Episode 2 – Autour de l’IRM 7 TESLA : Geneviève Gaschard, directeur du service biomédical

Geneviève Gaschard, directeur du service biomédical au CHU de Poitiers, a répondu à nos questions au sujet de l'IRM 7 Tesla.

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Comment avez-vous coordonné l’acquisition de l’IRM 7 Tesla ?

D’un point de vue biomédical, cette acquisition a nécessité une démarche particulière, puisque nous avons réalisé un marché d’exclusivité avec la société Siemens
Healthineers. En effet, elle est la seule à détenir le marquage CE Médical pour la neurologie et l’ostéoarticulaire. La société a répondu à nos besoins avec une configuration de l’équipement répondant précisément à nos attentes, notamment au niveau des antennes. Les antennes de l’IRM 7 Tesla ont été sélectionnées en vue de répondre aux examens cliniques mais aussi aux projets de recherche qui seront réalisés exclusivement au sein de notre établissement. Ce marché a été étudié en juillet 2018, et lancé dès que nous avons reçu l’accord de l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine pour l’acquisition de l’IRM 7 Tesla. D’un point de vue technique, l’acquisition d’un équipement comme l’IRM 7 Tesla implique de nombreuses contraintes. Tout d’abord à cause de son poids, de près de 20 tonnes, et son encombrement qui a donc nécessité un important dispositif lors de sa livraison, à l’aide d’une grue, afin de faire passer l’aimant par le toit du bâtiment construit pour l’accueillir. Ce nouveau bâtiment a lui aussi été sérieusement étudié pour répondre aux contraintes que l’IRM 7 Tesla peut à la fois entrainer sur l’environnement proche, de par son champ magnétique, mais aussi les perturbations engendrées par l’extérieur et pouvant entrainer des modifications de réception de signal pour le fonctionnement de l’IRM. Quand elle sera «montée en champ», c’est-à-dire après la mise en activation de l’aimant, elle sera extrêmement sensible à tout ce qui pourra modifier ou perturber son énergie. Une étude d’installation a donc été menée afin d’éliminer toute charge métallique en mouvement au sein, et autour du bâtiment (ascenseur, groupe électrogène, camion à une distance de moins de 10m...) pour éviter des modifications de l’homogénéité du champ magnétique de l’IRM 7 Tesla.

 

L’IRM 7 Tesla envoie également d’autres contraintes, notamment d’ordre sécuritaire magnétoprotection, dont il faut prendre compte pour éviter tout désagrément pour les usagers. Le personnel utilisateur reçoit une formation ad hoc afin de garantir l’utilisation dans de bonnes conditions de l’IRM 7 Tesla. De plus, un écrin de 12 tonnes de fer doux permet de limiter les lignes de champ magnétique à l’extérieur du bâtiment. De même, une cage de Faraday a été construite
pour protéger la machine de tout ce qui pourrait altérer à la fois son champ magnétique mais aussi des perturbations dues aux signaux de radiofréquence, qui sont tout autant sensibles et perturbateurs. Cette acquisition a été l’une des plus importantes d’un point de vue financier et technique. Elle a aussi été délicate pour les équipes de la direction des constructions et du patrimoine du CHU, avec qui nous avons œuvré au quotidien sur ce projet dans un bon esprit de collaboration. Cette opération a été réalisée en un temps record, malgré les lourdes contraintes de construction et de livraison.