Les personnes âgées sont fortement impactées par les effets de la crise sanitaire. Considérées à risques, elles sont soumises à des périodes de confinements qui peuvent engendrer des effets négatifs. L’intervention d’une socio-esthéticienne dans les services de gériatrie des sites de Poitiers et de Lusignan, ne sera que bénéfique pour les patients et les résidents en cette période d’isolement. C’est Emmanuelle Forestier qui en assurera la pratique.
Une profession peu connue
Profession encore trop méconnue notamment en milieu hospitalier, la socio-esthétique est pourtant un soin complémentaire et bienfaiteur dans la prise en charge globale des patients. Elle nécessite une formation professionnelle pour une intervention adaptée. Emmanuelle Forestier a été formée à l’école de socio-esthétique du CHU de Tours, référence en secteur hospitalier, pour obtenir son diplôme au cours d’esthétique à option humanitaire et sociale (CODES) en janvier 2019. Depuis février 2020, elle partage son temps entre différents services : 50% en gériatrie, 30% en gynécologie et 20% en onco-pédiatrie[1].
L’esthétique au service des résidents
La socio-esthétique est une pratique de soins esthétiques appropriés aux personnes fragilisées ou en souffrance qui sont atteintes dans leur intégrité psychique et physique : « Si le patient exprime son mal être autour d’un ressenti corporel, je vais adapter des soins de confort, de bien-être et de détente. Si à l’inverse, la personne exprime son mal-être plutôt autour de l’estime d’elle-même, manque de confiance en soi, je propose plutôt des soins autour de la mise en valeur », précise Emmanuelle Forestier. Au quotidien, elle s’adapte à ses différents publics : « Accompagner ces personnes reste varié car les fragilités ne sont pas les mêmes. Parfois, je vais proposer une approche sur des résidents qui a parfaitement fonctionné sur des enfants. Mais quoi qu’il en soit, ma manière de procéder va être la même. Intervenir sur différents services est une vraie richesse ».
Dans les services de gériatrie, les principales missions de la socio-esthéticienne vont être de proposer des soins aux patients ainsi qu’aux résidents : « Il s’agit de leur apporter un véritable accompagnement par le soin, de confort et de bien-être, par l’écoute, active et non médicale, et par le toucher dans une approche polysensorielle favorisant la réconciliation avec son corps et/ou son image de soin ». Emmanuelle Forestier va cibler les personnes qui font peu de demandes, qui ont tendance à se replier sur elles-mêmes ou à s’enfermer dans leur chambre, à exprimer un mal-être psychique. L’orientation et la demande de soins pourra être formulée par les soignants des unités. « Le rapport au toucher pour toutes personnes est délicat, intime ; c’est pourquoi prendre le temps d’écouter, leur laisser la possibilité d’avoir le choix est essentiel. J’ai la chance dans mon métier de pouvoir prendre du temps afin d’établir une relation de confiance avec les patients. Le fait de n’être ni médecin ni psychologue peut faciliter la relation », souligne-t-elle.
L’esthétique un soin parmi d’autres
La socio-esthétique est reconnue comme soin de support et comme médiation psycho-corporelle. Elle améliore la qualité de vie et le mieux-être du patient lors de son hospitalisation. Comme le souligne Emmanuelle Forestier, la socio-esthétique fait partie des soins tout comme elle-même fait partie de l’équipe pluridisciplinaire. « Le travail en équipe est essentiel pour que je puisse offrir l’approche la plus adaptée au patient. En gériatrie, les patients accueillis sont très nombreux. J’ai besoin des aides-soignantes et des infirmières, des médecins, ASH, kiné, psychologues… En somme, de chaque intervenant pour connaître parfaitement l’état général et les habitudes du patient. A l’inverse, je peux aussi alerter les équipes médicales sur le mal-être de l’un d’entre eux et apporter des précisions », précise-t-elle. Emmanuelle Forestier a encore tout à mettre en place en gériatrie. Mais, sur son visage masqué, ses grands yeux bleus très expressifs témoignent de sa passion pour son métier. Elle aspire à « faire connaitre son beau métier trop peu connu ».
[1] Le service d’onco-pédiatrie n’est pas rattaché au pôle régional de cancérologie où exerce Malorie Proust, mais elles travaillent en lien l’une avec l’autre.