Entretien avec… Anaïs Sacquard, ergothérapeute à la Villa Santé

Anaïs Sacquard est ergothérapeute à la Villa Santé du CHU de Poitiers depuis novembre 2018. En 2012, elle est diplômée de l’institut limousin de formation aux métiers de la rééducation. A la suite de cela, elle intègre une équipe mobile de gériatrie au CHU de Limoges, avant de s’orienter vers le collectif ReSanté-vous et intervient dans les EHPAD de Nouvelle-Aquitaine, en plus d’intervenir au domicile des patients et de faire de la formation.

Vous êtes ergothérapeute à la Villa Santé depuis presque un an. A qui s’adressent vos ateliers ?

A tout le monde, mais principalement aux personnes âgées et aux personnes en situation de handicap. En tant qu’ergothérapeute, j’évalue et j’aide les patients qui en ont le besoin de s’adapter à leur environnement personnel, professionnel ou social. Dans le cadre du « bien vieillir » je propose plusieurs ateliers. Pour les personnes à mobilité réduite, à risque de chute et pour les douloureux chroniques, nous réfléchissons ensemble au travers d’une visite de la Villa Santé aux solutions pour adapter leurs logements à leurs difficultés, nous abordons ainsi l’aménagement du logement et les aides techniques qui peuvent leur être utiles. Certains ateliers s’adressent aux enfants qui bénéficient d’un programme d’éducation thérapeutique sur le handicap urinaire et fécal. A la Villa Santé mes ateliers sont tous collectifs afin de favoriser les échanges. Si les personnes veulent quelque chose de plus ciblé, je les oriente vers des collègues en ville ou à l’hôpital. Nos ateliers s’adressent aussi aux aidants qui accompagnent un proche au cours d’une maladie ou de difficultés. Ils apprennent à relever la personne, à prévenir les dangers… Ils peuvent participer à tous les ateliers avec leur proche et souvent ils reviennent. Un atelier leur est dédié en ergothérapie : « j’accompagne mon proche dans sa mobilité ».

Et que peut-on trouver dans vos ateliers ?

J’aborde principalement la thématique du « bien vieillir » en gardant une bonne hygiène de vie. Avec des ateliers divers tels que l’atelier  « Bien Vieillir » où nous décrivons comment notre corps vieillit avec le temps et comment prévenir les pathologies liées au vieillissement, un atelier « Relever de sol » où j’aide les patients à dédramatiser la chute en leur apprenant à bien aller au sol et à s’aider de son environnement pour se relever., un atelier « Prévention des chutes : Perkichute » qui est un jeu de plateau reprenant divers domaines en lien avec le risque de chute sous forme ludique,  un atelier « J’adapte mon logement à mes difficulté » au cours duquel on repère les dangers dans l’espace tels que les marches, les tapis, les sols glissants, etc., un atelier « Mon corps en équilibre (dans mon quotidien) » composé d’une auto-évaluation de l’équilibre en situation de vie (porter des courses, répondre au téléphone…), et divers ateliers plus ciblés. Au cours de l’atelier « je facilite mon quotidien », on apprend les bons gestes quand on fait le ménage, la cuisine, le jardinage, les courses pour éviter les chutes et prévenir les douleurs. On peut également apprendre comment fonctionne la mémoire et diverses techniques de mémorisations au cours d’atelier en lien avec la mémoire. Le but de ces ateliers est de répondre à un besoin précis, à un moment donné.

Vous avez des personnes qui reviennent souvent ?

Oui, principalement des aidants comme je le disais précédemment. Un couple aussi est venu régulièrement, stressés par la peur de vieillir. Une autre personne venait en fauteuil roulant, persuadée qu’elle ne pouvait pas marcher… Depuis, elle a abandonné son fauteuil. Ces personnes ont eu besoin d’être rassurées et d’apprendre à s’adapter à leur environnement, en utilisant au mieux leurs capacités. Les personnes échangent aussi entre elles. Elles s’aperçoivent qu’elles ne sont pas les seules à vivre un quotidien difficile.

Comment les gens appréhendent-ils la douleur ?

La douleur fait peur, cela les tétanise, comme cette personne qui ne se déplaçait qu’en fauteuil roulant et qui depuis, a réussi à remarcher. Grâce aux ateliers, je leur donne les ressources nécessaires pour vivre mieux avec et moins y penser, voire la surpasser. Je travaille aussi en lien avec le centre de traitement de la douleur et j’accueille des patients dont le traitement est équilibré.