Florian Nassiri met en lumière la recherche paramédicale

Il aura fallu une fracture du pied pour que Florian Nassiri, manipulateur en électroradiologie médicale au CHU de Poitiers, se lance dans la recherche paramédicale. Et grand bien lui a pris puisque son projet vient d’être sélectionné dans le cadre du programme hospitalier de recherche infirmier et paramédical (PHRIP). Le tout premier projet retenu pour le CHU de Poitiers.

Un pas vers la recherche

Diplômé de l’IFMEM en 2013, Florian Nassiri a pris un poste la même année au sein du service d’imagerie du CHU de Poitiers. Il a suivi en 2015 une formation inter-universitaire diplômante en échographie. « C’est une activité avec plus d’autonomie, plus de responsabilités et une plus grande coopération avec les médecins », explique-t-il. La recherche, il y pensait depuis longtemps sans oser faire le pas. Quand il s’est retrouvé en arrêt de travail en 2018, suite à sa fracture du pied, il s’est enfin décidé. Pas question de rester à ne rien faire ! Il ne connaissait rien à la recherche mais il a pu compter sur l’aide de son collègue, Guillaume Davy, déjà expérimenté. Celui-ci l’a accompagné dans les différentes étapes : recherche bibliographique, rédaction de protocoles, etc. En 2019, il obtient la bourse de recherche de 25 000 euros de l’Association française du personnel paramédical d’électroradiologie qui lui a permis de mettre en place une étude pilote à l’échelle du CHU de Poitiers : PAramedical and RADIographic detection of traumatic bone lesions of the extremitieS (PARADIS). L’étude s’est terminée au mois de mars 2021 et les résultats sont en cours de traitement. Mais l’aventure se poursuit pour Florian. Son projet PARADIS 2 a été retenu dans le cadre du PHRIP. Le financement fourni par la direction générale de l’offre de soins est de 251 665 euros. L’étude co-pilotée avec Guillaume Davy va être déployée sur trois autres établissement hospitaliers : CH de Valenciennes, CHU d’Angers et le CHU de Bordeaux.

Faire des manipulateurs un maillon supplémentaire dans la chaine diagnostique

Officiellement, les manipulateurs ne peuvent se prononcer sur le diagnostic du cliché réalisé. Cependant, la pratique diffère avec des échanges réguliers entre les manipulateurs et le service des urgences. «  Il n’est pas rare que mes collègues alertent les urgences sur des fractures subtiles, ou qu’ils soient sollicités pour un avis radiographique ». L’objectif de l’étude de Florian Nassiri est de déterminer si l’expérience des manipulateurs peut permettre de diminuer les radio-discordances aux urgences, et ainsi améliorer la prise en charge du patient. Ces avis discordants entre les urgentistes et les radiologues peuvent avoir des conséquences sur la prise en charge de la douleur, être responsable d’une aggravation de la fracture initiale, entrainer des arrêts de travail non justifiés, être à l’origine de recours contre l’établissement, etc. Les manipulateurs engagés suivront une formation pour l’analyse de clichés, puis devront donner un avis consultatif (normal – douteux – pathologique) sur 400 dossiers anonymisés déjà interprétés. Ces mêmes dossiers seront interprétés par l’intelligence artificielle (IA) afin de déterminer si la performance diagnostique est plus élevée avec le manipulateurs seul ou avec l’association du manipulateur et de l’IA. Cet avis est purement consultatif. La décision finale reste médicale et ne remplace pas l’interprétation du radiologue. En France, ces compétences ne sont pas officiellement reconnues alors qu’elles le sont en Angleterre – depuis plus de 40 ans, au Canada et au Danemark. La recherche consiste à évaluer la performance des manipulateurs d’électroradiologie médicale spécifiquement formés à émettre un avis consultatif aux urgences. Il ne s’agit en aucun cas de changer la chaine d’interprétation des clichés, mais bien plutôt, et sur cela Florian insiste grandement, « de rajouter un maillon », le manipulateur, qui serait une aide supplémentaire au diagnostic.

La recherche paramédicale mise en lumière

Un projet retenu dans le cadre du PHRIP constitue une vraie reconnaissance scientifique, ce dont est conscient Florian. « Nous sommes reconnus au plus haut niveau du financement ce qui prouve que notre projet est solide ». Mais ce qui le réjouit davantage encore, est le fait que la sélection de son projet mette en lumière la recherche paramédicale qui tend à se développer au sein du CHU de Poitiers. D’ailleurs, il invite tous ses collègues qui hésitent à franchir le pas. « Il faut vraiment démystifier la recherche. Beaucoup ne s’engagent pas car le mot recherche fait peur. La recherche au départ c’est une idée, un constat. On se dit qu’une procédure qui est faite de telle façon, serait peut-être plus efficace différemment. Avec un peu d’expérience, on peut faire évoluer des pratiques en en proposant de nouvelles plus adaptées. Il faut oser se lancer d’autant plus qu’au CHU, il y a des personnes pour accompagner les chercheurs. Moi j’ai eu la chance d’être toujours bien orienté, notamment grâce à Aurélie Girault, coordinatrice de la recherche paramédicale ».  Alors, pourquoi pas vous ?