Cancer du col de l’utérus : « la première étape avant même de le soigner, c’est de le prévenir »

Le centre régional de coordination des dépistages des cancers de la Nouvelle-Aquitaine (CRCDC-NA)  lance pour la première fois une campagne de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus à destination des femmes de 25 à 60 ans. Et en cette période de crise sanitaire qui voit les consultations de dépistage diminuer considérablement, il est important de rappeler qu’un cancer découvert précocement augmente les chances de guérison.

Et pourtant, il est évitable !

Chaque année, 3 000 femmes sont touchées par un cancer du col de l’utérus et parmi elles près de 1 100 en meurent. Ces chiffres sont beaucoup trop élevés surtout lorsque l’on sait qu’il s’agit de l’un des rares cancers évitables puisqu’il est provoqué par un virus, le papillomavirus humain (HPV) dont certains type sont dits à haut risque de cancérisation (HPV HR)[1]. Pour prévenir les infections par HPV, infections transmises par voie sexuelle, les autorités de santé recommandent depuis 2007, la vaccination des filles de 11 à 14 ans. A cette mesure de prévention s’ajoute le dépistage.

Désormais, les modalités de dépistage varient selon l’âge des femmes :

        • Pour les femmes entre 25 et 29 ans, les modalités de dépistage antérieures sont maintenues : le test de dépistage est réalisé par examen cytologique tous les 3 ans, après deux premiers tests réalisés à 1 an d’intervalle et dont les résultats sont normaux.
        • Pour les femmes de 30 ans à 65 ans, la Haute Autorité de santé (HAS) a fait évoluer les modalités de dépistage en actualisant ses recommandations de 2010. Elle recommande que le test HPV-HR, plus efficace pour ces femmes, remplace l’examen cytologique. Le test HPV-HR est réalisé 3 ans après le dernier examen cytologique dont le résultat est normal. Un nouveau test est refait tous les 5 ans, jusqu’à l’âge de 65 ans, dès lors que le résultat du test est négatif.

Le Dr Cédric Nadeau, spécialiste de la chirurgie des cancers gynécologique au CHU de Poitiers, revient sur les récentes recommandations - 2020 – de l’HAS concernant le dépistage des femmes de 30 à 65 ans. « Alors qu’auparavant le dépistage consistait à rechercher les cellules anormales transformées par le virus, il s’agit aujourd’hui de détecter directement le virus lui-même. S’il est présent, une recherche d’anomalie est alors effectuée au niveau des cellules. S’il est absent, le contrôle a lieu cinq ans après. Ainsi au lieu de faire un frottis tous les trois ans, les femmes dans cette tranche d’âge ne doivent plus le faire que tous les 5 ans. Ce changement de modalités du dépistage a permis d’augmenter les intervalles entre les dépistages pour le bien-être des femmes. Il permet également des résultats plus précis et plus sécuritaires car dès lors qu’elles ne sont pas porteuses du virus, la possibilité d’avoir un cancer du col de l’utérus dans les 5 ans est quasi nulle. »

Dépister pour éviter !

En France, seulement 60 % des femmes concernées se font dépister. Et c’est justement aux 600 000 femmes de Nouvelle-Aquitaine qui ne le font pas, que s’adresse la campagne du CRDC-NA. En plus de sensibiliser et d’informer le plus largement possible, cette campagne a pour objectif de réduire de 30% le nombre de décès d’ici 10 ans et d’atteindre un taux de couverture de 80%.

Le Dr Nadeau qui, au quotidien, assure le traitement chirurgical des cancers, parmi lesquels celui du col de l’utérus, insiste sur le fait que dans la prise en charge du cancer, la toute première étape avant même de le soigner, c’est de le prévenir. « Aujourd’hui, nous avons en France les moyens de le faire avec tout d’abord la vaccination des jeunes à partir de 11 ans et avec le dépistage. Avec le dépistage, on peut soigner des lésions précancéreuses avant que le cancer ne se développe. Si les femmes peuvent bénéficier de cette offre de santé ouverte à toutes, très peu s’y soumettent. » Pour le spécialiste, cette campagne est essentielle pour sensibiliser les femmes et les inciter à se faire dépister mais aussi faire vacciner ses enfants.

Si vous avez plus de trente ans, faites-vous dépistez !

Le Dr Cédric Nadeau est intervenu sur le sujet dans le JT12/13 de France 3 Poitou-Charentes du vendredi 5 février 2021

Pour en savoir plus

Dépistage du cancer du col de l'utérus, document informatif de l'Institut national du cancer

Dépistage du cancer du col de l’utérus : le test HPV-HR recommandé chez les femmes de plus de 30 ans- Haute autorité de santé

Papillomavirus : la vaccination recommandée pour tous les garçons - Haute autorité de santé

Infections à Papillomavirus humains (HPV) - Vaccination Infoservice.fr

 

 

[1] Le virus papillomavirus peut déclencher d’autres types de cancers : gorge, anus, vulve, vagin, pénis, etc. C’est pour cette raison que la vaccination contre les infections au HPV est depuis peu étendue aux garçons.