Évolution des maladies infectieuses : le CHU de Poitiers s’adapte

Maladies infectieuses

Pour lutter contre les évolutions importantes des maladies infectieuses de ces dernières années, le Centre hospitalier universitaire de Poitiers développe une forte adaptabilité. France Roblot, professeur des universités, responsable de […]

Pour lutter contre les évolutions importantes des maladies infectieuses de ces dernières années, le Centre hospitalier universitaire de Poitiers développe une forte adaptabilité. France Roblot, professeur des universités, responsable de l’unité des maladies infectieuses, souligne l’émergence de maladies nouvelles mais aussi des évolutions importantes de maladies déjà connues.

« Parmi les maladies « anciennes », on peut prendre l’exemple de la tuberculose. Depuis quelques années, nous notons une évolution importante. Alors que le BK était habituellement sensible à la plupart des traitements, beaucoup de patients venus de l’Est ont des formes de tuberculose multirésistantes aux antibiotiques », assure France Roblot.

Nous notons également l’augmentation de fréquences des infections communautaires dues à des souches d’entéro-bactéries toujours plus résistantes aux antibiotiques. Ces infections surviennent chez des patients qui ont fait un voyage à l’étranger mais de plus en plus aussi chez des personnes qui ont pris des antibiotiques de façon répétitive.

« Parmi les maladies « nouvelles », nous avons vécu dans les années 2000 l’épisode du SRAS, la crainte de l’émergence de la grippe aviaire, l’épidémie de grippe H1N1 en 2009 Plus récemment, nous avons été alertés à propos de la survenue de nouveaux virus comme le virus Zika en Polynésie ou des épisodes épidémiques d’ampleur inhabituelle tels que ceux que nous avons connus avec le virus du chikungunya, la dengue… Actuellement, nous nous préparons à accueillir des patients qui sont allés en Nouvelle- Guinée ou Serria Leone et qui pourraient être contaminés par le virus Ebola qui donne des fièvres hémorragiques et qui est extrêmement contagieux », prévoit la responsable. Dans chaque cas une procédure nationale est proposée que nous adaptons et mettons en place au CHU.

Deux chambres à pression négative

Pour prendre en charge ces patients, le CHU met en place différents niveaux d’alerte selon les nécessités. « Il y a plusieurs niveaux d’isolement selon les microorganismes en cause. Par exemple, en cas de phénomène épidémique de moyenne importance, nous pouvons isoler, par le biais de portes spéciales, quatre patients dans un couloir dédié ; en cas d’épidémie de plus grande ampleur, nous avons aussi un plan de gestion au niveau du CHU », détaille France Roblot.

Et pour une prise en charge dans des conditions de sécurité optimales, le CHU s’est doté, dans les années 2000, de deux chambres à pression négative. Ces chambres ne sont pas très fréquentes en France. Elles permettent de prendre en charge des patients atteints de maladies transmissibles par voie respiratoire.

« De façon générale, l’équipe soignante et les médecins ont l’habitude d’organiser les soins auprès de ces patients. Nous adaptons l’organisation du service à la situation. Nous rentrons le moins souvent possible dans ces chambres en regroupant les soins par exemple. » Cette adaptation nécessite beaucoup de formations continues et de contacts avec les centres nationaux de référence.

« Dans chaque situation particulière, notamment pour les cas de tuberculose résistante, et chaque fois que nécessaire, les souches de microorganismes qui posent un problème sont envoyées aux centres de référence concernés et nous discutons des traitements avec les experts de ces centres », explique France Roblot.

Enfin, France Roblot fait partie du COREBSPILF, un groupe de coordination des risques émergents biologiques. « Un groupe d’envergure nationale qui travaille en collaboration avec le Haut Conseil de santé publique pour fournir des recommandations et être le plus réactif possible en cas de risque épidémique », précise France Roblot.