Don de cornées : « Nous, soignants, formons une chaîne dans le don »

Le don de cornées post-mortem souffre d’une communication parcimonieuse, non seulement auprès du grand public, mais aussi auprès des professionnels de santé. Au centre hospitalier universitaire de Poitiers, le don de cornées est encadré par l’équipe de la coordination des prélèvements multi-organes et de tissus.

Des soins post-mortem indispensables

La cornée fait partie des tissus humains, il s’agit d’une fine membrane transparente située en avant de l’oeil. Sa greffe est parfois le seul traitement de certaines pathologies telles que le kératocône et les kératites infectieuses. La greffe est aussi utilisée en cas de traumatisme ou de brûlures. Prélevée uniquement sur un patient décédé, la cornée reste un greffon fragile, voire inutilisable quand les soins locaux post-mortem ne sont pas appliqués correctement. Ces soins sont prodigués dans le service où la personne est décédée. « Nos collègues doivent réaliser les soins d’yeux pour éviter que la cornée se dessèche et soit inutilisable si aucune contre-indication ne permet de les prélever », précisent Aline, Ronan et Carolle, infirmiers à la coordination. Pour être greffée, une cornée ne doit pas être sèche, d’où l’importance des soins locaux. Par ailleurs, le corps doit être réfrigéré dans les quatre heures suivant le décès : « C’est un délai optimal pour nous car cela nous donne 24 heures pour organiser le prélèvement ». Au-delà de ces quatre heures, l’équipe n’a plus que douze heures pour agir. La réfrigération des corps se déroule à la chambre mortuaire où l’équipe des prélèvements se rend à chaque arrivée de patient. « Pour simplifier, nous examinons l’état des cornées. Et nous prenons, bien sûr, le temps d’échanger avec les familles puis d’interroger le registre national des refus », ajoute Carolle. Si le prélèvement est accepté, la cornée est prélevée par l’équipe d’ophtalmologie puis la coordination procède à la restauration tégumentaire du corps qui est restitué à la famille. En 2019, l’équipe a prélevé 94 cornées. Celles-ci sont envoyées à l’Etablissement français du sang de Bordeaux qui assure le contrôle qualité du greffon. Ce dernier est congelé à l’Etablissement français du sang de Bordeaux pendant un mois
maximum.


Tous mobilisés dans la chaîne du don

« Nous formons tous une chaîne dans le don et si, à un moment donné, un maillon saute, l’équipe ne peut pas remplir sa mission qui est aussi de
répondre aux patients en attente de greffe. Bien sûr, dans les services, on demande déjà beaucoup aux soignants mais nous avons besoin de leur aide », rappelle Nadine Bernardeau, cadre supérieur de santé du pôle urgences, SAMU, SMUR, anesthésie, réanimations. Sur l’année 2019, 168 cornées n’ont pas été prélevées car de mauvaise qualité et 196 autres cornées n’ont pas pu être utilisables à cause d’une réfrigération tardive du corps.