Questions à Tanguy Vendeuvre, chirurgien en orthopédie-traumatologie

Tanguy Vendeuvre, chirurgien en orthopédie-traumatologie

Chef de clinique au CHU de Poitiers, le docteur Tanguy Vendeuvre, 34 ans, est chirurgien en orthodépie-traumatologie. Originaire des Yvelines, il intègre l’établissement en 2009 pour son internat. A la fois spécialiste en déformation (scoliose) et en traumatologie du genou, le docteur Vendeuvre mène deux projets de recherche dont un qui bénéficie d’un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) national pour 2017. Il travaille en collaboration avec Cyril Brèque et Arnaud Germaneau, biomécaniciens de la faculté de médecine de Poitiers, et le laboratoire Prismatics du CHU de Poitiers, sous la houlette du Pr Philippe Rigoard.

Docteur Vendeuvre, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre activité médicale au sein du CHU de Poitiers ?
Je suis chef de clinique en orthodépie-traumatologie et en unité rachis depuis 2014. Mon activité médicale concerne principalement la colonne vertébrale et, en particulier, le traitement de la scoliose chez l’adolescent et la personne âgée. Il faut savoir que la déformation touche 3% des jeunes, en particulier les filles, mais beaucoup de personnes développent une scoliose une fois l’âge adulte atteint. C’est une maladie génétique mais pas forcément transmissible par hérédité. Disons que si vos parents souffrent d’une déformation, il y a une possibilité pour que vous en développiez une, mais ce n’est pas déterminé.

Vous êtes aussi spécialiste en traumatologie du genou. Vous avez obtenu un programme hospitalier de recherche clinique pour votre projet de recherche dans ce domaine, pouvez-vous nous en dire plus ?
Avec l’aide de Cyril Brèque et d’Arnaud Germaneau, biomécaniciens au laboratoire d’anatomie de la faculté de médecine, j’ai développé un système de traitement chirurgical dérivé des vertèbres pour le genou. Très simplement, il s’agit d’insérer un ballon, sous cœlioscopie, dans l’os endommagé et de le gonfler pour réduire les fragments. C’est une technique moins invasive car, au lieu d’avoir une cicatrice de 7 centimètres, le patient n’a qu’un centimètre. Non seulement c’est plus esthétique, mais cela réduit la douleur, le temps de rééducation et favorise une meilleure qualité de réduction de la fracture. Il faut avoir conscience que le genou est la plus grosse articulation du corps humain et qu’elle supporte tout son poids : il est important d’avoir de bons résultats. Pour cela, je suis soutenu par le Pr Philippe Rigoard et le laboratoire Primastics pour réaliser des essais sur des patients vivants. Cette technique est en phase d’essai clinique dans quinze autres CHU. J’ai conscience d’avoir beaucoup de chance car je dispose de tous les moyens nécessaires et de tous les appuis.

Vous êtes aussi en train de travailler sur l’utilisation de cellules souches pour les pathologies de la colonne vertébrale ?
Oui, le but est de ponctionner de la moelle osseuse dans la crête iliaque et d’en extraire des cellules souches. Ces cellules souches sont réintroduites dans les vertèbres pour soigner les arthrodèses lombaires. L’intérêt des cellules souches est qu’elles sont indifférenciées et qu’elles peuvent s’adapter à l’environnement dans lequel elles sont intégrées. L’étude pilote sur patients doit débuter cet été, pour aboutir, je l’espère, à une étude multicentrique dans plusieurs CHU.