Pose de pacemaker sans sonde : une innovation majeure réalisée au CHU de Poitiers

Pacemaker sans sonde

« Le pacemaker sans sonde, c’est un tournant ! Il nous fait entrer dans une nouvelle ère pour la stimulation cardiaque », affirme le Dr François Le Gal, cardiologue au CHU de Poitiers. Le praticien a posé un de ces nouveaux pacemakers mi-novembre au CHU, une première en Poitou-Charentes.

Pour bien comprendre la portée de cette innovation, il faut connaitre le fonctionnement classique d’un pacemaker traitant les rythmes cardiaques lents. « Les pacemakers standards sont composés d’un boitier, posé sous la peau au dessous de la clavicule, contenant une pile, dont le rôle est de fournir des impulsions électriques en prenant en compte l’activité naturelle du cœur, et d’une ou plusieurs sondes chargées d’acheminer les impulsions électriques jusqu’au cœur, explique le Dr Le Gal. » Or, ces sondes peuvent être sujettes à des infections et des déplacements ou causer des phlébites ou des thromboses. Le boitier peut entraîner une érosion cutanée et s’extérioriser. Il est par ailleurs une entrave à la pratique de certains sports et activités qui sollicitent le bras implanté. De plus, l’intervention pour poser ce matériel nécessite une incision de plusieurs centimètres.

Plus de contre-indication d’activités

A gauche, le boitier d'un pacemaker standard, à droite un pacemaker sans sonde et, autour, une sonde.
A gauche, le boitier d’un pacemaker standard, à droite un pacemaker sans sonde et, autour, une sonde.

Le pacemaker sans sonde, dénommé Micra, est appelé à remplacer les pacemakers mono sonde ventriculaire. Il peut être posé directement dans le cœur, contre la paroi du ventricule droit, grâce à sa petite taille (il mesure 2,2 cm sur 0,4 cm et ne pèse que 2 g), délivrant directement les impulsions électriques nécessaires. Non seulement l’absence de sonde permet de supprimer les risques d’infections et de thromboses, mais en plus, l’intervention, réalisée sous anesthésie locale, ne nécessite plus qu’une petite incision au niveau de la cuisse, endroit à partir duquel le pacemaker va être introduit dans la veine fémorale puis remontée jusqu’au cœur. Cette opération mini-invasive permet de réduire la durée d’hospitalisation de moitié et de limiter les soins post-opératoires à domicile. Le patient ne ressent aucune gêne et aucune contre-indication d’activités ne lui est imposée. En outre, le pacemaker sans sonde Micra est compatible avec l’IRM.

Radiographie d'un patient implanté avec un pacemaker standard : un boitier et une sonde.
Radiographie d’un patient implanté avec un pacemaker standard : un boitier et une sonde.
Radiographie d'un patient implanté avec un pacemaker sans sonde.
Radiographie d’un patient implanté avec un pacemaker sans sonde.

« Ce type de pacemaker a une longévité de dix ans, indique le Dr Le Gal. Comme c’est un matériel qu’on ne peut pas retirer, on doit ajouter un nouveau à côté de celui déjà en place quand la batterie est usée. Pour le moment, on sait que l’on ne peut pas en poser plus de trois les uns à côté des autres, ce qui explique qu’on ne propose pas le Micra aux patients jeunes. »

Un tiers des 450 pacemakers posés au CHU de Poitiers pourrait à terme bénéficier de ce type de pacemaker. « Le Micra est proposé au patient ayant besoin d’un pacemaker ventriculaire et qui n’ont jamais été implanté. Généralement, les patients sont partisans de la technologie et sont convaincus quand on leur explique qu’ils n’auront pas de contre-indication pour continuer leurs activités. » Pour l’instant, environ 3 000 personnes dans le monde sont équipés d’un pacemaker sans sonde.