Former à la réanimation

Il y a plus d'un an, l’épidémie de la covid-19 arrivait sur le territoire national et mettait à mal les hôpitaux du Grand Est et d’Ile-de-France. Le CHU de Poitiers a pu, pour sa part, anticiper et s’organiser pour faire face à un éventuel afflux massif de patients.

Former en pleine vague

La déprogrammation des activités chirurgicales et médicales a permis de libérer des équipements et du personnel paramédical pour renforcer les unités de réanimation dont les capacités avaient été augmentées. Il était essentiel que les personnels affectés sur les unités covid soient formés à la prise en charge particulière de ces patients. Sous la coordination du Dr Thomas Kerforne  et de Christelle Plumereau, cadre de santé en réanimation, et des infirmières de coordination des unités de réanimation, des formations ont été organisées en urgence pour assurer des soins de qualité en toute sécurité pour les patients mais également pour eux-mêmes. Ces formations ont permis notamment au personnel d’appréhender la mise en œuvre du décubitus ventral des patients intubés et la maîtrise des gestes. Une attention particulière a été accordée à l’habillage et le déshabillage des tenues de protection ainsi qu’aux règles d’hygiène. Près de 130 agents ont reçu cette formation en mars et en avril 2020. « Beaucoup découvrait ce qu’était la réanimation. Pour être infirmier de réanimation et être autonome, il faut plus de six mois voire un an de pratique. Cette formation a permis de rassurer notamment lors de la journée d’immersion en réanimation où tous étaient doublés. Certains infirmiers, qui ne se sentaient pas capables de prendre en charge un malade atteint de covid en réanimation, se sont portés volontaires pour assurer la fonction d’aide-soignant. Chacun a trouvé la place qui lui convenait le mieux », se rappelle Christelle Plumereau.

Une formation officielle

La formation en réanimation n’existait pas avant l’arrivée de la pandémie, le personnel acquérant les connaissances et les compétences sur le terrain. Suite à des directives ministérielles, l’ANCESU (association nationale des CESUs) apportait son concours dès le début de l’année 2021 et une formation officielle avec un programme pédagogique national commun était mise en place sous l’égide du CESU 86 avec les formateurs du centre d’enseignement des soins d’urgence (CESU). Le Dr Pierre Vandingenen, responsable médical du CESU, a confié cette mission à juste titre au Dr Elodie Minuit et à Christelle Plumereau, cadre de santé en réanimation chirurgicale, qui avait déjà formé et construit une première formation avec ses équipes. Cette formation est aujourd’hui formalisée et intégrée au catalogue des formations du CESU.  « Nous nous sommes basés sur ce qui avait déjà été fait par Christelle Plumereau et ses équipes. Nous avons conservé les apports pratiques et théoriques qui nous paraissaient les plus importants et nous les avons ajustés en fonction du cahier des charges ministériel en collaboration avec les hygiénistes et les réanimateurs médicaux et chirurgicaux », explique le Dr Elodie Minuit, médecin urgentiste et médecin en soins continus, chargée de sa mise en place.

La formation de 14 heures comprend un versant théorique qui permet d’apprendre entre autres choses les éléments essentiels de la réanimation, les différents modes de ventilation mécanique, ou les principes de la prise en charge de l’arrêt-cardiaque. Le versant pratique permet de former à l’environnement du patient de réanimation et aux différents monitorages, aux précautions pour installer un patient covid en décubitus ventral, à l’application des gestes techniques, etc. 

Un groupe de professionnel a bénéficié de la toute première formation dispensée le 5 mars 2021.