« La cryothérapie, c’est ce que l’on fait de mieux pour traiter les petites tumeurs. » Ce sont par ces mots que le Dr Guillaume Herpe, radiologue membre de l'équipe du Dr Stéphane Velasco, parvient à convaincre ceux qui s'interrogent sur cette technique utilisée en radiologie interventionnelle. Et pour maîtriser cette technique, le Dr Herpe s'est appuyé sur le spécialiste en la matière, le Dr Julien Frandon, radiologue interventionnel au CHU de Nîmes. C’est lui, qui, en avril 2019, a ramené la cryothérapie à l'azote en France, aidé de Raoul Le Joncour, directeur général de Cosysmed, un distributeur de systèmes médicaux en radiologie interventionnelle. « Nous nous sommes rendus à Amsterdam où nous avons rencontré les dirigeants d’une start-up israélienne qui a développé une utilisation de la cryothérapie avec de l’azote plutôt que de l’argon », raconte Julien Frandon. L’intérêt de la cryothérapie à l’azote est multiple : moins couteux, plus compact, plus sécurisant.
Précis, efficace, peu couteux
Et l’intérêt médical ? « Evident », assure Guillaume Herpe : « C’est une technique qui a fait ses preuves sur l’ablation de tumeurs de moins de trois centimètres. La cryothérapie est efficace, peu invasive, et moins douloureuse que l’ablation par la chaleur qui, en plus de cela, va détruire les tissus sains autour de la tumeur ». Sur le papier, le principe est simple : à l’aide l’imagerie, le radiologue balise la zone à traiter, puis à l’aide d’une sonde refroidie par de l’azote, il traite par cryothérapie la tumeur. Les cellules cancéreuses ainsi gelées à très basse température finissent par mourir sans altérer les tissus sains. A Poitiers, les radiologues ont l’agrément pour utiliser la cryothérapie à l’azote sur les cancers du poumon, des os et du rein. Le Dr Julien Frandon est venu sur place, en janvier, pour former l’équipe de radiologie interventionnelle du Dr Stéphane Velasco dont Brice Bergougnoux et Pier-Olivier Duboé. La formation a duré une matinée sur des patients éligibles au traitement et sous anesthésie générale : « A terme, les patients seront traités sous anesthésie locale, d’autant que l’azote en lui-même bénéficie déjà d’un effet anesthésiant ». L’avantage de cette technique est que toute la phase de balistique (atteinte de la cible tumorale ) est similaire avec celle des autres techniques de destruction tumorale mini-invasives percutanées. Avec la cryothérapie, le CHU de Poitiers peut traiter une cinquantaine de patients par an.
Et l’avenir ?
Avec l’arrivée de la cryothérapie en médecine, le champ des possibles est quasi infini. Les radiologues interventionnels détiennent une technique qui fait ses preuves dans le traitement de tumeurs du poumon, du rein, de l’os ou encore de la sphère ORL. A l’avenir, Julien Frandon aimerait la développer pour le cancer du sein avec l’Institut Curie. Outre l’ablation tumorale, la cryothérapie peut aussi être envisagée comme un traitement immunothérapique « car on a vu qu’elle boostait le système immunitaire. Il y a quelque à faire de ce côté-là ». A commencer par de la recherche fondamentale. Le CHU de Poitiers pourrait dans le futur devenir l’un des centres investis dans cette démarche, confirmant sa position en faveur de l’excellence au service du patient.