CHU de Poitiers : le recours en plus

Neurochirurgie

Parce qu’il a un rôle leader au niveau régional en termes de soins, de recherche et de formation, un CHU doit proposer à la collectivité médicale et à la population […]

Parce qu’il a un rôle leader au niveau régional en termes de soins, de recherche et de formation, un CHU doit proposer à la collectivité médicale et à la population une offre de soins complémentaires à celles des autres centres hospitaliers de son territoire. Notamment en apportant des techniques médicales innovantes et des compétences particulières, c’est ce qu’on appelle le recours. Pour Bertrand Debaene, président de la commission médicale d’établissement (CME) du CHU de Poitiers, le recours, « ce sont toutes les activités que les autres centres hospitaliers ne dispensent pas parce qu’ils n’ont pas les savoir-faire médicaux, les plateaux techniques ou encore les laboratoires spécialisés ».

Nécessité économique

Il n’y a pas de définition à proprement parler du recours mais le CHU de Poitiers travaille actuellement sur une qualification de ses activités de référence et de recours en s’appuyant sur certains critères comme le niveau d’expertise, la sévérité des patients, le passage en réanimation (voir encadré ci-dessous).

Qualification des activités de recoursDans le champ de la médecine chirurgie obstétrique, le CHU de Poitiers oeuvre actuellement sur la qualification de ses activités de référence et de recours réalisées pour les patients de Poitou-Charentes et hors région. Pour cela, il utilise un outil élaboré en 2002 par un groupe de travail des départements d’information médicale des CHU de Rhône-Alpes et validé statistiquement. Cet outil permet de quantifier l’attractivité et les taux de fuite d’activités selon plusieurs critères : le niveau de spécialisation (prise en charge d’au moins 80% des patients sur une activité donnée), la sévérité des patients pris en charge (séjours avec au moins une complication et une morbidité associée sévère), le passage en réanimation, la part journalière des dépenses médicales et pharmaceutiques hospitalières.

Pour mesurer un niveau de recours, sont pris en compte les patients domiciliés au-delà du bassin d’attractivité de l’établissement compte tenu de sa notoriété.

Ainsi, sur l’année 2012, la liste des activités représentant un fort niveau de référence et de recours est la suivante : la chirurgie cardio-thoracique, la chirurgie majeure sur le thorax, la chirurgie du rachis, la pose de neurostimulateurs, la greffe de moelle, les maladies immunitaires du sang, la prise en charge des nouveau-nés prématurés, la transplantation rénale. L’ensemble des séjours pour ces activités de recours, soit 2 233, représentent un coût total de 31 396 889 euros pour l’établissement.

Si le recours s’inscrit dans une dimension de soins complémentaires offerts à la collectivité, il répond aussi à une nécessité économique. « Une activité de haute technicité n’a de sens en termes d’investissements et au regard du nombre de patients à l’échelle d’un bassin de santé que si elle est regroupée dans un endroit bien ciblé. Et cette centralisation offre d’ailleurs une bien meilleure prise en charge. Car, on ne fait bien que ce qu’on fait beaucoup. »

Toute la complexité pour un CHU est de jongler avec la dualité qui est de proposer une offre de soins de proximité cohérente et vaste et en même temps privilégier une médecine de recours hyper spécialisée. « C’est compliqué. À quel niveau faut-il placer le curseur ? Faire plus de proximité que de recours ? s’interroge le professeur Debaene. La volonté institutionnelle est clairement de se positionner sur l’offre de recours car il en va de notre survie. Si nous ne pouvons pas proposer mieux qu’un centre hospitalier de proximité, nous n’avons plus notre raison d’être. » Aussi, le CHU de Poitiers mène-t-il depuis plusieurs années une politique de recrutement de médecins et de chirurgiens hautement qualifiés. Il enrichit constamment son plateau technique qui assoit aujourd’hui son statut d’établissement de référence régional.

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