Lundi 7 mars, le Pr Bertrand Debaene a été réélu président de la commission médicale d’établissement du CHU de Poitiers. Il fait le bilan du mandat qui vient de s'écouler et expose les enjeux des quatre ans à venir.
Vous venez d’être réélu président de la commission médicale d’établissement. Vous êtes satisfait ?
Je prends ma réélection comme la reconnaissance du travail accompli. J’ai mis deux ans à comprendre ce métier, car c’est un vrai métier. Il me semble que la continuité est la meilleure solution pour le CHU au vu des échéances très fortes qui nous attendent. En plus, je suis très heureux de pouvoir travailler avec le Dr Ewa Hainaut (élue vice-présidente), tout le monde la connait et ses qualités médicales sont unanimement reconnues. Certains CHU ont choisi d’élire à la vice-présidence un hospitalo-universitaire, choix que je ne partage pas. La collectivité médicale d’un CHU est majoritairement composée de médecins hospitaliers et il est donc essentiel que la vice-présidence leur soit réservée.
Pensez-vous avoir mené à bien toutes les missions que vous vous étiez fixées pendant votre premier mandat ?
Je voulais renforcer la cohésion médicale et je crois que j’y suis en partie parvenu. La gestion des conflits au sein des équipes médicales me semble s’être améliorée. Recueillir le sentiment des personnes lors d’entretiens individuels fait progresser les réflexions et permet de mettre en place des actions d’amélioration. Les crises qu’ont connues les services de pédiatrie et de cancérologie sont apaisées. En radiologie aussi ça avance. J’ai essayé de mettre en avant le sens de la collectivité et de mettre du liant dans les services et entre les services.
Concernant la recherche clinique, nous avons bien avancé, puisque nous avons décroché beaucoup de programmes hospitaliers de recherche clinique nationaux et interrégionaux en quatre ans. Nous avons aussi progressé en termes de production scientifique. Cependant, quelques regroupements internes sont à envisager pour que plus d’agents impliqués dans la recherche clinique travaillent ensemble. Nous avons également encore du travail pour promouvoir les projets de recherche clinique infirmier.
En outre, le recrutement médical hospitalier permet, d’une part, de remplacer les médecins quittant le CHU (à l’exception de l’anesthésie-réanimation et de la radiologie) et, d’autre part, d’accompagner les projets des pôles. Toutefois, un effort de management doit être entrepris avec les chefs de pôles et les chefs de services afin de repérer au plus tôt nos jeunes collaborateurs souhaitant rester au CHU.
Par ailleurs, les groupes de travail sur la qualité, le circuit du médicament, la pharmaco-vigilance, l’identito-vigilance et la formation médicale continue fonctionnent bien. Nous avons aussi créé des commissions – une pour l’informatique, l’autre pour l’innovation et l’investissement – au service de la collectivité médicale permettant d’accompagner les projets portés par les pôles.
Quels sont les chantiers qui vous attendent pour les quatre ans à venir ?
Un des objectifs prioritaires est de travailler en coordination avec nos partenaires régionaux, les centres hospitaliers de La Rochelle (Charente-Maritime) , Angoulême (Charente), Saintes (Charente-Maritime) et Niort (Deux-Sèvres), notamment au niveau de la recherche. Nous n’avons pas encore un réseau régional à l’image de ce que le CHU de Bordeaux a su mettre en place.
À une échelle plus locale, il va falloir mettre en place des groupements hospitaliers de territoire avec les centres hospitalier de la Vienne. Et à une échelle plus grande, nous avons l’obligation de créer des liens avec les autres CHU de la nouvelle région (Bordeaux et Limoges). Il va aussi falloir être inventif pour gérer la séparation d’avec les hôpitaux universitaires du Grand Ouest avec qui nous travaillions depuis vingt-cinq ans. Une réorganisation de nos partenariats va donc s’opérer dans les trois ans à venir.
Mais le plus gros problème à résoudre pendant ce mandat concerne le recrutement de praticiens hospitalo-universitaires – professeurs des universités (PU-PH) et maître de conférences des universités (MCU-PH). Nous avons notamment beaucoup de mal à trouver des PU-PH en chirurgie plastique, urologie, dermatologie, anatomie et cytologie pathologique, pédiatrie, chirurgie pédiatrie et cardiologie. Nous n’arrivons pas à enclencher le désir de choisir cette carrière chez les jeunes, notamment car c’est une voie difficile qui nécessite un investissement personnel important. D’ici cinq ans, beaucoup de PU-PH prendront leur retraite et de nombreux services pourraient perdre leur agrément universitaire. C’est extrêmement inquiétant dans le nouvel environnement de la grande région. Le doyen de la faculté de médecine et de pharmacie et moi-même allons donc tout mettre en place pour attirer et former de nouveaux universitaires. Notre survie en dépend.