Un vaccin pour arrêter de fumer ?

Arrêter de fumer

Le centre d’investigation clinique (CIC 1402) du CHU de Poitiers mène en ce moment la deuxième phase de recherche sur un traitement innovant pour arrêter de fumer. Le Dr Claire Lafay-Chebassier coordonne cette étude. Elle est pharmacienne pharmacologue au sein du service de pharmacologie clinique et vigilances du CHU de Poitiers et pharmacienne déléguée du CIC 1402.

Le tabac pour arrêter de fumer

A ce jour, les options pharmacologiques pour arrêter le tabac se limitent à 3 médicaments dont les substituts nicotiniques disponibles sous forme de patchs ou sous forme orale. Le traitement à l’étude est novateur pour deux raisons.

Premièrement, le produit, le NFL-101, a un taux de nicotine extrêmement faible. Il contient en effet un extrait protéique de feuilles de tabac, et pour cause ! Son utilisation première était de désensibiliser les travailleurs du tabac devenus allergiques. C’est en 2004 que l’on s’est aperçu qu’il aidait également à arrêter de fumer. NFL Biosciences, le laboratoire produisant la substance, a donc développé un produit dérivé, dédié cette fois-ci à l’arrêt du tabac.

Deuxièmement, le NFL-101 est injecté sous la peau, à la manière d’un vaccin. Deux injections sont réalisées à 7 jours d’intervalle. La ressemblance avec un vaccin ne s’arrête pas là. Si le mécanisme d’action exact de cette substance n’est pas encore connu, il passerait par une réaction du système immunitaire de l’organisme.

La première phase de l’étude CESTO avait permis de tester la tolérance du produit sur les 24 volontaires ayant participé, et d’en répertorier les effets indésirables. Le but de la deuxième phase de l’étude, menée en ce moment au CHU de Poitiers, mais aussi dans les CIC des CHU de Rennes et de Bordeaux, est d’évaluer l’efficacité du produit sur le sevrage tabagique.

Le centre d’investigation clinique au cœur de l’étude

Le CIC est partie prenante dans cette étude : « on ne pourrait pas mener à bien une telle étude de recherche sans une structure comme le CIC », souligne le Dr Lafay-Chebassier. En effet, c’est dans les locaux du CIC que les volontaires sont reçus en consultation, et qu’on leur injecte le traitement. Une infirmière de recherche est dédiée à l’étude CESTO 2, et plusieurs infirmières et médecins sont sollicités tout au long de l’étude. Pour compléter son équipe, le CIC fait également appel à des médecins généralistes extérieurs au CHU, afin d’impliquer les libéraux sur ce thème de médecine générale. « Le rôle des médecins traitants est primordial pour un patient qui entreprend ce type de démarche », insiste le Dr Lafay-Chebassier.

Cette thématique de recherche sur le sevrage tabagique s’inscrit dans la continuité des travaux translationnels de l’équipe INSERM U1084 – laboratoire de neurosciences expérimentales et cliniques (LNEC), une unité de recherche mixte INSERM-Université de Poitiers, spécialisée dans les addictions. 

Parcours du volontaire

Les volontaires, après avoir été reçus et sélectionnés par le CIC, reçoivent une première dose de produit, puis une seconde dose 7 jours plus tard. Ils sont ensuite suivis régulièrement par le CIC, d’abord toutes les semaines, puis toutes les deux semaines, et de manière de plus en plus espacée, sur une période d’un an, afin de recueillir l’efficacité sur le sevrage, leurs ressentis, et les éventuels effets secondaires rencontrés. Au bout de 3 mois, puis 6 mois, si le volontaire n’est pas abstinent, il peut recevoir une dose supplémentaire.

Pour cette phase de l’étude, trois groupes de patients sont comparés : deux groupes recevant des doses différentes du NFL-101, et un groupe placebo. L’orientation des volontaires sur l’un des trois groupes est randomisée, et le traitement reçu n’est connu ni des patients, ni des professionnels du CIC qui assurent le suivi tout au long de l’étude. 318 volontaires sont nécessaires pour mener à bien cette phase de l’étude, étape indispensable avant d’envisager un nouvel essai à plus grande échelle, indispensable à l’obtention d’une autorisation de mise sur le marché.

Vous souhaitez vous porter volontaire ?

Pour participer à l’étude, il faut être âgé(e) de 18 à 70 ans, fumer au moins 11 cigarettes par jour, et avoir une réelle volonté d’arrêter. 

Vous pouvez contacter le 05 49 44 49 56 pour plus d’informations ou pour vous inscrire.