Obésité et grossesse

L’obésité a des conséquences à de multiples niveaux sur la reproduction féminine, dès le plus jeune âge.

Obésité et fertilité

Elle peut provoquer, chez les petites filles obèses, une ménarche (âge d’apparition des premières règles) avancée.

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est plus souvent présent chez les femmes en surpoids ou obèses. Il associe une hyperandrogénie (un excès de testostérone), des cycles menstruels irréguliers voire absents et parfois une infertilité.

L’obésité peut provoquer des troubles du cycle menstruel indépendamment de tout SOPK, en lien avec une dérégulation des hormones sexuelles hypophysaires.

Même lorsque les cycles menstruels sont réguliers, l’obésité est associée à un délai de conception allongé. Plus l’indice de masse corporelle (IMC) est important, plus le taux de fécondité est faible.

En cas de désir de grossesse, la consultation pré-conceptionnelle réalisée par le gynécologue-obstétricien et le médecin nutritionniste est indispensable. Sont discutés les objectifs de prise de poids pendant la grossesse, la prise en charge nutritionnelle spécifique, le dépistage des comorbidités (diabète, hypertension artérielle, syndrome d’apnées du sommeil), la prise en charge de l’infertilité si nécessaire, et le choix de la maternité.

Une perte de poids, même modérée (5-10%), permet d’améliorer le profil hormonal et la cyclicité menstruelle.

Obésité et contraception

La contraception chez une femme obèse n’ayant pas de désir de grossesse doit être discutée systématiquement en consultation, et adaptée au niveau de risque métabolique et vasculaire.

En cas de projet de chirurgie bariatrique, la contraception est obligatoire et elle est doit être mise en place en amont de la chirurgie.

Obésité et déroulement de la grossesse

L’obésité sévère a un impact négatif sur la santé de la mère et de l’enfant à naître.

Les complications dépendent à la fois de l’IMC avant la grossesse et de la prise de poids pendant la grossesse.

L’enquête nationale périnatale 2021 constate un taux croissant d’obésité chez les femmes enceintes : 14% sont obèses contre 11,8% en 2016

La femme enceinte est exposée à un surrisque d’hypertension artérielle, de diabète gestationnel, de thrombose veineuse et de dépression anténatale.

Plusieurs études ont montré une augmentation de la fréquence des fausses couches précoces (au premier trimestre) chez les patientes obèses qui ont une grossesse spontanée.

Le nouveau-né est quant à lui exposé à un surrisque de macrosomie (poids de naissance augmenté). Il existe également un surrisque de retard de croissance intra utérin (RCIU), surtout en cas de pathologies maternelles associées (hypertension artérielle, syndrome d’apnées du sommeil,…).

Les complications obstétricales au moment de la naissance sont également plus fréquentes.

Grossesse et chirurgie bariatrique

La grossesse est contre-indiquée dans les 12 à 18 mois suivant l’intervention, jusqu’à ce que le poids soit stabilisé

Au-delà de cette période, la grossesse doit être programmée, les carences vitaminiques doivent être corrigées. Un suivi nutritionnel spécialisé doit être assuré pendant toute la grossesse, idéalement au sein d’un centre spécialisé de l’obésité.

La chirurgie bariatrique concerne une population principalement féminine (80% en 2016)

La perte de poids induite par la chirurgie permet de réduire les complications liées à l’obésité maternelle.

Il faut tout de même noter que le risque de petit poids pour l’âge gestationnel et la prématurité sont augmentés après une chirurgie bariatrique. En revanche, les complications maternelles (notamment prééclampsie et diabète gestationnel) sont nettement réduites, ainsi que le taux de macrosomie fœtale.

Il existe un risque de complications chirurgicales pour la femme enceinte telles que la bascule d’un anneau gastrique ou l’occlusion sur hernie interne après bypass gastrique et autres dérivations.