Insuffisance mitrale : un nouveau traitement chirurgical

ope insuffisance mitrale

L’insuffisance mitrale est, en Europe, une pathologie fréquente puisqu’elle constitue la deuxième valvulopathie nécessitant une chirurgie après le rétrécissement aortique. Le service de chirurgie cardiothoracique du CHU de Poitiers propose, depuis mars 2023, une nouvelle procédure pour traiter les valves mitrales défaillantes.

La valve mitrale est l’une des quatre valves du cœur qui contrôlent la circulation du sang. Composée de deux feuillets, elle s’ouvre et se ferme sous la pression du muscle cardiaque. On parle d’insuffisance mitrale ou de fuite mitrale lorsque la valve mitrale n’arrive pas à se fermer complètement ce qui provoque un reflux de sang du ventricule gauche vers l’oreillette gauche. En absence de traitement, le cœur doit travailler plus intensément à chaque battement pour pomper le sang ce qui l’affaiblit progressivement. Quand l’insuffisance mitrale devient sévère, il est nécessaire de réparer ou de remplacer la valve mitrale. Deux interventions sont traditionnellement proposées, chacune dépendant des atteintes du patient. En première intention, est réalisée une chirurgie cardiaque à cœur ouvert, sous circulation extra-corporelle, pour réparer la valve mitrale ou bien pour la remplacer par une prothèse. Une seconde méthode, moins invasive, consiste à corriger la fuite mitrale par l’implantation de clips mitraux. Le cardiologue introduit le clip dans la veine fémorale par le biais d’un cathéter et le remonte afin de le placer sur la valve mitrale. Le Dr Géraldine Allain, chirurgien cardiaque et thoracique, a initié une troisième méthode en mars dernier : le remplacement de la valve mitrale par voie transcathéter avec la bioprothèse Tendyne. « C’est une nouvelle technique sur laquelle nous commençons à avoir du recul. Dans la littérature, les résultats sont très encourageants. Nous l’avons pratiqué pour la première fois au CHU de Poitiers, le 2 mars dernier. Les premières procédures ont débuté en France en 2020 et, aujourd’hui, une quinzaine de centres les réalisent. Cette nouvelle méthode s’ajoute aux deux déjà proposées au CHU, c’est-à-dire, l’opération à cœur ouvert et l’implantation de clips mitraux. Ces trois techniques se complètent et nous permettent d’offrir une prise en charge adaptée aux différentes situations, de trouver la meilleure solution pour chaque patient ». L’intervention ne nécessite pas de circulation extracorporelle. Insérée dans un stent, la bioprothèse est implantée sur la valve défectueuse, par le biais d’un cathéter sous contrôle de l’échographie. Pour cela, il est nécessaire de faire une petite incision au niveau du thorax entre les côtes. L’intervention de mars a été menée par trois médecins, le Dr Géraldine Allain, le Dr Elisa Larrieu-Ardilouze et le Dr Jamil Hajj-Chahine. Coordinatrice de cette nouvelle offre de soin, le Dr Allain souligne qu’il s’agit d’une activité pluridisciplinaire : « Pour la mise en place de cette prothèse, il y a effectivement les chirurgiens cardiothoraciques et les cardiologues interventionnels. Il y a aussi les échographistes, le Dr Corinne Beaufort et le Dr Benjamin Alos, qui sont nos yeux et nous guident dans le positionnement de la prothèse. Et, bien évidemment, l’équipe d’anesthésistes-réanimateurs qui est présente pendant la procédure et en péri-opératoire ».