Dr Anaïs Peran, chirurgienne vasculaire

Anais peran

Le Dr Anaïs Peran a été nommée praticienne hospitalière en chirurgie vasculaire en janvier 2024.

Quelle a été votre formation ?

Après une première année de médecine en Corse, j’ai effectué mon externat à Paris V. Puis j’ai choisi un internat de radiologie. Pour mon 4e semestre d’internat, j’ai effectué un stage en chirurgie vasculaire. Au départ, l’idée était de me perfectionner dans la branche interventionnelle de la radiologie qui me plaisait beaucoup et qui a de nombreux points communs avec une partie de l’activité de chirurgie vasculaire. Mon intérêt pour l’interventionnel s’est bien confirmé, mais j’ai eu un réel coup de cœur pour la chirurgie vasculaire et cette ambiance si particulière au bloc opératoire. J’ai aimé la diversité de la spécialité, le contact avec les patients, et l’impact direct que nous pouvons avoir dans leur prise en charge. J’ai donc décidé de poursuivre dans cette voie et d’effectuer un droit au remords pour la chirurgie vasculaire. Après mon internat dans cette nouvelle spécialité, j’ai été assistante spécialiste pendant un an, puis chef de clinique durant deux ans dans le service, avant d’obtenir un poste de praticien hospitalier. Mon changement de spécialité m’a amené à réaliser une année d’internat supplémentaire que je ne considère pas comme une perte de temps, puisque les compétences acquises en radiologie me sont toujours utiles. Je suis également titulaire d’un diplôme universitaire d’échographie qui est une valeur ajoutée intéressante à ma formation.

Pourquoi avez-vous choisi de rester au CHU de Poitiers ?

J’ai beaucoup apprécié ma formation au sein du service de chirurgie vasculaire et je suis très attachée à l’équipe médicale et paramédicale. L’établissement reste à taille humaine et son architecture favorise la proximité entre les différentes unités. Cela facilite la connaissance du personnel et la compréhension du fonctionnement des services avec lesquels nous travaillons au quotidien. Nous avons la chance d’avoir un outil de travail formidable au sein du centre cardio-vasculaire. Les locaux sont très récents, d’excellente qualité, avec des services d’anesthésie et réanimation d’une grande compétence et un couloir de bloc opératoire incroyable, composé d’une salle de chirurgie vasculaire, d’une salle hybride, de deux salles équipées de circulation extracorporelle pour la chirurgie cardiaque, d’une salle de neurochirurgie avec accès direct à l’IRM et d’une salle tout récemment équipée du nouveau robot Da Vinci X. Ce plateau technique de pointe permet d’offrir à la population du territoire des soins de qualité. C’est également un élément d’attractivité pour les jeunes générations de chirurgiens.  Par ailleurs, la vie à Poitiers me convient, sur le plan personnel et familial. À l’image de son CHU, de taille modérée, mais avec tout le nécessaire pour s’épanouir.

Pouvez-vous décrire le service de chirurgie vasculaire du CHU ?

Notre chef de service est le Pr Pierre Corbi, chirurgien cardio-thoracique et président de la commission médicale d’établissement. Le responsable de l’unité de chirurgie vasculaire est le Pr Fabrice Schneider, chirurgien vasculaire. L’équipe se compose par ailleurs d’un praticien hospitalier, d’un praticien contractuel, d’un assistant, d’un docteur junior et de trois internes.

Nos patients sont accueillis et pris en charge dans le Centre régional Cardio Vasculaire qui a ouvert ses portes en 2017 et qui regroupe, entre autres, le secrétariat, les consultations, les blocs opératoires, la salle de réveil, et les lits d’hospitalisation de chirurgie vasculaire. Le satellite technique, avec la salle de réveil et les réanimations, y est accolé et fait la jonction avec la Tour Jean Bernard. Notre service est à proximité des services de cardiologie et de médecine vasculaire avec lesquels nous travaillons en étroite collaboration.

Notre activité opératoire s’effectue au bloc de chirurgie vasculaire. Nous avons une salle opératoire dédiée à notre activité chirurgicale dite « conventionnelle » et une salle hybride pour la chirurgie endovasculaire. Cette salle hybride est partagée avec l’équipe de cardiologie interventionnelle.

Nous sommes centre de recours pour certaines pathologies complexes. Le plateau technique et la coopération avec les équipes de chirurgie cardio-thoracique et d’anesthésie-réanimation permettent par exemple au Pr Schneider d’effectuer des interventions chirurgicales sur l’aorte throaco-abdominale sous assistance circulatoire. En salle hybride, notre équipe met en place des endoprothèses aortiques multi-branches pour traiter les anévrismes complexes en endovasculaire.

 Nous délivrons également les soins courants aux habitants du territoire. Tous les types d’intervention de chirurgie vasculaire sont réalisées grâce aux diverses compétences de notre équipe.

Le service est également doté d’une consultation spécialement dédiée aux pansements. Nos infirmières apportent leur compétence et leur expertise dans le domaine des plaies d’origine artérielles (causées par un défaut de circulation du sang) qui requièrent des soins spécifiques.

Y a-t-il des pénuries d’effectifs en chirurgie vasculaire ?

La chirurgie vasculaire est effectivement une « petite » spécialité dans le sens ou peu d’internes sont formés chaque année à l’échelle de la France, en comparaison par exemple avec des spécialités chirurgicales telles que l’orthopédie ou la chirurgie viscérale.

Sur la région Poitou-Charentes par exemple, en dehors du CHU de Poitiers, il n’y a que deux hôpitaux publics qui ont la compétence chirurgie vasculaire. Il s’agit du CH de Niort et du CH de La Rochelle. L’activité libérale est beaucoup plus développée sur le territoire et demeure attractive.

Notre objectif est donc de renforcer notre équipe au CHU de Poitiers, afin de pouvoir assurer l’activité de recours, la permanence des soins, la formation des plus jeunes et nous impliquer plus activement dans les projets de recherche.

Avez-vous une surspécialité ?

Le service étant polyvalent, la formation que j’ai reçue me permet de prendre en charge l’ensemble des pathologies vasculaires courantes. Je suis référente en artériopathie périphérique, c’est-à-dire dans la prise en charge des carotides et des artères allant de l’aorte abdominale sous rénale jusqu’aux artères jambières. Je suis donc impliquée dans l’acquisition et le développement de l’utilisation de nouvelles technologies dans le domaine du traitement de l’artériopathie. Le CHU de Poitiers est fortement engagé dans une démarche de soutien à l’innovation en santé. Ainsi, la commission innovation m’a récemment permis d’intégrer un nouveau dispositif médical à notre arsenal : le Shockwave. Il s’agit d’un ballon de « lithotritie » que l’on place dans les artères très calcifiées pour fragmenter le calcium à l’intérieur de la paroi et ainsi permettre au sang de passer comme il faut. Très peu de CHU pratiquent cette intervention. Le Shockwave existe en cardiologie interventionnelle pour les coronaires et a très récemment été appliqué à la chirurgie vasculaire. Nous avons par ailleurs à disposition depuis quelques mois le système de thromboaspiration mécanique Rotarex qui permet de traiter, de façon moins invasive, les ischémies aiguës artérielles.

Quelles sont vos perspectives pour la suite de votre carrière ?

Actuellement, je me concentre surtout sur l’activité clinique et l’enseignement à travers la formation de nos internes. Je suis très attachée à la notion de compagnonnage en chirurgie, car c’est comme cela que j’ai été formée.  Des sessions d’enseignement sont également prévues avec nos infirmières de bloc opératoire concernant les pathologies vasculaires et le matériel utilisé au bloc. Je souhaite continuer à m’investir dans le déploiement des innovations pour optimiser la prise en charge de nos patients.

Lorsque l’équipe se sera étoffée, j’aimerais que l’on puisse, collectivement, consacrer davantage de temps aux projets de recherche et à la rédaction d’articles scientifiques.