Des lasers pour corriger la vue

chirurgie réfractive

Se passer de lunettes et de lentilles grâce à une chirurgie laser, c’est possible au CHU de Poitiers. Depuis juin 2016, le CHU de Poitiers est équipé de deux lasers de dernière génération qui permettent de corriger les défauts réfractifs de l’œil : la myopie, l’astigmatisme, l’hypermétropie et dans certains cas la presbytie ; il s’agit de la chirurgie réfractive, technique en plein essor depuis plus de 30 ans.

Le Dr Olivier Lichtwitz, ophtalmologue au CHU de Poitiers, s’est spécialisé au cours d’une année médaille d’or à la chirurgie réfractive dans une clinique parisienne renommée auprès des docteurs Jean-Marc Ancel et Yves Bokobza, pionniers de la chirurgie réfractive en France.

Une chirurgie spectaculaire

Dans le sas d’entrée au bloc, l’infirmière administre un collyre anesthésiant au patient avant de l’installer sous la plateforme laser. Puis, au rythme des ronronnements des machines, le chirurgien opère, avec l’aide des ingénieurs applicatifs, un pour chacun des lasers. Un œil puis l’autre. Le premier laser Femtoseconde réalise un volet superficiel de la cornée, qui est rabattu pour permettre au second laser Excimer de sculpter la cornée. En à peine un quart d’heure, le patient sort du bloc, avec des coques de protection sur les yeux, sans aucune douleur. Après un repos d’une demi-heure dans une pièce sombre, le patient pourra repartir. Nous venons d’assister à une opération de chirurgie réfractive par la technique du LASIK, l’une des deux proposées au CHU de Poitiers pour corriger la vue. « C’est une technique assez spectaculaire », évoque le Dr Lichtwitz.

Deux techniques performantes

Le principe de la chirurgie réfractive est de remodeler la cornée grâce à un laser qui en modifie sa courbure. Pour cela, deux techniques sont possibles : le LASIK (Laser In situ Kératomileusis) et la PKR (Photo Kératectomie Réfractive).              

Si le résultat est similaire au bout d’un mois avec ces deux techniques, l’opération en elle-même diffère. Dans le cas du LASIK, on découpe la cornée superficielle pour former un volet que l’on rabat avant de sculpter la cornée en profondeur. Pour la PKR, on enlève la pellicule superficielle de la cornée appelée épithélium, avant de sculpter la cornée en superficie. La récupération post-opératoire est également différente selon la technique.

Dans le cas du LASIK, le patient repart avec des coques de protection qu’il gardera jusqu’au lendemain, lors de sa visite de contrôle post-opératoire avec son chirurgien. « C’est une de mes consultations préférée, l’effet waouh est immédiat, le patient a déjà une vision à 10/10 dès le lendemain, il peut reconnaitre son conjoint sans lunettes, c’est un nouveau départ qui commence avec une nouvelle vue et une nouvelle vie sans lunettes ! Il y a un côté un peu magique », raconte le Dr Lichtwitz. La récupération visuelle est extrêmement rapide avec cette technique. On obtient une vision optimale au bout de 24h. « Le patient peut retourner travailler dès le lendemain », précise le Dr Lichtwitz.

En ce qui concerne la PKR, le patient repartira sans coque de protection, car l’opération se fait en surface de l’œil. En revanche, c’est une technique plus douloureuse en post-opératoire, notamment dans les premières 48 heures, puisque l’épithélium doit se reformer. La cicatrisation a lieu sur plusieurs jours, car la cornée reste irrégulière et n’est pas transparente immédiatement. C’est au bout de sept jours environ que la vision devient suffisante pour vivre normalement, et elle continuera de s’améliorer encore, de manière lente et progressive, jusqu’au résultat définitif, obtenu en moyenne au bout de quinze jours à un mois.

Fun fact : le laser Femtoseconde utilisé dans la technique LASIK sert également dans … le micro-usinage, les systèmes de communication et la précision de l’horloge atomique !

La technologie utilisée, mise au point par le français Gérard Mourou, lui a valu le prix Nobel de physique en 2018.

 

chirurgie réfractive

Une chirurgie ouverte à (presque) tout le monde

Au CHU de Poitiers, on dénombre environ 500 procédures de chirurgie réfractive par an. Les patients proviennent principalement de l’ex-région Poitou-Charentes, mais grâce au bouche-à-oreille, certains viennent de plus loin encore. « J’ai même opéré une patiente vivant à Londres ! L’intervention étant beaucoup plus onéreuse en Angleterre qu’en France, son choix s’est porté sur le CHU de Poitiers, c’est plutôt gratifiant », raconte le Dr Lichtwitz. La majorité des patients qui se font opérer veulent s’affranchir de leurs lunettes ou de leurs lentilles, parce qu’ils les voient comme une contrainte au quotidien. « Ce sont souvent des personnes supportant moins bien leurs lentilles, des sportifs, des personnes qui voyagent beaucoup ou encore des personnes qui exercent des professions règlementées : pompiers, policiers, militaires… » évoque le Dr Lichtwitz.

En pratique, la chirurgie est possible dès lors que la vue est stabilisée, en général à partir de 20-25 ans, jusqu’aux environs de 55-60 ans. Au-delà, on privilégie la pose d’un implant intraoculaire par chirurgie du cristallin.

La chirurgie réfractive peut corriger la myopie jusqu’à -8 dioptries, l’astigmatisme jusqu’à -5 dioptries, l’hypermétropie jusqu’à +5 dioptries ainsi que la presbytie. Avant l’opération, on réalise un bilan préopératoire au moyen d’examens très approfondis qui permettent de vérifier que le patient ne présente pas de contre-indication, comme par exemple un kératocône, une malade de la cornée.

« Parmi les préjugés qui entourent la chirurgie réfractive, on pense souvent qu’il n’est pas possible de se faire opérer à l’âge de la presbytie, pourtant c’est tout à fait possible. Il faut alors s’adapter à chaque patient en fonction de son défaut visuel, on fait du sur-mesure ! », explique le Dr Lichtwitz. Plusieurs possibilités sont proposées au patient. Il faudra cependant faire un compromis entre vision de loin et vision de près. Il est également possible de corriger un œil pour la vision de loin et un œil pour la vision de près. Au bout de quelques jours, par un phénomène de neuro-adaptation le cerveau permettra d’obtenir une vision optimale. Dans tous les cas, il est possible de faire des simulations en consultation préopératoire afin de simuler au patient les différentes possibilités qui s’offrent à lui. Comme la presbytie continue d’évoluer dans le temps, même après chirurgie, il sera ensuite possible d’effectuer des retouches, tous les 5 à 10 ans environ.