Cancérologie digestive : Pipac, une technique novatrice mise en place au CHU

Cancérologie digestive : Pipac, une technique novatrice mise en place au CHU

Le service de chirurgie viscérale du CHU de Poitiers propose une nouvelle technique d’administration de chimiothérapie appelée Pipac (chimiothérapie intra péritonéale pressurisée par aérosols). Destinée aux personnes atteintes de tumeurs cancéreuses du péritoine à un stade avancé, elle permet de stabiliser la maladie et d’améliorer la qualité de vie des patients. « Pour l’instant, ce traitement est utilisé dans un cadre palliatif, indique le Dr Thomas Courvoisier, chirurgien viscéral au CHU de Poitiers, mais nous allons également participer à une étude nationale évaluant cette technique dans un cadre curatif. »

Inventée en Allemagne, en 2011, par le Pr Marc-André Reymond, cette façon d’administrer la chimiothérapie s’est ensuite développée partout dans le monde. Utilisée depuis un an et demi en France, elle a été mise en place par le Dr Courvoisier au CHU l’année dernière. « C’est une technique novatrice car elle consiste à administrer les produits de chimiothérapie sous cœlioscopie directement dans le ventre du patient sous forme d’aérosol sous pression, illustre le chirurgien. Une buse de nébulisation reliée à un injecteur haute pression diffuse la chimiothérapie dans tout l’abdomen, puis le produit est laissé pendant une demi-heure dans le corps du patient avant d’être aspiré. » Ce traitement qui permet aux produits de pénétrer en profondeur dans les tissus s’intercale entre deux chimiothérapies classiques.

Des biopsies sont réalisées tout au long du traitement pour constater l’évolution de la maladie. Et les premiers résultats sont prometteurs avec 80% d’efficacité sur les nodules cancéreux. Les effets secondaires sont également moins importants que lors de l’administration d’une chimiothérapie en intraveineuse.

Le Dr Thomas Courvoisier, chirugien viscéral, porte une tenue adaptée à la technique Pipac : masque spécifique, gants et lunettes.L'équipe chirurgicale prépare le matériel nécessaire à une intervention avec la technique Pipac.L'intervention débute par une cœlioscopie.Une buse de nébulisation reliée à un injecteur haute pression diffuse la chimiothérapie dans tout l’abdomen, puis le produit est laissé pendant une demi-heure dans le corps du patient avant d’être aspiré.Une buse de nébulisation reliée à un injecteur haute pression diffuse la chimiothérapie dans tout l’abdomen, puis le produit est laissé pendant une demi-heure dans le corps du patient avant d’être aspiré.Durant une procédure Pipac, le patient est recouvert hermétiquement.Ecran permettant de contrôler l'injection des produits de chimiothérapie.

Une collaboration entre services au service du patient

Ce traitement novateur, de par sa spécificité et sa technicité, a demandé une collaboration importante entre les services de médecine du travail, d’hygiène et de reconstitution des chimiothérapies, les cadres et les infirmiers de bloc opératoire, le cadre d’anesthésie, le cadre d’hospitalisation, les médecins anesthésistes-réanimateurs et les chirurgiens. Le Dr Thomas Courvoisier, chirurgien viscéral au CHU de Poitiers, a dû rédiger un protocole d’utilisation propre au CHU de Poitiers en collaboration avec le Dr Soazig Rapinel, cheffe du service de médecine du travail. Par ailleurs, le recrutement des patients pouvant bénéficier de cette technique se fait en partenariat avec les oncologues du CHU et libéraux lors de réunions pluridisciplinaires hebdomadaires.