Former aux soins d’urgence : « s’inspirer du terrain »

Formation CESU 86

Le centre d’enseignement des soins d’urgence (CESU86) du CHU de Poitiers, situé dans le bâtiment des urgences du site de la Milétrie, propose tout au long de l’année des formations sur le thème de l’urgence, à la fois aux professionnels de santé du CHU, d’autres structures de santé, ou libéraux, mais également au grand public. Cette année, avec le renouvellement d’une partie de l’équipe du centre, un vent de nouveauté souffle sur la structure.

Un centre dynamique, aux outils innovants

Le CESU forme le personnel travaillant dans les établissements de santé et les étudiants en santé aux gestes et soins d’urgence, mais aussi le grand public. « Nous adaptons nos formations aux besoins de la personne ou du service demandeur, et nous construisons ensemble les objectifs. » explique le Dr Nicolas Marjanovic, responsable médical du CESU86. Selon la demande formulée, le CESU organise les formations dans ses locaux, ou bien sur le lieu de travail du demandeur. « On se déplace notamment dans beaucoup de structures médico-sociales pour y former les professionnels », indique le Dr Nicolas Marjanovic.

Bien loin du cours magistral, le CESU multiplie les supports d’apprentissage, l’objectif étant de faciliter l’apprentissage et la mémorisation des informations, en plaçant autant que possible l’apprenant en situation. « Notre rôle de formateur, c’est aussi d’intégrer la simulation dans le temps de formation », souligne Gladys Bidault-Lucas, formatrice permanente au CESU86.  Exemple avec le dispositif TRIASIM, pour des formations à la prise en charge d’urgence. Sous forme de cartes scénario aimantées, cette valise permet de simuler des interventions, et d’y associer les bonnes prises en charge. « Il y a des aimants pour les moyens de secours présents sur les lieux, pour les substances administrées au patient, pour le matériel utilisé… Cela permet de visualiser davantage ». A l’affût des dernières technologies, l’équipe du centre aimerait aller encore plus loin en intégrant les outils numériques à ce type de dispositif ludique.

Le CESU s’est également doté récemment d’un mannequin plus vrai que nature, prénommé Huguette. L’éventail de formations possibles sur ce dispositif est très large, et permet de s’adapter aux besoins des apprenants et d’être au plus près de la réalité. Dans ce même objectif, le CESU utilise les enregistrements des appels au 15 pendant les formations, « ce sont de vraies situations, des cas concrets sur lesquels s’appuyer », souligne Maryse Dancla. Les enregistrements sont sélectionnés afin d’entrer en adéquation avec les objectifs de la formation, « c’est s’inspirer du terrain pour mettre à jour ses connaissances ».

mannequin huguette

En matière d’apprentissage par la simulation, le CESU86 travaille en partenariat avec le centre de simulation de l’Université de Poitiers, l’ABS Lab, située aux portes du site de la Milétrie, dans les locaux de la faculté de médecine et de pharmacie. Task-trainers, mannequins haute-fidélité, simulation in situ, autant de dispositifs pédagogiques utilisés pour former au plus près du terrain. Au programme pour 2023 : développer encore ce partenariat, et surtout la simulation in situ, au sein-même des services.

« Le CESU, c’est aussi de l’événementiel », précise Maryse Dancla. Chaque année, le centre participe à diverses manifestations, comme 500 Ferrari contre le cancer, ou la journée de la sécurité routière, par exemple. Les formateurs y proposent des ateliers de formation aux gestes et soins d’urgence, ouverts à tous. « Se former aux gestes de premier secours, c’est utile pour tous », souligne Maryse Dancla, et ce quels que soient la profession ou l’âge des participants. « C’est rassurant de savoir quoi faire lorsque quelqu’un s’étouffe ou fait un malaise par exemple ».

En savoir plus sur les formations du CESU86

  

Projets

L’équipe d’encadrement du CESU s’est récemment renouvelée, début 2022, avec la nomination du Dr Nicolas Marjanovic, qui succède au Dr Pierre Vandingenen en tant que responsable médical du CESU86, et avec l’arrivée de Jean Lucrezia, directeur adjoint des ressources humaines, en charge de la formation. Ils viennent compléter l’équipe composée de Maryse Dancla, cadre de santé, Gladys Bidault-Lucas, infirmière formatrice permanente, et Emeline Grandin, secrétaire. « Avec ces changements d’équipe, de nouveaux projets et défis se profilent », indique Maryse Dancla, cadre de santé du CESU86.

En ligne de mire, le développement de l’activité du CESU sur le site hospitalier de Châtellerault. « Une antenne existe déjà sur ce site, avec 6 formateurs dédiés », indique Maryse Dancla. Les formations dispensées actuellement accueillent en majorité des professionnels du CHU, l’équipe aimerait donc élargir l’activité aux professionnels extérieurs, comme notamment ceux de la clinique privée, ou des établissements médico-sociaux. « Pour cela, il faudrait que l’on augmente le nombre de formateurs », ajoute le Dr Nicolas Marjanovic. Un nouveau formateur arrivera d’ailleurs cette année pour compléter l’équipe.

De manière plus large sur le territoire, le CESU86 souhaite développer l’offre de formations déjà dispensées aux professionnels des établissements médico-sociaux, et ce gratuitement grâce à l’enveloppe délivrée par l’Agence régionale de santé.

Le renforcement de l’offre de formations aux situations sanitaires exceptionnelles (SSE) et aux risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques (NRBC) fait également partie des axes d’évolution du CESU, afin de répondre aux objectifs nationaux en la matière. Le CESU a d’ailleurs pour mission de former des activateurs de zone, qui constituent des renforts en cas de survenue d’une catastrophe NRBC sur tout le territoire. « Cette formation est ouverte à tous, il n’est pas nécessaire d’être un professionnel de la santé », explique Maryse Dancla. Ces activateurs suivent une formation initiale au CESU, puis une demi-journée de réactivation des connaissances tous les ans.

Enfin, le CESU86 a pour objectif de développer les formations généralistes, destinées au grand public, comme par exemple des formations aux allergies pour les personnels scolaires ou périscolaires, ou les formations aux premiers secours auprès des mairies.

Devenir formateur : c’est possible !

Si les projets et ambitions ne manquent pas au CESU, toutes ces évolutions nécessitent une augmentation du nombre de formateurs. « Aujourd’hui, on a atteint un plafond, en termes de nombre de formations dispensées », explique le Dr Nicolas Marjanovic, « pour le dépasser, on a besoin d’étoffer notre équipe de formateurs ».

Au CHU de Poitiers, les professionnels des services d’urgences (soins intensifs, salle de surveillance post interventionnelle, urgences, réanimation) peuvent devenir formateurs au sein du centre d’enseignement des soins d’urgence (CESU). « Avoir la possibilité d’ajouter cette casquette de formateur à ses missions est une vraie chance », souligne Maryse Dancla, cadre de santé du CESU86. Mais il est également possible de devenir formateur si l’on est un professionnel de santé extérieur au CHU.

Pour devenir formateur, il faut suivre la formation proposée chaque année par le CESU, et qui consiste à acquérir des outils de pédagogie, pour articuler ses connaissances et les transmettre de manière efficace aux apprenants. En effet, les connaissances, les professionnels les possèdent déjà. Ils les mobilisent au quotidien, dans leur service. Il s’agit de leur apprendre à transmettre ce savoir-faire. « Être formateur, c’est un partage de connaissances auprès d’un public varié » précise Gladys Bidault-Lucas, formatrice permanente, « c’est créer et gérer une dynamique de groupe, et c’est intégrer la simulation dans le temps de formation. ». Un beau challenge, qui permet aussi de sortir de ses missions habituelles. « On n’a pas cette possibilité partout, c’est très enrichissant ! », ajoute Maryse Dancla.

Un grand nombre de professions sont concernées – infirmiers, infirmiers-anesthésistes, aides-soignants, ambulanciers, médecins. « Malheureusement, les professionnels ne sont pas forcément au courant de l’existence de cette formation », déplore Maryse Dancla. Et pourtant, le besoin en formateurs est grand ! « On a déjà un calendrier de formations bouclé jusqu’en janvier », appuie le Dr Nicolas Marjanovic, « ce qui nous limite, c’est le nombre de formateurs ».

Au nombre de 38 cette année, ils seront rejoints par 12 nouveaux professionnels inscrits pour la formation.  Ce nombre permet aujourd’hui de réaliser deux sessions de formation en simultané : l’une sur site, et l’autre en extérieur, grâce au véhicule dédié au CESU qui permet le transport du matériel et des équipes. « Parfois, on arrive à atteindre 3 sessions simultanées, et on aimerait à terme pérenniser cette organisation, si le nombre de formateurs le permet », explique le Dr Nicolas Marjanovic.

Plus d’informations sur le CESU86