A 31 ans, le docteur Laura Hatchondo est chef de clinique au sein du service de neurophysiologie clinique – centre du sommeil au CHU de Poitiers. Originaire de Toulouse où elle a effectué ses six années d’externat, la jeune femme est arrivée à Poitiers en 2010. Interne, Laura Hatchondo restera quatre ans en psychiatrie au cours desquels elle a réalisé un master 1 de neurosciences et une année recherche pour la réalisation d’un master 2 de neurosciences qui a permis de poursuivre le travail en neuroimagerie déjà initié dans le master 1. Depuis, elle poursuit ses travaux de recherche sur la technique de spectroscopie par résonance magnétique multi-noyaux cérébrale sous la houlette de Carole Guillevin, ingénieure de recherche, et du professeur Rémy Guillevin, radiologue et directeur du laboratoire de recherche en imagerie DACTIM.
Docteur Hatchondo, pouvez-vous expliquer votre projet de recherche ?
Mes travaux de recherche s’articulent autour des spécialités de neurosciences et de neuroimagerie, et sont principalement basés sur la technique de spectroscopie par résonance magnétique (SRM) multinoyaux cérébrale, séquence d’imagerie par résonance magnétique (IRM). Tout a commencé au cours de mon master 1 et se poursuit actuellement pour ma thèse de sciences. Ces travaux sont encadrés par Carole Guillevin, ingénieure de recherche au laboratoire DACTIM labélisé CNRS, et par le professeur Rémy Guillevin. Nous avons décidé d’utiliser la SRM car il s’agit d’une technique innovante et en pleine expansion, qui permet d’étudier le métabolisme cérébral in vivo, de manière non invasive et non irradiante. Le but de cette technique est de fournir des informations d’ordre biochimique sur la composition des tissus explorés. En effet, les tissus biologiques humains sont composés de métabolites dont la concentration peut varier entre l’état physiologique et pathologique.
Dans quel contexte employez-vous cette technique ?
Du master 1 à la thèse de médecine, l’objectif de mon travail a été de décrire et de comparer les modifications métaboliques cérébrales en SRM multinoyaux (proton et phosphore), dans certaines régions d’intérêt, chez des patients souffrant de troubles obsessionnels du comportement sévères versus un groupe de sujets sains. Actuellement, pour ma thèse de sciences, nous complétons ce travail par une étude de la stabilité des concentrations de métabolites par trois échantillonnages sur 24h chez des sujets sains. Dans l’avenir, nous espérons pouvoir monter des projets de recherche entre neuroimagerie et pathologies du sommeil (ex : narcolepsie, insomnie, syndrome d’apnées du sommeil).
Est-ce que la SRM cérébrale peut être utilisée pour étudier d’autres pathologies ?
Oui, la SRM a déjà été beaucoup utilisée en recherche pour d’autres maladies psychiatriques telles que le trouble bipolaire ou la schizophrénie, mais aussi dans les maladies neurologiques comme la sclérose en plaque. Elle est actuellement utilisée en routine dans le cadre des tumeurs cérébrales. En tous les cas, je reste convaincue que c’est par des projets de recherche multidisciplinaires qu’il sera possible de mieux appréhender les maladies psychiatriques et neurologiques en mêlant clinique, tests neuropsychologiques, neuroimagerie multimodales et génétique. Et ce, dans l’objectif final de pouvoir proposer aux patients une prise en charge plus juste et donc plus efficace.