Questions à Tanguy Vendeuvre, chirurgien en orthopédie-traumatologie

Tanguy Vendeuvre, chirurgien en orthopédie-traumatologie

Tanguy Vendeuvre est chef de clinique dans le service d'orthopédie-traumatologie et dans l'unité rachis depuis novembre 2014. Après avoir commencé ses études à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, il arrive au CHU de Poitiers en 2008 pour son internat, au cours duquel il se spécialise dans la chirurgie du genou et du rachis. Il est titulaire d'un master 2 recherche en sciences chirurgicales consacré à la tubéroplastie, qu'il a passé à Paris en lien avec le laboratoire de simulation de la faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers et le CNRS.

Vous avez fait de la chirurgie de la colonne vertébrale le cœur de votre activité médicale. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En effet, la colonne en général, et plus particulièrement ses grandes déformations, sont au centre de mon activité de chirurgie rachidienne, sous la responsabilité du Pr Pierre Pries. Cela va de la scoliose de l’adolescent à celle du patient âgée, avec des interventions en rachis cervical ou rachis par voie antérieure. Pendant mon internat, j’ai eu l’opportunité de réaliser deux stages qui m’ont permis de développer une autre vision de la prise en charge des patients pour ce type de pathologies. Le premier dans le service de pédiatrie de l’hôpital Clocheville, à Tours, sur le traitement de la scoliose chez les adolescentes. Le second à la Pitié-Salpêtrière à Paris, dont le service d’orthopédie-traumatologie, très important, est spécialisé dans la colonne vertébrale, mais aussi dans la prise en charge globale des polytraumatisés et des sportifs de haut niveau.

Parallèlement à mes activités de chirurgie programmée, je travaille aussi en traumatologie à la prise en charge de patients, majoritairement en provenance des urgences, que je suis ensuite en consultations.

Vos travaux de recherche en master ont permis de déployer une nouvelle technique de prise en charge des fractures du plateau tibial au CHU. Quels en sont les avantages ?
Pour ce type de fractures, la pratique standard est le recours à la réduction manuelle à chirurgie ouverte. Pendant mon master recherche, nous avons expérimenté, avec le Pr Louis-Etienne Gayet, une technique innovante en chirurgie percutanée. Celle-ci consiste à glisser sous la peau du patient un petit ballon que l’on va gonfler de manière à réduire la fracture. Une fois à niveau, nous posons deux petites vis et nous retirons le ballon, que nous remplaçons par une résine synthétique. L’incision, minime, est plus esthétique (1 cm contre 7 avec chirurgie classique), cela implique moins de saignement et permet au patient une reprise précoce de ses activités. La réparation est en outre plus solide.

Depuis leur introduction au CHU il y a plus de deux ans, nous avons réalisé une quarantaine de tubéroplasties. Cette technique était déjà utilisée pour les vertèbres, nous espérons pouvoir l’étendre aux autres fractures avec enfoncement articulaire (poignet, pilon tibial, épaules). Le CHU de Poitiers a récemment été reconnu centre référent sur le mini-invasif pour la tubéroplastie par la société française de chirurgie orthopédique et traumatologique. Nous avons de plus en plus de demandes d’autres CHU, que nous commençons à former avec le Pr Gayet. Des CHU comme la Pitié-Salpêtrière, Marseille et Dijon pratiquent cette intervention depuis plusieurs mois.

Sur quoi portent aujourd’hui vos travaux de recherche et d’enseignement ?
Je travaille sur la mise au point de nouveaux systèmes de synthèse pour la réparation de la colonne vertébrale. Toujours avec le laboratoire de simulation, nous testons la rigidité de différents montages (vis, plaques) en percutané ou à ciel ouvert. J’interviens par ailleurs à l’école de chirurgie, où j’enseigne aux étudiants les gestes et conseils pratiques de la chirurgie en orthopédie-traumatologie.