Partir en renfort pour découvrir

Aide-soignant au CHU de Poitiers, Thomas Gasse-Boutineau s’est porté volontaire pour partir début juillet en renfort en Guyane, une région durement éprouvée par la crise sanitaire. Encore marqué, il revient pour nous sur cette expérience si « extraordinaire ».

Partir en renfort pour découvrir

Thomas Gasse-Boutineau travaille au CHU de Poitiers depuis quatre ans. Après être passé par le service d’hépato-gastro-entérologie, les blocs de gynécologie et en salle de réveil, il exerce depuis un an et demi dans le service des maladies infectieuses et tropicales. Partir en renfort, il y pensait depuis quelque de temps. « Parce que je pense qu’en tant que soignant c’est important de donner un petit peu de son temps. C’est intéressant aussi de voir comment cela se passe hors métropole et pas seulement par rapport à la covid ; comment fonctionne leur système de santé ou quels sont leurs besoins. Voir ce qui se passe ailleurs, c’est vraiment ce qui m’intéressait en fait », souligne-t-il. Aussi, lorsque sa cadre de santé supérieure, Natacha Hays, lui a proposé de partir en Guyane pour un renfort de quinze jours, il n’a pas hésité. Après un vol d’avion de neuf heures, Thomas a atterri à Cayenne en même temps que d’autres personnels hospitaliers venus des quatre coins de France. L’agence régionale de Santé de Guyane a réparti les nouveaux arrivants sur les principaux hôpitaux guyanais. Thomas a été envoyé vers l’hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni avec quatre autres aides-soignants et cinq infirmiers. Leur première mission : monter une unité de soins continus pour la prise en charge des patients post-covid afin de désengorger le service de réanimation. « L’hôpital de Saint-Laurent disposait des équipements et du matériel nécessaire mais il n’avait pas les moyens humains pour mettre en place cette unité », explique Thomas. Et en quatre heures de temps, le groupe a monté le service. Parce qu’il avait des compétences en réanimation, Thomas a été envoyé ensuite en renfort dans le service de réanimation avec d’autres soignants de la métropole venus en renfort. Il a travaillé sur des horaires de douze heures, alternant travail de jour et de nuit. « C’était intense mais j’ai découvert des pratiques complètement différentes ; j’étais en constant apprentissage. Cela a été extrêmement enrichissant pour moi. »  S’il a aimé l’expérience, il regrette cependant d’avoir eu trop peu d’échanges avec les soignants locaux : « C’est un peu dommage parce que c’est ce que je voulais expérimenter ».

 

Partir en renfort : une opportunité à ne pas manquer

Thomas l’avoue : sans la crise sanitaire provoquée par la covid, il n’aurait jamais pensé partir pour des missions de renfort. « La covid a été très négative pour les soignants parce qu’elle a engendré énormément de travail mais elle a été positive dans le sens où elle a vu se développer une entraide entre nous. Elle nous a fortement soudé. Elle nous offre également de belles occasions de partir pour aider des établissements hospitaliers en difficultés. » S’il est parti, avant tout, pour apporter son aide, il a tout de même pu apprécier l’environnement dans lequel il se trouvait. Imaginez ! Un hôpital flambant neuf situé en pleine forêt amazonienne. « C’est déjà une magnifique aventure de voir l’Amazonie. On voyait pas mal d’animaux autour de l’hôpital. J’ai vu des toucans et des paresseux. » Il a eu la possibilité de visiter les villes de Saint-Laurent et de Cayenne.  Il tient à remercier ses cadres, Natacha Hays et David Coindre : « C’est grâce à eux que j’ai pu partir. Ils ont pris régulièrement de mes nouvelles et ils m’ont permis de prendre quelques jours de repos à mon retour. Ils ont tout fait pour m’aider à partir sereinement ». Thomas a tellement apprécié sa mission de renfort qu’il invite ses collègues à en faire de même. « Quand vous partez en renfort, c’est l’agence régionale de santé locale qui s’occupe de tout : transport, logement, affectation. Une cellule de crise sur Paris répond 24h/24 quel que soit le problème. Nous sommes bien pris en charge. Nous n’avons à réfléchir de rien. Nous n’avons plus qu’à travailler ce qui est très rassurant. Les renforts sont des opportunités que l’on ne peut pas rater. Si on n’a pas d’enfant ou de projet dans l’immédiat, il ne faut pas se poser de question, il faut foncer ! ». Si d’autres occasions se présentent, le jeune aide-soignant repartira. Il souhaite dorénavant donner de son temps au moins une fois par an en renfort dans des situations sanitaires particulières.