Même si les cas de tuberculose maladie sont moins nombreux en France par rapport aux pays à risques, près de 4 000 personnes sont tout de même diagnostiquées chaque année sur le territoire. Le centre de lutte antituberculeuse du CHU de Poitiers coordonne la lutte contre la tuberculose sur notre territoire.
Tuberculose : une maladie à déclaration obligatoire
La tuberculose est une maladie provoquée par un bacille appelé mycobactérie du complexe tuberculosis. Elle peut prendre deux formes différentes : la tuberculose latente et la tuberculose maladie. Dans le premier cas, le bacille est présent dans l’organisme pendant plusieurs années, ou même toute la vie, sans se manifester. Si le bacille se multiplie, la tuberculose maladie se déclare, faisant apparaitre des symptômes tels que la fièvre, une toux chronique, des douleurs dans la poitrine, de la fatigue. La tuberculose maladie affecte principalement les poumons mais elle peut également atteindre d’autres organes. Le malade peut être contagieux, la maladie se transmettant par voie aérienne. Le dépistage se fait par le biais d’une radiologie des poumons et de tests immunologiques, soit un teste intradermique (IDR), soit un test de libération d’interferon gamma par prise de sang. Une fois diagnostiquée, la tuberculose, qu’elle soit latente ou maladie, bénéficie de traitements efficaces à base d’antibiotiques. Les cas diagnostiqués doivent faire l’objet d’une déclaration obligatoire auprès de l’Agence régionale de santé . La tuberculose est présente dans toutes les régions du monde avec près de 10 millions de personnes malades. Mais, sont particulièrement touchées, l’Asie du Sud-Est (43 % de tous les nouveaux cas), la région Africaine (25 %) et la région du Pacifique occidental (18 %)[1]. En France, les cas sont bien moins nombreux que dans les pays dits à risques avec 4 306 cas de tuberculose maladie déclarés en 2021. Les catégories de la population identifiées comme les plus affectées sont les personnes sans domicile, les personnes détenues et les personnes nées hors de la France. Les cas de tuberculose dans la Vienne sont d’environ 20 par an, pris en charge la plupart du temps par le CLAT, le service de maladies infectieuses, ou le service de médecine de Châtellerault.
Tuberculose : une maladie sous haute surveillance
Afin d’éviter les épidémies de tuberculose, des centres de lutte antituberculeuse (CLAT) ont été mis en place sur tout le territoire national. Sous l’autorité des Agences régionales de santé, ils ont pour vocation de mettre en œuvre et coordonner la lutte anti tuberculeuse au niveau local. Le CHU de Poitiers dispose d’un CLAT qui est constitué d’un médecin coordonnateur, le Dr Mylène Gilbert, pneumologue, d’une infirmière, Annie Tesserault et d’une secrétaire, Emeline Marquet. Les principales missions du centre sont le dépistage, les enquêtes autour de cas de tuberculose, la vaccination, la prévention et l’information du public. « La forme la plus fréquente de la tuberculose est latente. Quand la personne est en bonne santé, elle développe une immunité qui permet d’endormir la mycobactérie. Elle n’est alors pas contagieuse. L’intérêt du dépistage est justement de traiter de manière préventive ou de faire le suivi du patient pendant deux ans pour le traiter le plus rapidement s’il venait à développer la tuberculose maladie et éviter les formes contagieuses », souligne le Dr Mylène Gilbert. Le CLAT effectue des dépistages auprès des populations à risque principalement les demandeurs d’asile, migrants ou réfugiés, les populations précaires, et les étudiants étrangers. L’enquête autour d’un cas de tuberculose maladie constitue également l’une des stratégies principales de lutte contre la maladie. Tout cas de tuberculose maladie fait l’objet d’une déclaration obligatoire, et le CLAT fait alors le point auprès du patient pour établir une liste complète et proposer un dépistage auprès des personnes avec lesquelles il a été en contact. Le CLAT est également en charge de la vaccination par le BCG, seul vaccin protégeant contre la tuberculose. Obligatoire jusqu’en 2007, elle n’est aujourd’hui recommandée que pour les enfants à risque. « Nous vaccinons les enfants dont les parents sont originaires des pays à risque ou les enfants qui vont voyager dans des pays à risques. Idéalement à partir d’un mois et avant les six ans. Des parents la demandent parfois spontanément mais très peu sont informés de l’existence de ce vaccin qui n’est délivré qu’à l’hôpital », précise le Dr Mylène Gilbert. Responsable du CLAT depuis 2020, celle-ci apprécie cette façon de travailler différente de la pneumologie classique : « Nous sommes plutôt dans un rôle de prévention ce qui est particulièrement intéressant. Nous allons au contact des personnes pour faire du dépistage en dehors de l’hôpital. Nous allons jusqu’à Châtellerault et Loudun. Nous rencontrons des gens de différents horizons. Ce travail représente également une importante part sociale et la création des liens avec tous les partenaires qui agissent auprès des populations à risque ».
[1] Chiffres de 2021 de l’Organisation mondiale de la santé.