Chaque année, près de 40 000 personnes sont touchées par un cancer colorectal. S’il est détecté à un stade précoce, il sera guéri dans neuf cas sur dix. Mars bleu, mois dédié aux cancers colorectaux, est l’occasion parfaite de rappeler que le dépistage peut sauver des vies.
Sous le nom de cancer colorectal sont regroupés le cancer du côlon et le cancer du rectum. Il se développe lentement sur la muqueuse du côlon et du rectum à partir de lésions bénignes pré-cancéreuses appelées polypes. Dans ces polypes peuvent apparaitre des cellules cancéreuses qui grossissent et, parfois, qui migrent dans l’organisme par la circulation sanguine et le système lymphatique pour donner des métastases. Le traitement du cancer colorectal s’appuie essentiellement sur la résection de la tumeur par chirurgie et de la chimiothérapie pour détruire les cellules cancéreuses qui ont déjà migré dans les ganglions ou les métastases. De nombreux facteurs de risques favorisant le développement d’un cancer colorectal, liés au mode de vie notamment, ont été identifiés : alcool, tabac, sédentarité, inactivité physique, surpoids, obésité, alimentation faible en fibre, consommation excessive de viande rouge, graisses animales etc.
Touchant autant les femmes que les hommes, le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent et le deuxième cancer le plus meurtrier en France. Ce sont chaque année près de 43 000 nouveaux cas détectés, responsables de 17 000 décès. Diagnostiqué tôt, le cancer colorectal guérit dans neuf cas sur dix, alors qu’à un stade avancé avec des métastases le taux de guérison est de 10 %. Plus le cancer est détecté tôt, moins les traitements seront lourds et plus grandes seront les chances de guérison. Le dépistage consiste à rechercher du sang caché dans les selles. En effet, la plupart des polypes ou cancers provoquent des saignements difficiles à détecter à l’œil nu. Cette recherche se fait par le biais d’un test de recherche de sang dans les selles, immunologique, à faire chez soi ; un test simple, rapide, indolore et efficace. Il suffit de prélever un échantillon de selles et de l’envoyer au laboratoire de biologie médicale indiqué dans le kit du test immunologique.
Le dépistage du cancer colorectal est essentiel parce que celui-ci peut se développer sans qu’aucun symptôme, ou signe, ne se soit manifesté. « Ce test s’adresse à la fois aux hommes et aux femmes à partir de 50 ans qui est l’âge à partir duquel le risque d’avoir un cancer colo-rectal devient significatif. Ce test, à faire tous les deux ans, est performant puisqu’il permet de détecter des micro-saignements avec une fiabilité de 80%. Si le résultat est positif, la personne doit faire une coloscopie afin de visualiser l’intérieur de l’intestin pour y déceler d’éventuels polypes avant qu’ils n’évoluent en cellules cancéreuses. Cela concerne près de 3% des tests réalisés qui sont positifs. Mais attention, avoir du sang dans les selles n’indique pas forcément que ce soit un cancer », précise le Pr David Tougeron, gastro-entérologue, spécialiste des cancers digestifs. Il est donc conseillé aux hommes et aux femmes entre 50 et 70 ans de faire le test de recherche de sang dans les selles tous les deux ans. En revanche les personnes ayant des antécédents personnels ou familiaux de polypes ou cancer colorectaux ont un suivi adapté directement par coloscopie.
Malheureusement aujourd’hui, seul un tiers de la population française fait ce dépistage. « En tant que centre de recours, nous prenons en charge des patients venant de toute la région Poitou-Charentes. Nous voyons près d’une centaine de patients touchés par un cancer colorectal par an au CHU de Poitiers. Près des ¾ auraient pu être évités s’ils avaient fait le test », souligne le Pr David Tougeron.
Afin de sensibiliser le plus grand nombre au dépistage, les spécialistes du CHU de Poitiers organisent une conférence sur les cancers colorectaux le jeudi 21 mars 2024, de 12h30 à 14h30, salle de conférences Camille-Guérin du bâtiment Jean-Bernard, sur le site de la Milétrie, ouverte à tout public. Au programme : Dr Raphaël OLIVIER : intérêt du dépistage, les polypes et la coloscopie Pr David TOUGERON : prise en charge des cancers colorectaux Dr Sarah ETTOUATI (centre de dépistage des cancers Nouvelle Aquitaine) : démonstration du kit de dépistage |