Cardio-gériatrie : une vision globale de la personne âgée

Examen médicale d'une personne âgée

Les patients âgés bénéficient depuis deux ans d’une prise en charge médicosociale par les services de cardiologie et de gériatrie qui permet de mieux appréhender les polypathologies. Questions au professeur de cardiologie Joseph Allal et au médecin gériatre Fabienne Bellarbre.

Avec le recul, quel regard portez-vous sur cette organisation ?
Joseph Allal – Nous étions face à un défi : trouver une solution au goulet d’étranglement qui s’annonçait du fait que de nombreuses personnes âgées présentent des signes d’insuffisance cardiaque, que nos interventions sont de plus en plus techniques et que ces patients sont touchés par des affections multiples qui impliquent une prise en charge globale. Aujourd’hui cela fonctionne, la mise en commun des compétences a produit des effets positifs. Nous avons constaté notre aptitude à rompre avec des habitudes anciennes et c’est d’une grande pertinence médicale.

Fabienne Bellarbre – Nous savions que les personnes âgées rencontrent souvent d’autres problèmes, en plus de leur affection cardiaque. Cette organisation qui les prend en charge dans la globalité se révèle efficace et productive. Elle est différente parce que les regards sont croisés. Par exemple, pour la prescription des médicaments, elle permet de s’adapter au profil gériatrique du patient.

Concrètement, qui fait quoi ?
J. A. – L’entrée des patients s’effectue par les urgences cardiologiques ou l’unité de soins intensifs de cardiologie, sous l’égide d’un médecin cardiologue. Ceux qui ont plus de 75 ans sont ensuite admis en cardio-gériatrie pour une durée d’hospitalisation moyenne de dix jours avant les soins de suite et de réadaptation. Les relations avec le pôle de gériatrie du Pr Marc Paccalin sont constantes, et nous faisons les bilans en commun.

F. B. – L’interne de cardiologie est présente au quotidien, il y a une visite conjointe par semaine avec le référent cardiologue du service le Dr Pascale Raud-Raynier et moi-même. Nous intervenons également régulièrement pour avis en cardiologie. L’évolution la plus notable à mon sens, outre les réunions régulières en commun, c’est l’échange permanent de connaissances entre nos disciplines. J’observe que bénéficier d’une équipe pluridisciplinaire médicale (médecins gériatres et leurs nombreuses spécificités – plaies, chutes, mémoire, etc. –, cardiologues, psychiatres) et paramédicale (infirmières, aidessoignants, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, assistantes sociales…) permet un enrichissement pour chacun. Enfin, cette démarche concertée et cohérente donne de bons résultats pour les patients.

Echographie cardiaque
Echographie cardiaque

Quelle sera la prochaine étape ?
J. A. – Les travaux de recherche qui sont d’une certaine manière «à cheval» sur les deux disciplines existent et sont amenés à se développer. Nous travaillons aussi sur un projet neurocardio- vasculaire qui devrait se concrétiser d’ici 2017.

F. B. – Dans la discipline gériatrique, la sémiologie est particulière et les patients très hétérogènes dans leur profil gériatrique. Depuis deux ans, nous avons évolué dans notre approche et modifié certaines de nos pratiques dans le traitement des pathologies cardiaques de nos sujets âgés. Aujourd’hui, nous sommes prêts à étendre cette expériences à d’autres collaborations interdisciplinaires.

Recherche

La cardiologie du sujet âgé est un vaste champ de recherche pour les cardiologues, comme pour les gériatres. « Plusieurs thèses ont été soutenues et d’autres sont en cours à Poitiers sur le sujet », observe le Pr Allal. La recherche clinique bénéficie de cette synergie et une volonté s’exprime de part et d’autre pour élaborer et concrétiser d’autres sujets de recherche.