Centre cardio-vasculaire : cardio et vasculaire regroupent leurs forces pour le meilleur

Centre régional cardio-vasculaire du CHU de Poitiers

Le nouveau centre régional cardio-vasculaire (CCV), projet phare de l’établissement de ces dix dernières années, regroupe autour des pathologies cardio-vasculaires toutes les compétences humaines et techniques de l’établissement en cardiologie, médecine et chirurgie vasculaire, imagerie, réanimation et urgence. Une démarche innovante qui permet une prise en charge globale et optimale des patients par des organisations centrées autour de la personne ainsi qu’un développement de nouvelles procédures médicales et chirurgicales.

 

Au pied de la tour Jean-Bernard du CHU de Poitiers, le nouveau centre cardio-vasculaire semble moins impressionnant que son aînée, mais avec ses 25 000 m2 de surface et un investissement total de 86 millions d’euros, il représente toutefois la deuxième plus grosse opération réalisée sur le site de la Milétrie, après la tour.

Toute la gageure de ce projet colossal a été de regrouper, autour de Jean-Bernard, l’ensemble des compétences médicales, chirurgicales et hyper-spécialisées qui travaillent sur les vaisseaux et sur le coeur. Avec en prime, la réunion des quatre réanimations de l’établissement. « Son aboutissement a demandé un long processus de réflexion et d’échanges entre les parties prenantes, mené depuis 2008 dans le cadre de nombreux groupes de travail, explique le professeur Pierre Corbi, chef du pôle coeurpoumons- vasculaire. Je reconnais qu’il y a eu parfois des tiraillements car c’est un changement complet de paradigme. Il n’y a plus de notion de territoire, on met tous les moyens médico-techniques au service des malades. Aujourd’hui, il y a une vraie adhésion de tous, ce bâtiment a véritablement structuré le projet médical pour les années à venir. »

Plusieurs raisons ont poussé à ce regroupement. Tout d’abord, proposer une offre de soins efficiente. « Chez un patient qui a une maladie cardiovasculaire, plusieurs spécialités peuvent entrer en ligne de compte : la cardiologie, la coronarographie, la rythmologie, la médecine vasculaire, la chirurgie vasculaire… poursuit le professeur Pierre Corbi. Au pavillon Beauchant, sur le site de la Milétrie, nous avions certes l’ensemble des compétences cardiologiques, mais il manquait tout le volet médecine et chirurgie vasculaire ainsi que le plateau de radiologie. Cette scission et l’éloignement, qui contraignaient à des navettes entre les services, ne favorisaient pas une prise en charge optimale des malades. »

L’autre raison : faire face à l’expansion des activités tout en répondant au développement de nouvelles activités. « Sur l’ensemble de nos procédures, nous étions au maximum de nos possibilités. Pour la chirurgie cardiaque, le pavillon Beauchant était dimensionné pour 300 interventions. Nous en faisons 500 aujourd’hui, pour la chirurgie thoracique ou la rythmologie même constat, avec un autre problème qui en découle : une réanimation complètement saturée. »

Et toutes les études épidémiologiques montrent que les maladies cardio-vasculaires risquent d’être en augmentation jusqu’en 2025. « Afin d’accroître le nombre de procédures lourdes, nous devions concentrer les compétences et les équipements dédiés au cardio-vasculaire avec une réanimation forte. D’où le regroupement des différentes réanimations et la proposition d’un plateau technique élargi avec des équipements high-tech permettant de réaliser de nouvelles procédures très spécifiques et de recours, et de conforter les structures de recherche et d’innovations (voir encadré ci-dessous).  »

Un plateau technique « dernier cri » et évolutif

L’un des gros atouts du centre cardio-vasculaire est la richesse et la complémentarité de son plateau technique. D’une manière générale, les aménagements proposés portent sur des équipements évolutifs avec une approche moins traditionnelle dans leur utilisation. « Nous sommes, de plus en plus, sur la mutualisation des moyens, précise Geneviève Gaschard, directrice du service biomédical. Par rapport aux performances de ces salles et à leurs moyens techniques, l’idée n’est plus de dédier une salle à une spécialité mais mettre à disposition des environnements pouvant être utilisables par plusieurs spécialités. »

Salle hybride du centre cardio-vasculaire
Salle hybride du centre cardio-vasculaire

La salle IRM ou la salle hybride (photo ci-contre) s’inscrivent pleinement dans cette logique. Par exemple, pour la salle IRM qui sera en continuité de la salle de neurochirurgie, l’objectif a été d’optimiser les équipements. « Nous aurions très bien pu, comme cela se fait ailleurs, avoir l’IRM au sein du bloc opératoire. Mais après discussion avec les différents professionnels (industriels, directeurs, médecins) et suite à des visites dans divers centres hospitaliers notamment à Prague, le choix s’est porté sur le concept suivant : un bloc dédié à la neurochirurgie jouxté avec une salle d’IRM pouvant être mise sous un environnement bloc (qualité de l’air ISO 5). » L’intérêt : offrir un temps d’utilisation de l’IRM plus large pour le dédier notamment à la recherche. « L’IRM sert peu de temps dans la procédure chirurgicale. Les neurochirurgiens y auront recours dans la continuité de leur opération afin de vérifier le geste opératoire, ils n’auront qu’une porte à ouvrir. En dehors de ces épisodes, l’IRM sera à disposition des activités diagnostiques et de la recherche. » Cette salle, qui sera la seule de ce type en France avec un IRM 3 tesla, a imposé d’importantes contraintes techniques et architecturales : un sur-plateau de table d’opération amagnétique compatible avec le plateau d’IRM, un respirateur et un moniteur amagnétiques, des structures de bâtiment pouvant supporter des poids très élevés, le confinement du champ magnétique…

La qualité de l’imagerie a également été un point essentiel. Outre l’IRM, un scanner à large spectre a été acquis, destiné notamment à l’activité coroscanner. Les salles d’imagerie interventionnelle sont équipées des derniers logiciels de fusion d’images et pour certains de cartographie 3D, d’OCT (tomographie de cohérence optique) et autres systèmes dédiés à des activités ciblées.

Les ingénieurs biomédicaux ont aussi accordé une importance à la diffusion et au stockage des images, « c’est ce qu’on appelle les salles de bloc intégrées, précise Aurélie Supiot, ingénieur biomédical. Pour cela, nous nous sommes inspirés d’une salle pilote aménagée en 2009 dans la tour Jean-Bernard (unique en France à l’époque). Elle condensait les dernières technologies en termes de routage vidéo, bloc-optique, d’ambiance… en prévision d’évaluer les besoins du centre. » Il est ressorti, de la part des utilisateurs, le besoin de mettre l’accent sur le routage vidéo : des grands écrans encastrés et suspendus judicieusement, une connexion aisée de toutes les sources de données, des interfaces utilisateurs intuitives, la possibilité de faire du streaming jusqu’aux salles de staff et d’enseignement… Autant d’éléments que l’on retrouve aujourd’hui au sein des salles du centre cardio-vasculaire.

Pour faire face aux évolutions dans le temps de ces plateaux techniques, les salles ont été conditionnées avec des contraintes fortes : sols et plancher haut adaptés aux charges (850 kg par m2), hauteur de plafond à 4,50 m, des salles suffisamment grandes…

Anticiper l’hôpital de 2020
Lors de la construction du projet en 2008, la difficulté a été d’anticiper sur ce que serait l’hôpital en 2020 « avec le niveau de connaissance que nous avions. Il a donc fallu faire des paris. Par exemple en 2011, nous ne posions aucune endoprothèse valvulaire aortique, aujourd’hui nous faisons 80 procédures TAVI par an. Il a fallu se projeter : moins de lits, plus d’ambulatoire, plus de salles de techniques interventionnelles… »

Cette restructuration s’est donc appuyée sur un plateau technique innovant : salle hybride, salle bi-plan, scanner de dernière génération, salles de cardiologie interventionnelle dédiées, salle de radio-vasculaire ou encore un IRM 3 tesla, beaucoup plus précis, associé à la salle de neurochirurgie qui permet en condition de bloc de valider les procédures opératoires. « Du fait du caractère diffus des tumeurs du cerveau, il n’est pas toujours évident de voir si l’on a tout enlevé », précise le professeur Michel Wager, neurochirurgien. L’IRM va alors conforter les actes pour éviter ainsi une deuxième intervention. « Pour la prise en charge des maladies vasculaires telles que les AVC ou les infarctus qui sont des courses contre la montre, ce plateau technique va nous permettre d’avoir immédiatement autour du patient les spécialités et les équipements adéquats », poursuit le professeur Pierre Corbi. Sans pour autant oublier, dans cette nouvelle organisation, de traiter à plus long terme les facteurs de risques, « qui sont les mêmes d’une spécialité à l’autre », par la mise en place de procédures communes. « Cette nouvelle dynamique a permis de créer une unité de médecine vasculaire, là aussi pour des questions d’efficacité [voir encadré ci-contre]. »

Une unité de médecine vasculaire a vu le jour

Le CHU n’avait pas jusqu’à maintenant d’unité de médecine vasculaire proprement dite. Plusieurs médecins vasculaires exerçaient depuis de nombreuses années au CHU mais ils étaient tous nommés dans des services différents : imagerie, médecine interne, cardiologie, neurologie.

Avec la reconnaissance de cette discipline comme spécialité et la création du centre cardio-vasculaire, le souhait a été de les regrouper dans une même unité. « La médecine vasculaire est une discipline transversale, au carrefour de plusieurs spécialités, précise le Dr Cécile Thollot. Elle prend en charge les maladies artérielles périphériques, la maladie veineuse (thrombo embolique et veineuse superficielle), les maladies de la microcirculation et des vaisseaux lymphatiques. »

La nouvelle unité de médecine vasculaire aura un secteur d’exploration échodopplers, des consultations et des lits d’hôpital de jour. « L’objectif est de gagner en efficacité dans la prise en charge de nos patients », souligne Cécile Thollot qui est responsable de cette unité.

L’hôpital de jour constitue une réponse aux différents services (médecine interne, chirurgie vasculaire, cardiologie) pour accélérer la prise en charge des patients, notamment dans la maladie thromboembolique veineuse, l’athérothrombose et les bilans pré-opératoires de chirurgie vasculaire .

Les consultations entrent dans le cadre de la mise en place de parcours de soins qui ont pour but d’inclure le patient dans une prise en charge régulière et d’éviter les examens redondants et donc inutiles.

L’intérêt est aussi de créer de nouvelles prises en charge, notamment dans l’insuffisance veineuse superficielle. « Nous la mettons en oeuvre, en collaboration avec la chirurgie vasculaire. » Il sera proposé un traitement des varices par laser endoveineux. Cette alternative à la chirurgie se réalise en ambulatoire et réduit de façon considérable le temps de convalescence.

Autre nouveauté, l’unité développera son activité d’exploration écho-doppler avec produit de contraste, notamment dans le suivi des endoprothèses aortiques et dans la caractérisation des plaques carotidiennes. « Les patients porteurs d’endoprothèses de l’aorte abdominale doivent réaliser un suivi annuel à vie, pour vérifier l’absence d’endofuites. Cette technique a montré son efficacité et peut donc être proposée aux patients, en alternative avec un angioscanner qui est irradiant. »

D’une manière générale, la proximité des différentes spécialités facilitera la prise en charge : « Il n’est pas rare qu’un patient en consultation avec un collègue chirurgien vasculaire ait besoin d’un écho-doppler pendant la consultation. »

Enfin, le staff pluridisciplinaire de thrombophilie, créé et organisé par les médecins du service de médecine interne, continuera à se réunir de façon mensuelle, pour discuter des dossiers complexes de maladie thrombo-embolique veineuse. Tous les médecins hospitaliers et les médecins vasculaires libéraux peuvent présenter des dossiers dans le cadre du recours régional.

Dans le projet initial, l’ensemble de la neurochirurgie devait être réuni au sein du centre. « Mais toutes les équipes ne pouvaient pas intégrer la nouvelle structure, nous maintenions alors l’éclatement », précise Stéphane Péan, directeur du projet. Le choix a donc été de ne garder que les prises en charge aiguës des maladies neurologiques, « ce qui correspond à une certaine logique », note le professeur Pierre Corbi. Concrètement, ce bâtiment, qui s’étale sur trois niveaux, a pris corps, après trois ans de travaux, dans le prolongement de l’ancien satellite Jean-Bernard. « Le rez-de-chaussée comprend le plateau de consultations et d’explorations non invasives ainsi que la réanimation chirurgicale et neurochirurgicale, poursuit Stéphane Péan. Le premier niveau, qui correspond au niveau 0 de la tour Jean-Bernard, est organisé autour de l’urgence médicale. Nous retrouvons l’ensemble du plateau technique : les salles d’interventions de cardiologie et de vasculaire, mais aussi une salle de neurochirurgie, les moyens d’imagerie, la réanimation médicale et la réanimation cardiovasculaire, ainsi que les urgences et l’unité de soins intensifs. Et avec à son centre : l’hôpital de jour. Les circuits de prise en charge sont donc très courts. L’espace compte aussi les deux locaux destinés aux équipes de recherche Dactim et Prismatics [voir encadré ci-dessous]. Le niveau supérieur constitue l’étage d’hospitalisation avec les lits des différentes spécialités. » Toute l’originalité de cette architecture est d’avoir mis sur un même niveau l’ensemble des blocs opératoires de l’établissement, de la maternité jusqu’à la cardiologie interventionnelle, soit 27 salles. « A partir du moment où une personne entre par les urgences générales ou par celles du CCV, il n’y a pas de rupture, on gagne en efficacité. »

Création d’un hôpital de jour
Ce redéploiement a entraîné de nombreuses réorganisations au sein des services. En cardiologie, le changement notable porte sur la diminution du nombre de lits d’hospitalisation, 15 de moins, soit 60, hors unité de soins intensifs cardiologiques (USIC) qui en compte 16. « Nous avons revu totalement nos modes de fonctionnement, explique le professeur Joseph Allal, chef du service de cardiologie. Avec le développement des techniques moins invasives et plus standardisées, certains actes, qui se faisaient en conventionnel notamment en rythmologie ou en cardiologie interventionnelle, vont passer en ambulatoire. » D’où la création d’un hôpital de jour de 14 lits dont 8 pour la cardiologie. Les autres seront dédiés à la médecine vasculaire, la radiologie et la cardiologie interventionnelle. « Ce que nous faisions en deux jours, il faudra le faire en douze heures. Un important travail de coordination a été nécessaire. Il faut que ce soit transparent pour le patient dans la préparation de sa venue, sa prise en charge et son suivi. »

Toujours dans les nouvelles organisations, un centre de prise en charge de la douleur thoracique va être créé au sein de l’USIC. Son intérêt : déterminer très rapidement si les patients sont coronariens ou pas et agir en conséquence. Un centre de la syncope verra également le jour. « La prise en charge de la syncope est compliquée, de nombreux services peuvent être concernés comme la neurologie, les urgences générales. Nous sommes en discussion pour harmoniser notre prise en charge et optimiser le diagnostic pour un meilleur traitement. »

Deux programmes de recherches

De part leurs particularités et les moyens nécessaires pour mener à bien leurs travaux, deux entités de recherche sont implantées au coeur du centre dans des locaux dédiés : l’équipe Dactim du professeur Rémy Guillevin et l’équipe Prismatics co-dirigée par le professeur Philippe Rigoard et le professeur Christophe Jayle.

Dactim-Mis, adapter au mieux les traitements anticancéreux
Seul laboratoire du CHU labellisé CNRS (7348), Dactim- Mis (Data Analysis and Computation Through Imaging & Modeling) Mathématiques Images Santé, équipe du laboratoire de mathématiques et applications de l’Université de Poitiers, s’intéresse à l’extraction et à la modélisation mathématique de paramètres issus de l’imagerie médicale. « Nous allons exploiter des systèmes d’imagerie très performants qui constituent, avec l’IRM 3 tesla multinoyaux connectée au bloc opératoire et un scanner de dernière génération, une plateforme de recherche clinique unique en Europe », précise le professeur Rémy Guillevin, responsable de Dactim. L’objectif de cette recherche est de mettre en place des applications utilisant les informations de l’imagerie afin de mieux guider et de mieux adapter les traitements anticancéreux aussi bien des lésions tumorales cérébrales que celles des autres organes.

La plateforme d’imagerie offre ainsi des caractéristiques essentielles à ces travaux de recherche comme les images du cerveau en situation per-opératoire ou la spectroscopie multinoyaux. « En IRM, nous utilisons la résonance du proton très répandu dans le corps humain. Avec la spectroscopie multinoyaux, le but est d’exploiter le signal lié à d’autres atomes notamment le phosphore ou encore le sodium. Ces informations intégrées à des modèles biomathématiques nous permettront d’affiner la pertinence diagnostique dans les pathologies cancéreuses, de prédire leur évolution sous traitement de façon à proposer la meilleure thérapeutique. Ce seront de vrais outils d’aide à la décision. »

Prismatics, la fusion de deux PRME
Prismatics (pour Predictive Research In Spine/neuromodulation Management And Thoracic Innovation in Cardiac Surgery) est un projet porté par le professeur Philippe Rigoard, né de la fusion de deux programmes de recherche à visée médico-économique (PRME), de portée nationale et internationale, coordonnés par le CHU : l’un sur la prise en charge des traumatismes thoraciques avec l’étude EMVOLS du professeur Christophe Jayle et le second dans le domaine de la neurostimulation implantée (Estimet) du professeur Philippe Rigoard.

Concrètement, le premier porte sur la pose d’agrafes de titane afin de réduire les fractures des patients victimes de fractures costales multiples. Le second s’appuie sur un nouveau type de stimulation médullaire appelée « stimulation multi-colonnes » pour soulager les patients souffrant de douleurs post-opératoires du dos et des jambes. Cette technique consiste à implanter une électrode de stimulation à la surface de la moelle épinière.

Deux études au caractère bien particulier mais avec une finalité identique : « démontrer non seulement l’efficacité de ces techniques mais aussi leur intérêt médico-économique dans notre système de soin », souligne le professeur Philippe Rigoard. En somme, évaluer le gain de ces innovations : le retentissement sur les hospitalisations, sur la douleur, sur la reprise du travail, sur la qualité de vie, sur le versant anxiodépressif…

« Il paraissait donc logique de se réunir sous une seule et même entité d’autant que nous avons les mêmes besoins, en termes de personnels de recherche et de moyens techniques. » Au-delà de cette mutualisation, le but est aussi de profiter de l’expérience de chacun. « Je vais pouvoir m’approprier toute la recherche menée par Philippe Rigoard sur l’analyse de la douleur pour évaluer celle chez les patients de chirurgie cardiaque et thoracique et, ainsi, en fonction des modes opératoires, mesurer l’intérêt de telle ou telle technique », poursuit le professeur Christophe Jayle.

L’équipe a d’ores et déjà d’autres projets en cours sur des pansements et des implants chirurgicaux. Elle va développer tout un volet sur l’évaluation de la chirurgie robotisée, avec le robot Da Vinci pour la chirurgie thoracique et le robot ROSA en neurochirurgie.

Installés dans le même bâtiment, Dactim et Prismatics ne vont pas se tourner le dos. Bien au contraire, les deux entités réfléchissent actuellement à un projet de recherche clinique commun sur les dispositifs de santé. « Cette proximité des équipes, les moyens techniques performants mis à notre disposition créeront véritablement une émulation qui sera bénéfique au développement de la recherche », note le professeur Christophe Jayle.

Dans les nouveautés, on peut aussi noter la mise en place d’une unité d’insuffisance cardiaque qui prendra en charge tout le parcours des patients souffrant d’insuffisance cardiaque, de la phase aiguë à la phase chronique, jusqu’à l’éducation thérapeutique. En outre, l’objectif est, par ce biais, d’optimiser la pratique de la télémédecine dans la prise en charge de cette pathologie. Côté personnel paramédical, des adaptations ont donc été nécessaires. « Dans tous les services des groupes de travail avec les soignants et les cadres de santé ont été mis en place pour revoir et optimiser notre façon de travailler par rapport aux nouvelles activités », explique Emmanuelle Luneau, cadre supérieur de santé du pôle coeur-poumons- vasculaire.

Face à l’augmentation de l’activité attendue dans toutes les spécialités, les besoins en personnel ont été réévalués. « Il y a eu un grand renfort d’effectifs avec 80 créations de postes pour le moment en personnel paramédical et administratif. »

Il y a eu aussi des améliorations structurelles : « Les locaux du pavillon Beauchant, devenus vétustes, n’offraient pas les meilleures conditions de travail. Dans le nouveau centre, le personnel dispose d’une salle de soins plus spacieuse, plus fonctionnelle, plus ergonomique. » Les chambres, en majorité simple, sont dimensionnées pour faciliter les soins et éviter les transferts. Leurs équipements, comme la douche à l’italienne et les matériaux utilisés, permettent au personnel de ménage un entretien plus aisé. « Il y a une vraie reconnaissance des agents dans leur travail. Et on ressent aujourd’hui un réel enthousiasme de leur part. »

La réanimation, le cœur du noyau
Le regroupement des quatre unités de réanimation – médicale, chirurgicale, neurochirurgicale et cardio-thoracique – sur un même lieu, soit 60 lits, constitue un élément extrêmement fort du centre. A l’heure actuelle, peu d’établissements hospitaliers en France peuvent se targuer d’avoir une telle organisation. « A ma connaissance un seul, à Amiens, est sur ce modèle, précise Bertrand Debaene, chef du service d’anesthésie- réanimation. C’est très innovant. Ce regroupement constitue le coeur du noyau du centre cardio-vasculaire. Lier l’ensemble des compétences des soins hyper-aigus et hyper-spécialisés dans une même structure va nous permettre de gagner en efficacité et en qualité. Cette présence forte des réanimations va conforter le travail de l’ensemble des spécialités. Si certains pouvaient être contraints dans leur activité par un manque de lits de réanimation, aujourd’hui ce ne sera plus vrai. »

Unité de réanimation chirurgicale du CHU de Poitiers
Unité de réanimation chirurgicale du CHU de Poitiers

Même si chaque réanimation garde ses particularités, des ponts vont se créer entre elles. « Des procédures conjointes vont être instaurées, il y aura une mutualisation de matériel et de moyens humains notamment paramédical ce qui permettra d’avoir un pool de personnels de remplacement capable de prendre en charge n’importe quel malade et de répondre à n’importe quelle urgence. » Inversement, la proximité des spécialités favorisera une meilleure réponse médicale en cas de problème en réanimation. « Par exemple, si en réanimation chirurgicale nous constatons chez un patient un problème à l’échographie cardiaque, il sera très facile d’aller dans le bureau d’à côté pour obtenir une réponse. Ce que l’éloignement ne permettait pas. »

Ce regroupement permet également de proposer une offre de recherche clinique qui va être démultipliée. De plus, un dossier unique informatisé de réanimation sera mis en place qui favorisera un meilleur suivi des prescriptions et des observations et constituera une base de données intéressante pour la recherche. Les locaux ont aussi été pensés pour améliorer les conditions de travail des agents et l’accueil des patients : des postes de travail ergonomiques, des locaux mieux insonorisés, une luminosité adaptée…

Chirurgie thoracique : un arsenal thérapeutique complet
La force de frappe en réanimation, la mise à disposition de nouvelles organisations et des infrastructures performantes permettent aux différentes disciplines d’augmenter les activités interventionnelles et de proposer de nouveaux protocoles de prise en charge. Ce qui est le cas pour la chirurgie thoracique. « Cette unité de lieu et les moyens engagés vont offrir une réelle efficience dans nos pratiques aussi bien pour le diagnostic, avec l’imagerie très performante, telle que l’IRM ou le scanner, que dans les actes avec des salles intégrées qui permettent de faire de la chirurgie vidéo-assistée », souligne le professeur Christophe Jayle, chirurgien cardio-thoracique et cardio-vacsulaire. En outre, pour ce praticien, le fait que la salle de chirurgie thoracique jouxte la salle du robot DaVinci (robot médical télémanipulé) sera aussi un vrai gain : « Nous allons être un des rares centres en France à proposer l’ensemble de l’arsenal thérapeutique en chirurgie thoracique. De ce fait, nous allons adapter notre geste par rapport à la pathologie du patient et non pas en fonction de l’accessibilité des salles techniques. »

Pour le moment, dix patients ont été opérés en chirurgie thoracique avec le robot pour des cancers pulmonaires. Les résultats sont encourageants en termes de reprise fonctionnelle et de diminution de la douleur. « Le fait que cette salle soit à proximité des blocs et des plateaux de réanimation facilite grandement son accès, nous n’avons pas à déplacer toute une équipe, les gens sont déjà présents. » Des perspectives en chirurgie cardiaque sont d’ailleurs envisagées sur des opérations au niveau de la valve mitrale ou pour des petites tumeurs cardiaques.

L’imagerie intégrée dans les blocs va également améliorer certaines prises en charge comme la déformation thoracique chez les jeunes adolescents. « Elle aide dans le repérage et réduit les risques opératoires. Une telle intervention nécessite de passer une lame en acier entre le coeur et le sternum sachant que ce dernier appuie sur le coeur. »

Salle de coronarographie du centre cardio-vasculaire
Salle de coronarographie du centre cardio-vasculaire

Dans la prise en charge des pathologies coronariennes, les investissements faits en termes d’imagerie constitueront également une réelle avancée, notamment l’acquisition d’un scanner dernière génération à large spectre 16 cm. Il permet, contrairement à celui de 4 cm, de faire la couverture complète du coeur en une seule rotation, idéal pour déceler plus facilement les problèmes de rythme. « Le centre cardio-vasculaire va renforcer notre rôle de recours en coronarographie dans les angioplasties et les pontages (chaque année, le CHU réalise 1 000 angioplasties et 300 pontages), ainsi que dans l’imagerie intracoranarienne nécessaire pour mesurer les lésions et les défauts de positionnement, précise le professeur Pierre Corbi.

De plus, le fait d’être dans le nouveau centre nous permettra d’augmenter le nombre d’actes de désobstruction coronarienne par angioplastie mis en oeuvre dans le cas d’occlusions chroniques. » La contiguïté des salles d’intervention, les moyens d’assistance circulatoire et une réanimation puissante favoriseront également en chirurgie coronarienne la prise en charge des patients en état physiologique très précaire.

La rythmologie en plein développement
L’attente de l’ouverture de ce nouveau bâtiment était aussi très forte chez les rythmologues car le traitement des troubles du rythme est une activité en pleine progression depuis cinq ans. « Environ 5 % de plus chaque année. Depuis 2008, nous avons doublé notre activité qui représente aujourd’hui 1 500 actes. Actuellement, le délai d’attente pour certaines procédures est de cinq à six mois, précise Bruno Degand, cardiologue. Dans le pavillon Beauchant, nous étions contraints dans notre pratique : nous avions une seule salle d’électrophysiologie et trois demijournées de vacation par semaine en bloc opératoire pour les interventions qui nécessitaient une anesthésie générale.  » Au sein du nouveau centre, ils trouveront des moyens quasi doublés : deux salles de rythmologie – une dédiée à la stimulation cardiaque et à la défibrillation et l’autre au diagnostic et au traitement des troubles du rythme (par cautérisation, soit par le froid, la cryothérapie, soit par le chaud, la radiofréquence) – et des vacations dans la salle hybride où seront réalisés les actes sous anesthésie générale.

Le service aura ainsi à sa disposition des moyens diagnostiques et thérapeutiques qui lui permettront de traiter tous les types d’arythmies qu’elles soient sévères ou pas, auriculaires ou ventriculaires. Premier atout : offrir une prise en charge plus rapide. « A l’heure actuelle, pour l’arythmie la plus fréquente qui est la fibrillation auriculaire, la liste d’attente est équivalente à une année de procédure. » Les patients sont maintenus en rythme régulier par des médicaments mais les traitements engendrent des effets secondaires désagréables. « Avec les nouveaux moyens, l’objectif est d’arriver à prendre en charge les patients dans les délais habituels de cinq à six semaines. Ce qui nous laissera également une souplesse plus grande pour la prise en charge des urgences. »

Deuxième atout et pas des moindres, ces nouveaux moyens vont ouvrir plus largement le champ thérapeutique. « Avec une structure plus efficiente en termes d’organisation, certains projets vont pouvoir véritablement être développés comme la télé-cardiologie. » Les personnes porteuses d’un défibrillateur et de certains stimulateurs cardiaques seront suivies à distance par le biais d’un boîtier qui communique des rapports au service de cardiologie. Cette surveillance évite aux patients des rendez-vous réguliers au CHU. « Nous voulons également avoir recours de façon plus récurrente à l’hypnose pour la mise en place des pacemakers, des défibrillateurs ou lors des procédures de radiofréquence. »

Pacemaker sans sonde
Pacemaker sans sonde

D’autres évolutions majeures sont attendues. Dans le domaine des défibrillateurs, du nouveau matériel sans sonde pourra être proposé. « Il s’agit d’un stimulateur de la taille d’une grosse gélule qui sera directement implanté dans le muscle cardiaque. » Cette technique s’adresse à des patients avec des indications particulières de maigreur ou ayant des problèmes d’abord vasculaire. Toujours dans le domaine des défibrillateurs, les patients implantés en prévention primaire à très haut risque de mort subite pourront bénéficier de défibrillateur avec une sonde sous-cutanée qui passe sous la peau au niveau du sternum.

Une technique qui verra également le jour : l’extraction au laser des sondes infectées ou cassées. « Dorénavant, nous pouvons disséquer la sonde au laser, sans recours à la chirurgie cardiaque, en passant par la voie de la sonde. »

La salle hybride ouvre de nouvelles perspectives en chirurgie cardiaque
« Ces nouveaux types de prise en charge sont possibles en grande partie grâce à la salle hybride qui permet des actes en situation de bloc. Le lieu offrira des conditions de travail optimales avec des moyens d’imagerie très performants et des cartographies en 3D beaucoup plus précises par le biais des fusions d’images. Ils permettront de faire des actes plus fiables et plus rapides. »

Scanner cardiaque
Scanner cardiaque

Le service avait d’ailleurs déjà anticipé cette nouvelle organisation pour développer certaines techniques comme la fermeture de l’auricule gauche qui requiert tous les moyens d’une salle hybride. « L’auricule gauche est une zone où 98 % des caillots du coeur se forment. Lorsque le coeur est en arythmie, l’oreillette ne se contracte pas bien et le sang à tendance à y stagner. Ce qui peut provoquer des AVC, des ischémies périphériques… » L’acte, qui nécessite un guidage très précis, consiste à aller poser une prothèse pour fermer l’orifice. « Théoriquement, c’est un problème qui se résout en mettant les patients sous anticoagulants. Sauf que pour ceux qui avaient des contre-indications aux anticoagulants nous n’avions jusqu’à présent pas de solutions. »

La salle hybride va être d’un grand renfort dans une activité de recours du CHU également en pleine expansion : la pause de TAVI (trans aortic valve implantation), procédure engagée depuis 2013 au CHU. Cette technique, alternative à la chirurgie pour la prise en charge des patients fragiles souffrant de rétrécissement aortique, repose sur un geste relativement peu invasif. « Concrètement, la valve de remplacement, une bioprothèse, est introduite dans l’artère fémorale du patient pour être remontée jusqu’à la valve aortique malade, sous anesthésie locale, explique le docteur Jean Mergy. Après avoir dilaté la valve malade avec un ballonnet, la valve de remplacement est déployée dans la valve malade. » Tout l’intérêt de la salle hybride dans cette prise en charge portera, outre la qualité de l’imagerie, sur son caractère chirurgical. « Dans les cas de complications graves, comme les plaies de ventricules, les ruptures de l’anneau aortique par exemple, nous pourrons mettre en oeuvre une procédure chirurgicale immédiate. Ce qui n’était pas possible auparavant. Nous étions contraints de faire un transfert au bloc.

Ce sera donc un confort énorme dans la gestion des complications. » Là aussi, l’activité sera boostée. « A l’heure actuelle nous posons 80 TAVI par ans. Nous devrions atteindre 150 l’année prochaine. »

Vers des transplantations cardiaques et pulmonaires au CHU

Le CHU de Poitiers a déposé dernièrement auprès de l’Agence de biomédecine une demande d’autorisation de réalisation de greffes cardiaques et pulmonaires. « Car aujourd’hui tout concourt à faire du CHU de Poitiers un candidat très sérieux à la mise en oeuvre de ces transplantations », précise le professeur Pierre Corbi. Le centre cardio-vasculaire en est d’ailleurs un des atouts essentiels avec le regroupement de toutes les réanimations, le rapprochement des spécialités vasculaires et cardiaques, mais aussi par la proximité des blocs de chirurgie avec le service de néphrologie et de transplantation rénale. « En somme, tous les acteurs et les moyens sont regroupés. » A cela s’ajoute l’expérience des équipes de recherche du CHU qui sont investies depuis plusieurs années sur le modèle du porc dans la transplantation rénale et pulmonaire. Sans oublier la participation active du CHU de Poitiers avec Tours pour la transplantation du foie.

Et les besoins sont bien réels : « Au niveau de l’ex-région Poitou-Charentes et du Limousin, les taux de patients transplantés sont les plus bas. Il faut donc créer l’offre pour donner accès à une telle prise en charge qui fait défaut. »

Dans le cadre du TAVI, la salle hybride prendra un véritable caractère régional par une ouverture aux autres centres du Poitou-Charentes, notamment Niort et La Rochelle. « L’objectif est de leur donner l’opportunité de pouvoir traiter leurs patients. Les cardiologues de ces centres effectueront la procédure avec nous sur des dossiers qui nous auront été présentés. » L’intérêt pour le CHU sera double : « Plus les centres ont un gros volume d’activité, meilleurs sont les résultats. Cela associe un peu plus le CHU, en matière d’innovation, dans la nouvelle grande région. »

Autre technique qui ne se faisait pas au CHU jusqu’à maintenant et qui va voir le jour grâce à cette salle : la pose de clip sur la valve mitrale. « La valve mitrale contrôle le passage du flux sanguin de l’oreillette gauche vers le ventricule gauche. Cette valve est composée de deux feuillets. » Lorsque la valve mitrale se ferme mal, le sang reflue du ventricule vers l’oreillette. « Selon la sévérité du reflux, il est parfois nécessaire de réparer la valve ou de la remplacer par une prothèse. Une opération qui se pratique normalement à coeur ouvert mais lorsque le patient est trop fragile pour supporter une chirurgie, il est possible d’implanter, via la veine fémorale, un clip sur la valve mitrale pour limiter la fuite. » L’imagerie de la salle va permettre, grâce aux fusions d’images de l’échographie transoesophagienne réalisée en continu et les images des rayons X, d’assurer un meilleur positionnement du dispositif. A partir de l’année prochaine, vingt patients pourraient être pris en charge. Outre l’apport des moyens supplémentaires des nouvelles salles, les cardiologues Bruno Degand et Jean Mergy voient dans l’approche multidisciplinaire la possibilité d’offrir une réponse plus efficiente dans la prise en charge des urgences et de réduire les temps opératoires.

Chirurgie vasculaire : l’endovasculaire confortée
Un sentiment que partage le docteur Fabrice Schneider, chirurgien vasculaire, qui sera lui aussi amené, dans le cadre de la chirurgie vasculaire, à intervenir au sein de la salle hybride. « Pour les actes complexes réalisés en endovasculaire dans le traitement des lésions par lésions atéhromateuses et/ ou anévrysmales, l’imagerie offerte par cette salle est un atout de premier ordre. » Déjà d’un côté pratique. La scopie est intégrée dans la salle. « Auparavant, tout se faisait de façon manuelle. Là, elle sera automatisée, ce qui limitera le risque d’erreurs. Pour faire un repérage, le nombre d’incidences radio sera diminué, donc un gain de temps et une réduction de la durée de scopie, et donc une limitation de l’irradiation pour le patient ainsi que pour le praticien. Il n’y aura plus besoin non plus de faire d’artériographie de repérage pour situer les artères à protéger. Grâce à la fusion d’images, nous utiliserons les scanners des patients faits au préalable, ce qui leur évitera une nouvelle injection de produits de contraste. »

Mais surtout, cette salle va ouvrir d’autres options en endovasculaire. Comme par exemple, pour le traitement des anévrismes complexes de l’aorte et plus particulièrement ceux thoraco-abdominaux qui touchent une zone très sensible et nécessitent une grande précision. La technique s’adresse à des patients à haut risque chirurgical. Concrètement, elle fait appel à des endoprothèses branchées, sorte de stents, agrémentés d’orifices afin de raccorder les artères périphériques.

Ce sera aussi l’opportunité, du fait des conditions de bloc de la salle, de pouvoir mettre en oeuvre une vraie chirurgie hybride : « Ce qui sera le cas pour les anévrismes athéromateux au niveau de l’aorte abdominale sous rénal : le traitement combinera une chirurgie au niveau du haut des cuisses et l’endovasculaire. Ce qui évitera une chirurgie lourde au niveau du ventre. »

Toujours dans les gains de cette salle, des interventions en situation d’urgence avec des techniques endovasculaires, « qui étaient auparavant faites à froid », pourront être réalisées.

Nouvelle salle bi-plan : une meilleure prise en charge des AVC
Lorsqu’en 2005, le CHU de Poitiers a inauguré sa salle dite « bi-plan » qui combinait la technologie bi-plan et capteurs plan, il faisait office de précurseur. Il était le seul en France à être doté d’un tel équipement dédié au diagnostic et aux traitements des pathologies neuro-vasculaires et vasculaires. Fort de son expérience, une nouvelle salle de ce type mais toujours plus performante en terme d’imagerie (notamment en ce qui concerne les logiciels de reconstruction d’images) a été aménagée au sein du plateau technique du centre. « Elle va nous permettre de scinder en deux notre activité de radiologie interventionnelle, note le docteur Stéphane Velasco. Toutes les interventions en dessous de la sphère encéphalique se feront dans la salle de radiologie interventionnelle du service imagerie, ce qui nous permettra de concentrer au sein de la nouvelle salle toutes les pathologies neurovasculaires. On profitera ainsi des compétences paramédicales de bloc présentes sur place. » Seront particulièrement traitées les embolisations des anévrismes cérébraux, les embolisations des malformations artério-veineuses cérébrales et les embolisations des fistules artério-veineuses.

Avec les nouveaux moyens d’imagerie, les praticiens vont être confortés dans leur pratique pour assurer à une plus grande échelle la prise en charge des AVC sévères par le biais de la thrombectomie cérébrale. Jusqu’alors, le traitement de choix de l’AVC était la thrombolyse par voie intraveineuse. Or pour les AVC sévères, celui-ci s’avérait souvent insuffisant pour éviter les séquelles lourdes. « La thrombectomie est une intervention réalisée par voie percutanée qui consiste à capturer de manière mécanique un caillot dans l’artère cérébrale et à l’extraire. Auparavant, c’était des actes marginaux pour des indications très ciblées, mais avec la validation scientifique récente qui a montré l’avantage thérapeutique majeur de la technique, les prises en charge par ce biais seront systématiques pour ceux qui arriveront dans le délai requis de six heures. » L’activité risque d’être importante. A titre de comparaison, en 2014, 15 patients avaient été traités. Fin 2016, 90 devraient l’être. « Pour les années à venir, les projections portent sur 200 patients par an. »

Les moyens techniques de cette salle, notamment les arceaux de scopies, apportent également un avantage énorme pour le traitement des pathologies comme les malformations artérioveineuses cérébrales. « Ils permettent des images équivalentes à celles d’un scanner. Ce qui nous évite, pour contrôler l’acte réalisé, de déplacer le patient jusqu’au scanner. Après vérification, s’il y a besoin de ré-intervenir, nous sommes sur place, c’est un vrai gain de temps. » Le docteur Velasco voit aussi dans le rapprochement de toutes les spécialités autour des pathologies vasculaires, « pour lesquelles les causes sont sensiblement les mêmes », l’opportunité de mettre en place des protocoles communs sur la prévention primaire et/ou secondaire en matière de sevrage tabagique, de diabète ou encore de règles hygiéno-diététiques.

« Avec l’ensemble de ces activités de recours et d’expertise dans toutes les spécialités cardio-vasculaires, nous affichons aujourd’hui un volontarisme hospitalo-universitaire fort au niveau de la grande région, qui montre notre capacité d’investissement et d’innovation pour répondre aux attentes importantes de prise en charge de toutes les maladies cardiovasculaires du territoire », conclut Pierre Corbi.

Le centre cardio-vasculaire en chiffres

  • 25 000 m2 de surface sur trois niveaux.
  • 155 lits d’hospitalisation ouverts (la capacité totale est de 170) dont un hôpital de jour de douze places pour la cardiologie, la médecine vasculaire et la radiologie interventionnelle.
  • 500 personnes évolueront dans le bâtiment.
  • 86 millions d’euros de coût global, dont 17,5 M€ d’équipements biomédicaux, 1,5 M€ d’équipements hôteliers et mobilier et 1,5 M€ de matériel informatique. Des investissements réalisés en autofinancement, hormis des participations aux équipements biomédicaux : de la région à hauteur de 650 000 euros pour le financement de la salle hybride et du robot Rosa (neurochirurgie) ; de Grand Poitiers pour la participation à l’achat de l’IRM 3T, 500 000 euros au titre du soutien aux programmes de recherche ; somme complétée par le Feder, 900 000 euros.
  • onze salles d’interventions : quatre salles d’opérations dédiées à la chirurgie cardiothoracique et vasculaire ; une salle hybride (activités valvulaire, cardiaque, rythmologique) ; une salle multimodale en neurochirurgie avec accès à un IRM 3T ; deux salles de cardiologie interventionnelle ; deux salles de rythmologie et de stimulation cardiaque ; 1 salle de radio-vasculaire.
  • quatre unités de réanimation (55 lits), plus une unité de surveillance continue (16 lits) ; une salle de surveillance post-interventionnelle (27 places) ; une unité de soins intensifs de cardiologie (12 lits) ; quatre box d’accueil d’urgence cardiologique et deux lits d’hospitalisation de très courte durée.