Cancérologie gynécologique : une technique innovante expérimentée grâce au robot chirurgical

Le 25 septembre 2015, un robot chirurgical Da Vinci, d’un coût de 2,2 millions d’euros et pesant 1,4 tonne, arrivait au CHU de Poitiers. Deux mois après, le Dr Olivier Celhay, urologue, réalisait la première intervention avec un robot au CHU de Poitiers. Quelques mois après cette première, à quel point le robot a-t-il changé la vie des patients, mais aussi celle des chirurgiens ? C'est ce que vous allez découvrir dans notre série d'articles consacrés à cet équipement de haute technologie.

Episode 10 – Cancérologie gynécologique : une technique innovante expérimentée grâce au robot chirurgical

Le Dr Cédric Nadeau est chirurgien gynécologue au CHU de Poitiers. Spécialisé dans le traitement des cancers gynécologique (vagin, col de l’utérus et corps utérin), il participera à une étude, Senticol III, qui vise à valider une procédure de retrait des ganglions lymphatiques pelviens plus sûre et moins invasive. « Jusqu’à maintenant, la procédure standard est de prélever tous les ganglions lymphatiques de la patiente en effectuant un curage pelvien, indique le Dr Nadeau. Ces ganglions sont ensuite analysés et les résultats nous permettent de connaitre le stade d’avancement du cancer. Mais depuis plusieurs années, une procédure moins agressive est en cours de validation. Elle consiste à retirer uniquement le ou les ganglions sentinelles. » Un ganglion sentinelle est le premier ganglion lymphatique d’une chaîne ou d’un groupe ganglionnaire vers lequel le cancer est le plus susceptible de se propager. Si ce ganglion est sain, c’est qu’il n’est pas nécessaire de faire un curage.

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Sous la lumière du laser du robot chirurgical, le vert d’indocyanine fait ressortir les ganglions sentinelles.

Cette procédure s’effectue sous cœlioscopie classique ou robotique suivant deux méthodes. « La plus courante est d’injecter une substance radioactive et un colorant bleu dans le col utérin de la patiente. Les ganglions lymphatiques sentinelles les absorbent et on peut ainsi les repérer lors de l’opération grâce à une sonde de détection, détaille le Dr Nadeau. Mais le produit radioactif est irradiant et le bleu provoque dans un certain nombre de cas des allergies chez les patientes. Grâce au robot chirurgical, je peux utiliser une autre méthode, qui consiste également à faire ressortir les ganglions sentinelles, mais grâce à un produit de contraste fluorescent – le vert d’indocyanine – plus sûr car moins allergisant et n’utilisant pas de produit radioactif, et à un laser spécifique. »

Le Dr Nadeau est parti se former au Royal Marsden, un hôpital londonien spécialisé dans le traitement du cancer, aux côtés du Pr Thomas Ind, qui pratique cette technique depuis plusieurs années. « Il m’a transmis leur protocole opératoire », confie le chirurgien, qui a tout de suite apprécié les capacités du robot chirurgical. « La vision en trois dimensions est tellement précise qu’elle permet de davantage préserver les nerfs de la vessie (« nerve-sparing »). De plus, grâce à la spécificité du robot de dernière génération, nous pouvons travailler dans deux zones anatomiques différentes et ainsi réaliser des curages de la région pelvienne à la région abdominale. Il nous permet également d’envisager des chirurgies plus complexes ou avec des patients qui présentent plus de risques opératoires, comme les personnes obèses ou avec des pathologies étendues. Pour l’instant, notre service n’a accès à cet équipement qu’une fois tous les quinze jours, j’espère donc pouvoir opérer plus souvent avec cet outil dans l’avenir. »

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