Près de 500 nouveaux cas de cancers digestifs sont traités chaque année au CHU de Poitiers, incluant notamment les cancers du côlon, du rectum, du pancréas, de l’estomac et du foie. Ils sont pris en charge par une équipe de huit oncologues spécialistes et gastro-entérologues : le Pr David Tougeron, les docteurs Aurélie Ferru, Armelle Pillet, Camille Evrard, Claire Boyer, Violaine Randrian, Mathieu Faigner et Amina Larbi. Toute l’équipe d’oncologie digestive, en particulier, le Pr David Tougeron, gastro-entérologue oncologue, dédie une partie importante de son activité professionnelle à la recherche clinique avec récemment de nombreux résultats positifs donnant de nouveaux espoirs dans la prise en charge des cancers digestifs.
Des études de recherche clinique pour augmenter la durée de survie et le taux de guérison des patients
En plus de la prise en charge des cancers, de nombreux spécialistes dédient du temps à la recherche clinique, c‘est-à-dire les essais thérapeutiques, pour améliorer les traitements des cancers digestifs et, par conséquence, pour augmenter le taux de rémission des patients. C’est le cas du Pr David Tougeron qui, depuis toujours, a voulu faire de la recherche. « J’ai choisi de travailler particulièrement en cancérologie digestive et au sein d’un centre hospitalier universitaire pour pouvoir faire de la recherche. Par essence même, la cancérologie est une discipline avec un nombre important de recherches, notamment autours de nouvelles thérapeutiques. L’oncologie, au pôle régional de cancérologie, constitue environ 50 % de l’activité de la recherche du CHU de Poitiers, et parmi ces 50 %, 30 % concerne les cancers digestifs ». Le CHU participe à une quarantaine d’essais thérapeutiques dans les cancers digestifs, avec environ 50 % d’essais industriels (essais mis en place par des laboratoires pharmaceutiques) et 50 % d’essais académiques (essais mis en place par des médecins chercheurs dans les structures de soins).
Contrairement aux essais industriels, les essais académiques sont réalisés par médecins et le plus souvent via des sociétés savantes, comme la fédération francophone de cancérologie digestive (FFCD) dont le conseil scientifique est présidé par le Pr David Tougeron. Il s’agit du groupe académique en oncologie le plus important et le plus réputé d’Europe avec près de 500 membres. Les essais académiques sont entièrement mis en place par les médecins-chercheurs, les sociétés savantes et en grande partie financé par de l’argent public. « Nous choisissons la molécule à tester. Il peut s’agir, par exemple, d’un médicament déjà validé pour le traitement du cancer du poumon et dont nous allons tester les effets pour le traitement du cancer de l’estomac. Nous allons construire l’essai, le mettre en place et interpréter les résultats afin de garantir notre indépendance ». Le Pr David Tougeron a piloté trois de ces essais académiques au niveau national, ouverts dans presque cent centres français et bien sûr avec le participation active du CHU de Poitiers. « Ce qui est très intéressant dans ce type d’essais, au-delà de tester des nouveaux médicaments, c’est qu’ils nous permettent de rechercher des marqueurs prédictifs d’efficacité du traitement notamment à partir des anomalies génétiques de la tumeur. Il semblerait, par exemple, que l’immunothérapie produise des résultats positifs dans environ 30% des cancers de l’estomac. Nous allons essayer de comprendre pourquoi et essayer d’identifier les patients sur lesquels elle fonctionne. Nous pourrons ainsi éviter de prescrire à des patients, un traitement d’immunothérapie qui n’aurait pas d’effet et générer inutilement de la toxicité. L’identification des marqueurs prédictifs d’efficacité nous permettra de faire ce que l’on appelle des traitements à la carte, c’est-à-dire proposer le meilleur traitement au patient en fonction des anomalies génétiques de la tumeur ».
Des perspectives très prometteuses de traitements des cancers digestifs
Bien sûr l’équipe d’oncologie digestive participe toujours à de nouveaux essais thérapeutiques notamment avec de nouvelles immunothérapies, des vaccins contre le cancer et nouvelles thérapies ciblées. Cette recherche se fait notamment avec l’aide des docteurs Violaine Randrian et Camille Evrard, recrutées/formées par le Pr David Tougeron, et récemment nommées maîtres de conférences (MCU-PH). Le Dr Randrian a été investigatrice principale dans l’essai FRESCO2 qui a validé un nouveau traitement dans le cancer du colon et a été publié en 2023 dans la prestigieuse revue The Lancet. Elle est actuellement en mobilité dans un laboratoire de recherche sur les cancers digestifs à New York. Le Dr Camille Evrard s’intéresse plus particulièrement aux cancers du pancréas, notamment à la recherche de l’ADN de la tumeur dans le sang pour prédire l’efficacité de nos traitements. « Il est bien sûr impossible de détailler toutes les recherches que nous faisons au sein du CHU de Poitiers, mais nous avons aussi plusieurs essais thérapeutiques dans les tumeurs primitives du foie, appelées carcinome hépato-cellulaires, où de nouvelles immunothérapies sont en cours d’évaluation avec le Pr Christine Silvain et le Dr Valentin Rolle dans le service d’hépato-gastro-entérologie. Ces études scientifiques sont possibles grâce à un travail d’équipe, incluant notamment les attachés de recherche (ARC) qui sont indispensables au suivi des patients dans les essais cliniques, les pharmaciens responsables des essais cliniques et les infirmières ».
« Au-delà de ces travaux de recherche clinique au CHU de Poitiers, nous travaillons au sein de l’équipe de recherche PRODICET (PROgression et DIssémination CErébrales des cellules Tumorales) de l’Université de Poitiers qui s’intéresse à la dissémination des tumeurs du colon notamment dans le cerveau et l’identification de nouvelles voies biologiques dans ces cancers ». Par ces travaux en laboratoire de recherche, complémentaires des essais cliniques, nous visons dans tous ses aspects l’innovation dans le domaine du cancer.