Questions à Raphaël Thuillier, chercheur en biochimie

Questions à Rapahël Thuillier, chercheur en biochimie

Raphaël Thuillier est ingénieur de recherche pour le service de biochimie, détaché au sein l’unité Inserm U1082 du Pr Thierry Hauet depuis 2008*. Nommé MCU-PH en biochimie à la rentrée, il intègre en parallèle le laboratoire de biochimie du CHU. Ce scientifique de formation a étudié la biologie cellulaire et physiologique en Normandie, avant de mettre le cap sur les Etats-Unis où il a passé sa thèse. C’est suite à la rencontre avec le Pr Hauet, alors post-doctorant à l’université Georgetown à Washington, qu’il s’intéresse à la recherche translationnelle, approche qu’il a approfondie pendant trois années post-doctorales à l’institut national de la santé (NIH) aux Etats-Unis.

Quels sont les axes de recherche de l’équipe Inserm U1082 ?
Nous travaillons sur l’amélioration des conditions de la transplantation d’organes, en étudiant plus particulièrement les syndromes liés à l’ischémie-reperfusion. Il s’agit du stress subi par l’organe entre le moment de l’ischémie, lorsqu’il est prélevé sur le donneur et coupé du circuit sanguin, et celui où il est réimplanté, lorsque l’on procède à la reperfusion sanguine. L’organe est conservé hors du corps dans de la glace, parfois pendant plus de 24h pour le rein. Différents processus se mettent en place et influencent de façon majeure la qualité du greffon, et donc le comportement de l’organe à la reperfusion. En lien avec le service de réanimation, nous étudions également ce qui se passe avant l’ischémie au niveau du donneur.

Quels sont les enjeux de vos travaux sur l’ischémie-reperfusion ?
L’intérêt est de mieux connaître les phénomènes lésionnels de façon à mesurer leur activation et quantifier la qualité de l’organe, pour apporter un traitement personnalisé au receveur. A plus long terme, l’objectif est de mettre en place des moyens de traiter l’organe, avant la greffe, pour augmenter sa qualité. Idéalement, nous pourrons à l’avenir utiliser des organes actuellement refusés en raison d’une qualité jugée insuffisante. Il faut savoir que 10 à 20% des organes prélevés et transportés ne sont pas sélectionnés, alors que les besoins sont grands à travers le monde : en moyenne, un quart seulement des demandes de patients sur liste d’attente sont aujourd’hui satisfaites.

Comment mettez-vous à profit votre spécialité en recherche translationnelle ?
La recherche translationnelle vise à trouver comment appliquer ce que l’on a découvert en laboratoire à des technologies thérapeutiques ou diagnostiques chez le patient. C’est dans cette optique que j’intègre le laboratoire de biochimie : à partir des connaissances développées au laboratoire de l’Inserm, nous allons chercher à mettre en place des outils de diagnostic de la qualité des greffons à l’hôpital.

Votre unité est-elle la seule à étudier ces problématiques ? Comment les recherches sont-elle organisées ?
D’autres centres de recherche en France travaillent aussi sur la transplantation d’organe et l’ischémie-reperfusion. Nous nous inscrivons dans différents réseaux nationaux, européens et internationaux. Au niveau local, en 2014, nous avons intégré la dynamique de la fédération hospitalo-universitaire SUPORT (SUrvival oPtimization in ORgan Transplantation), relative aux greffes et conservation d’organes, coordonnée par le Pr Thierry Hauet, associant des équipes des CHU de Poitiers, Limoges et Tours.

* L’unité U1082 a succédé en 2012 à l’unité U927, dirigée par le Pr Gérard Mauco.