Questions à Xavier Leleu, chef du service d’hématologie et de thérapie cellulaire

Xavier Leleu, chef du service d'hématologie et de thérapie cellulaire

Ce Bordelais d'origine a fait son externat dans sa ville natale avant de partir à Paris, puis à Lille pour réaliser son internat. Il y réalise une thèse d'hématologie et se spécialise dans le myélome multiple. Il devient chef de clinique au CHU de Lille dans le service d'hématologie, puis s'exile à Boston (États-Unis) en 2004 pour faire de la recherche.  Il revient à Lille en 2008 avec sa thèse de science et devient universitaire, d'abord comme maître de conférence, puis comme professeur en 2015. C'est cette même année qu'il rejoint le CHU de Poitiers en tant que chef du service d'hématologie et de thérapie cellulaire.

Vous êtes un spécialiste du myélome multiple, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est cette maladie ?
Le myélome multiple est un cancer de la moelle osseuse. Nous avons dans cette moelle des cellules qui produisent les anticorps dont l’organisme a besoin pour se défendre contre les infections. Mais il arrive que ces cellules deviennent malignes et se multiplient en très grand nombre, ce qui devient nocif pour le corps, les reins et les os notamment. C’est pourquoi le service d’hématologie travaille en partenariat avec les services de néphrologie, de rhumatologie, de médecine interne, d’infectiologie, de gériatrie, des soins palliatifs, des urgences et de réanimation pour traiter les patients. Ce sont souvent des patients âgés, puisque l’apparition de la maladie se situe la plupart du temps autour de 65-70 ans. C’est pour l’instant une maladie que l’on ne guérit pas mais dont on peut soigner les symptômes, voire les contrôler durablement, et avec laquelle on peut vivre plusieurs années.

Comment êtes-vous devenu un expert de renommée internationale de cette pathologie ?
C’est un ensemble de chose. Ce que j’ai fait aux États-Unis m’a permis d’acquérir des compétences nécessaires pour avoir une carrière internationale, comme de parler couramment anglais ou de pouvoir faire le lien entre la partie clinique et la partie biologique d’une maladie. J’ai aussi eu la chance que mon ancien chef de service, le Pr Thierry Facon, soit un spécialiste de cette maladie, ce qui m’a aidé.

Allez-vous développer la recherche sur cette maladie au CHU ?
La recherche sur cette maladie n’est pas encore d’actualité au CHU, mais des développements sont en cours, principalement dans le domaine des essais cliniques, en s’adossant aux compétences du CIC et du PRC. Sur un plan plus fondamental, j’espère aussi pouvoir explorer des voies de recherche telles que l’immunologie, qui est pour l’instant un pan déserté de la recherche du myélome multiple, mais qui est prometteur et permettrait de travailler en étroite collaboration avec les unités Inserm de Poitiers. La façon de délivrer les médicaments est également un axe de recherche important et j’espère pouvoir travailler avec le chercheur poitevin Sébastien Papot sur ce sujet. Il faut aussi développer la recherche translationnelle et donc créer une tumorothèque et une bancothèque. C’est un travail à long terme, car il requiert de centraliser au CHU le matériel de nombreux patients atteints de myélome multiple en Poitou-Charentes.