la réadaptation, du handicap et de la performance motrice à l’université de Poitiers. « J’avais déjà suivi en Italie une formation universitaire dans ce domaine basé sur la prévention, c’est-à-dire l’utilisation de l’activité physique pour prévenir la maladie et pour préserver les capacités physiques des personnes âgées sur lesquelles je me suis vraiment spécialisé ». Après une licence en activité physique adaptée, Aurélien Mery a effectué une licence professionnelle spécialisée dans le vieillissement parce qu’il aime le contact avec les personnes âgées. Les enseignants APA travaillent sur prescription médicale, et en collaboration avec une équipe pluriprofessionnelle (animatrices, ergothérapeutes, équipes soignantes, diététiciennes, kinésithérapeutes, etc). « Les enseignants APA ont un rôle important parce qu’ils permettent aux kinésithérapeutes de se recentrer sur des activités pleinement kinésithérapiques et aux patients de garder une activité physique », précise Bruno Texereau.
Plus que de l’activité physique
Amandine Gabillat, Mélissa Demion, Marco Paradiso, Clément Mibiakop, Aurélien Mery et Morgan Ondet ont choisi le métier d’enseignant en activité physique adapté parce qu’il allie le sport et santé. « Passionnée de sport et de santé, je recherchais un métier alliant ces deux domaines et favorisant le contact humain », souligne Amandine Gabillat. Les missions des EAPA sont essentielles pour permettre aux patients et aux résidents de récupérer ou de préserver leurs capacités physiques. Ils doivent adapter les exercices à chaque patient en fonction des capacités physiques et cognitives et de la santé générale de celui-ci. « Les exercices seront effectivement plus ou moins intenses. En SSR, nous allons mettre en œuvre des exercices de renforcement musculaire, d’équilibre ou encore d’endurance selon les capacités et les besoins des patients dans un but de réadaptation. En EHPAD, les séances ont plutôt pour objectif de maintenir l’autonomie du résident et de favoriser le lien social par l’activité physique, lien social qui a un effet positif sur la santé mentale du résident en institution ». Les EAPA font de l’activité physique une méthode thérapeutique non médicamenteuse pour réadapter, pour soulager, et pour éduquer certaines pathologies. Pour motiver les patients et, surtout les résidents, à faire de l’activité physique, les enseignants développent des ateliers destinés à capter l’intérêt de ceux-ci. Amandine Gabillat a mis en place, l’année dernière, des séances de randonnées qui vont être renouvelées en 2024. « Il s’agissait de petites séances de marches adaptées aux capacités des résidents. J’espère que le projet va murir, et que l’on va pouvoir sortir de l’hôpital, essayer de les emmener un peu plus loin pour faire de vrais parcours ». Sur le site de Châtellerault, les enseignants ont pour projet d’organiser des olympiades avec les résidents de l’EHPAD Le Villâge. Marco Paradiso, accompagné par Pauline Dupont, ergothérapeute sur le site de Lusignan, a développé, ces dernières années, différents ateliers avec les résidents : ateliers natation pour des sorties en canoé, ateliers tir à l’arc, ateliers rugby, atelier d’activités physiques avec Ted, le chien, etc. « Nous avons décidé de faire venir un chien à Lusignan parce que beaucoup de nos résidents nous avaient fait part du fait qu’ils avaient dû abandonner leur animal domestique en intégrant l’EHPAD. Ils viennent ainsi plus spontanément faire des exercices physiques avec TED ». Même s’ils estiment que leur métier est encore trop méconnu et sous-estimé, Amandine Gabillat, Mélissa Demion, Marco Paradiso, Clément Mibiakop, Aurélien Mery et Morgan Ondet, en parlent avec passion et n’en changeraient pour rien au monde. « Nous apprécions voir la progression de nos patients, lorsque qu’ils se sentent mieux après nos séances et lorsque leurs capacités s’améliorent. Savoir que nous avons un rôle positif sur le quotidien de beaucoup d’entre eux est très valorisant pour nous ».