16èmes Assises hospitalo-universitaires : CHU et Universités au rapport !

Le territoire. C’est une notion qui est revenue très souvent dans les échanges de ces 16e assises hospitalo-universitaires, ces jeudi 13 et vendredi 14 décembre au palais des congrès du Futuroscope. L’événement s’est déroulé ici même, fief du président de la conférence des directeurs généraux des CHU de France, Jean-Pierre Dewitte. A l’issue de son mandant de trois ans, il passera le flambeau, à Catherine Geindre, directrice générale des Hospices civils de Lyon.

Pour en revenir au territoire, il s’agit d’un axe de travail fort auquel Robert Debré, le père des CHU, faisait déjà référence en 1973 : « L’hôpital, centre de la santé, doit en effet recevoir tous les habitants de la ville au cours de leur existence et à maintes reprises. » La prise en charge des patients, l’accès aux soins, l’enseignement et la recherche sont autant d’autres thématiques abordées dans le rapport, « le CHU de demain », remis vendredi matin à Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et à Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Ces dernières étaient présentes à la clôture des assises qui regroupaient, pour la toute première fois, les six conférences du monde hospitalo-universitaire : les directeurs généraux de CHU, les présidents des commissions médicales d’établissement de CHU, les présidents d’université, les doyens des facultés de médecine, de pharmacie et d’odontologie. « Nous avons entre les mains un rapport qui traduit bien le foisonnement des idées émises par les six conférences hospitalo-universitaires. Les CHU sont, plus que jamais, les garants de la connaissance en santé et de la formation », insiste Agnès Buzyn qui renouvelle son soutien aux établissements de santé en assurant « qu’aucune suppression de CHU n’est envisagée ». Jean-Pierre Dewitte abonde en ce sens : « le ministère de la Santé ne va pas réduire le nombre de CHU mais il va falloir travailler sur un réseau territorial où chacun va garder ses spécialités et ses sur-spécialités. Nous sommes dans une époque où nous ne pouvons plus travailler seuls dans notre coin : nous devons tous regarder dans la même direction. Notre but va être d’orienter le patient là il sera le mieux soigné en fonction de sa pathologie. »

Cinq propositions ressortent du rapport « le CHU de demain » afin d’en faire évoluer le modèle. Le premier axe repose sur la transformation de la synergie entre CHU et université. Le deuxième axe investit les CHU et les universités d’une responsabilité territoriale en matière de soins, de prévention, de formation, de recherche et d’innovation. Il y est fait mention d’une « territorialisation des équipes médicales, d’un label pour ces dernières mais aussi pour des maisons de santé pluriprofessionnelles ou des centres de santé ». Le troisième axe réaffirme la place des acteurs de santé et le sens de leur métier. L’hôpital bouge et il ne pourra entamer cette marche en avant qu’en repensant les carrières de ses agents : médecins, soignants, formateurs, techniciens… Avant dernier et quatrième axe de travail : la formation. Identifier les nouveaux métiers, expérimenter de nouvelles pratiques d’enseignement, favoriser la formation à la recherche et rayonner à l’international sont autant d’enjeux que les CHU et les universités vont devoir gagner. Enfin, le cinquième axe repose sur la recherche à la fois clinique et fondamentale. « Les centres de recherche ne se situent pas uniquement dans les grandes métropoles. A Poitiers, nous affichons quatre équipes labellisées Inserm et une CNRS qui travaillent sur des niches médicales. Le travail des CHU et des universités est aussi de faire émerger de petites équipes et de renforcer les programmes déjà en place », assure Jean-Pierre Dewitte. Robert Debré martelait que « l’hôpital de demain doit être tout autre chose que l’hôpital d’aujourd’hui ». En soixante ans, l’hôpital a évolué et a permis d’innover autour de techniques médicales et de traitements thérapeutiques. Mais aujourd’hui, plus que jamais, c’est le patient qui est au cœur de l’hôpital de demain car c’est lui, au final, l’acteur de sa propre santé.