Le 23 mai 2022, les docteurs Simon Bernardeau et Pierre-Olivier Delpech, chirurgiens urologues, ont réalisé la première transplantation rénale laparoscopique robot-assistée à l’aide du robot chirurgical DaVinci Xi au CHU de Poitiers. Le Dr Bernardeau pratique depuis plusieurs années déjà le prélèvement rénal du donneur par robotique, mais la réimplantation du rein par chirurgie robotique constitue une réelle prouesse technique.
Avantages de l’utilisation du robot DaVinci Xi
Il existe de nombreuses contre-indications à la transplantation rénale, comme l’obésité morbide. La greffe rénale par chirurgie robotique est un acte moins invasif que la chirurgie classique, qui nécessite une incision de 15 à 25 cm. En effet, cette technique ne laisse que quatre mini cicatrices de 0,5 à 5 cm (celle pour introduire le rein). C’est un véritable atout tant sur le plan esthétique que sur celui de la récupération. La chirurgie robotique réduit les complications postopératoires telles que les lymphocèles, les complications vasculaires, et favorise la réhabilitation précoce en diminuant notamment les douleurs post opératoires. Le recours au robot pour la transplantation rénale pourrait donc permettre un élargissement du champ d’accès à cette solution de guérison. Toutefois, l’indisponibilité de la plate-forme robotique en dehors de la chirurgie programmée au CHU ne permet pour l’instant pas d’envisager cette technique en dehors du cadre du don vivant.
L’importance du don vivant pour la transplantation rénale
La greffe permet de vivre presque normalement, quand la dialyse est lourde et contraignante. Il existe aujourd’hui en France une pénurie de greffons, et beaucoup de patients restent en dialyse faute de reins disponibles. Les greffes par donneur vivant sont insuffisantes pour répondre aux besoins, et représentent une minorité des transplantations rénales réalisées en France, se heurtant à de nombreux obstacles. Le don vivant est fondamental puisque les résultats fonctionnels sont significativement meilleurs à long terme qu’avec un greffon de donneur décédé, et qu’il s’agit de greffons très compatibles sur le plan immunologique, diminuant le risque de rejets.
Expertise et collaboration sont indispensables
La réalisation de la transplantation rénale robotique est une technique nouvelle car elle nécessite une expertise sur deux volets : la transplantation rénale et la chirurgie robotique. La première greffe rénale avec assistance d’un robot chirurgical a eu lieu en 2002. Ce n’est qu’en 2015 que cette technique a pris son envol. Elle reste aujourd’hui réservée à des centres experts, comme à Toulouse notamment, équipe pionnière de cette chirurgie, avec une série publiée en 2021 de 29 patients.
Les docteurs Bernardeau et Delpech, chirurgiens urologues depuis plusieurs années au sein du CHU de Poitiers, se sont spécialisés en chirurgie robotique et en transplantation rénale. Pour le chirurgien, c’est la même procédure que pour la chirurgie ouverte mais il faut une grande expertise sur les 2 axes de cette intervention. « Les bras du robot sont comme une prolongation des bras du chirurgien mais il faut comprendre que clamper/déclamper des gros vaisseaux à deux mètres du patient ce n’est pas instinctif !» précise le docteur Bernardeau. De plus « Il faut impérativement une étroite et bonne collaboration entre les services de chirurgie urologique et de néphrologie. Les néphrologues nous ont fait confiance pour cette technique novatrice ». La réalisation de cette première au CHU de Poitiers a été réalisable grâce à un véritable travail collaboratif à la fois entres différents services, mais aussi entre les équipes médicales et paramédicales. « Le travail avec les infirmières de blocs est extrêmement important car ce sont des gestes et des procédures très techniques » tient à souligner le docteur Bernardeau. « Elles se sont d’ailleurs formées avec les équipes d’IBODES de Toulouse ».
Aujourd’hui, les docteurs Bernardeau et Delpech se félicitent que l’opération se soit bien déroulée. Les deux patients, donneurs et receveurs, vont bien. Ils espèrent désormais que cette pratique se démocratise et qu’on puisse élargir les critères d’inclusion dans un processus de greffe, notamment pour les patients obèses.